Ceux qui qualifient le cinéma français de mordibond vont devoir revoir la fiabilité de leurs sources ! Selon le CNC (Centre National de la Cinématographie), la production hexagonale affiche en effet un bilan des plus positifs au sortir de 2007 année au cours de laquelle le nombre de films produits, s'il n'a pas battu le record établi en 2005 (240 films), a tout de même supplanté le chiffre moyen des ces six dernières années (213), en atteignant la barre des 228 longs métrages. Une deuxième place atteinte, en partie, grâce à la hausse de la production de films d'initiative française (il y en a eu 185 l'an passé) et de co-productions (95 soit 19 de plus qu'en 2006).
Histoires de gros sous
Mais, contrairement à 2005, cette hausse du nombre de productions ne s'est pas faite au détriment de l'investissement qui a, pour sa part, progressé de 16% (pour les films d'initiative française), pour dépasser la barre du milliard d'euros, et clôre 2007 sur un chiffre record de 1,201 milliard d'euros. Une hausse qui découle également de celle du budget moyen d'un long métrage (on est passé de 5,27 à 5,43 millions d'euros, ce qui confirme le mouvement ascendant amorcé depuis 2005), ainsi que de celle de la production de films affichant un budget supérieur à 7 millions d'euros (+ 4 films), soit les deux-tiers de la production hexagonale. Mais, preuve que 2007 aura vraiment été une bonne année, on y aura assisté une réduction de la bipolarisation de la production, puisque les films au budget moyen (entre 5 et 7 millions d'euros) ont également vu leur chiffre croître, de la même façon que les premiers films, qui ont été au nombre de 72 en 2007.
Je t'aide, moi non plus
Si, du côté des télévisions, l'investissement atteint aussi un niveau record (+ 16% pour Canal+, et + 22,6% pour les chaînes en clair), après une année 2006 en demi-teinte, la tendance est la même pour les financements et des aides publics : entre le crédit d'impôts dont ont bénéficié 120 films (soit un de plus qu'en 2006), les investissements des SOFICAS (10 films supplémentaires ont perçu ce qui a représenté, en 2007, près de 7,2% du budget d'un film) et les aides régionales sans cesse croissantes (+ 18% en 2007), tous les voyants sont donc au vert pour la production française, dans le secteur des aides. Secteur dont le bilan ne serait pas complet sans l'évocation des incontournables aides du CNC, et notamment l'Avance sur recettes, qui est passée, en 2007, de 13,4 à 15,2% du devis d'un film, même s'il faut noter un léger recul (- 8%) de l'aide automatique, bien que celui-ci soit dû à un effet conjoncturel (certains producteurs parviennent à mobiliser de très fortes sommes en une seule fois, sans recourir à ces aides) et non à une réduction des sommes allouées.
Bilan positif
2007 est donc à ranger, sans hésiter, parmi les meilleures années de la production cinématographique française, qui confirme, au passage, sa vitalité retrouvée après une année 2005 dont le bilan avait fait froncer plus d'un sourcil. Une tendance qui devrait se poursuivre en 2008, puisque le CNC pourra s'appuyer sur une croissance de son fonds de soutien, et ainsi renforcer ses aides sélectives, en valorisant la prise de risques et l'innovation, dans un secteur qui tend un peu trop à s'uniformiser.
Maximilien Pierrette avec le CNC