Avez-vous été surpris par le script d'"Angles d'attaque"?
Matthew Fox : Oui, pas mal. En fait, pour que je m'attaque à un projet, il faut toujours qu'il y ait une histoire palpitante. Je me fiche un peu du rôle que j'ai à jouer car ce qui me passionne le plus, c'est l'intrigue du script, le suspense qui y règne... Et puis, j'attends que le réalisateur m'approche et me dise qu'il veut me voir faire telle ou telle chose. J'aime ce rapport créatif où le réalisateur "dirige" et où j'exécute, tout en étant moi-même créatif dans mon interprétation. De plus, ce qui m'a fasciné avec ce film, c'est le parallèle qu'il y a dans la vie courante. Sur le même sujet, le même évènement, vous avez toujours des avis contraires, des points de vue divergeants suivant l'endroit où vous vous trouvez sur la planète et sous quel angle vous voyez les choses. C'est ce qui rend la communication "complexe" entre nous tous ici-bas. Et puis, j'ai vraiment adoré travailler avec le réalisateur Pete Travis et aux côtés d'acteurs si hors du commun, tels que Forest Whitaker, Sigourney Weaver, Dennis Quaid... Quelle expérience !
Etes-vous surpris du tournant incroyable de votre carrière?
Oui, et je le dois pratiquement à 100% au succès de Lost. C'est incroyable les portes que cette série m'a ouverte. Et vraiment, j'embrasse, avec humilité et joie, toutes les opportunités qui se présentent à moi. Evidemment, d'un autre côté, je dois donner priorité à ma famille, mes enfants, ma femme, mes parents. C'est donc tout un art de trouver un équilibre entre ma vie privée et cette "nouvelle vie" si publique et demandante. D'une certaine manière, la grève des scénaristes que nous avons dû subir fut une "bonne nouvelle" pour moi. J'ai pu me ressourcer en famille et passer plus de temps à me recentrer sur moi-même. J'ai ainsi pas mal voyagé en Oregon, sur la côte Nord Ouest des USA et bien sûr passer du bon temps à Hawaï où je tourne Lost. Mais, je suis vraiment content que cela soit fini car cela a coûté plus d'un boulots à tout un groupe de professionnels d'Hollywood.
En plus d'"Angles d'attaque", vous venez de travailler avec les frères Wachowski sur "Speed Racer". Comment était-ce ?
Et bien, les deux frères sont tout simplement incroyables et tellement talentueux ! Vraiment, cela ma soufflé de travailler avec eux sur ce film et je vous garantis que vous allez en prendre plein les yeux. Le film décoiffe totalement ! Je viens de faire une peu de doublage pour certaines tirades qui avaient besoin d'être réenregistrées et ce que j'ai vu m'a coupé la circulation net ! J'y joue le rôle d'un coureur de voiture : Racer X. Vraiment, c'est surprenant l'univers que les deux frères ont réussi à créer en live action à partir de cette BD. C'est aussi novateur que les films Matrix et je pense qu'après ce film, le cinéma ne sera plus tout à fait ce qu'il est, du moins en matière de grand spectacle visuel. Ils ont vraiment poussé à fond les limites de l'impossible en matière de technique. Epoustouflant et tellement intéressant pour moi en tant qu'acteur. Quel défi !
Etiez-vous famillier avec le dessin animé "Speed Racer" ?
Nullement ! J'ai découvert cette univers fantastique en joignant l'équipe de tournage ! Mais bon, une fois à bord je me suis plongé à fond dans le monde de Speed Racer pour bien en connaitre toutes les facettes, tous les personnages, toutes les voitures... Ce qui est génial avec ce film, c'est qu'il s'agit d'un hommage au dessin animé d'origine mais les frères Wachowski ont également créé de nouveaux éléments qui vont faire le plaisir d'une nouvelle génération de jeunes n'ayant pas grandi avec la série de départ. Il y aura de tout pour tout le monde !
Avez-vous pu conduire réellement une voiture de course à fond l'accélérateur ?
Et non ! (sur un ton déçu)... Tout n'est qu'effets de synthèse d'images, donc on n'a pas vraiment de sensation de vitesse dans ce domaine-là. De toute façon, je ne sais pas qui aurait osé assurer le film si on avait fait les cascades de course pour de vrai ! En fait, on était dans un cockpit de voiture monté sur piston toute la durée du tournage avec des caméras tournant dans tous les sens autour de nous. Et puis, en post-production ils ont rajouté le reste de la voiture par ordinateur, ainsi que les routes, les accidents, les explosions... Du vrai délire !
Vous êtes une star de la télé mais il paraît que votre père était anti télé ?
Oui, c'est vrai et c'est l'ironie de la vie ! Mon père a toujours pensé que c'était plus important de lire et de passer du temps dehors dans le jardin plutôt que de rester les yeux rivés sur un petit écran. Quelque part, il n'avait pas tort ! Je pense un peu la même chose pour mes enfants et je fais tout pour les motiver, au-delà de leur passion pour les dessin animés et les jeux vidéos ! Et c'est dur de dur... Ceci dit, il y a vraiment des programmes télé formidables pour les enfants aujourd'hui, qui développent leur sens de l'imagination, les aide à apprendre à lire et à compter. Comme tout dans la vie, il faut arriver à un équilibre entre passer son temps devant la télé et découvrir la vie en vraie, en face à face, dehors dans la nature ou plongé dans un livre encyclopédique.
Il paraît qu'une autre de vos passions sont les échecs ?
A fond oui ! Dès que j'ai un moment, j'affronte avec foi mon ordinateur. Mais bon, je connais mes limites et je pense que je suis meilleur acteur que joueur d'échecs. Donc, on n'est pas prêt de me voir affronter le Champion du Monde... Et puis, j'aime bien jouer pendant que je tourne Lost à Hawaï, dans un petit café où je fais face aux joueurs du coin. Car, c'est cela aussi de jouer aux échecs, rencontrer d'autres personnes, d'autres cultures... On a tellement besoin de mieux connaitre les autres pour vivre mieux en société...
Propos recueillis par Emmanuel Itier