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    "Un Baiser s'il vous plaît" : rencontre avec Emmanuel Mouret

    Après le succès de "Changement d'adresse", le jeune réalisateur Emmanuel Mouret revient avec une comédie drôle et charmante, "Un Baiser s'il vous plaît". Une interview avec AlloCiné, s'il vous plait !

    AlloCiné : Dans " Un Baiser s'il vous plaît ", vous vous intéressez aux conséquences d'un baiser échangé. Comment vous est venue l'idée de faire un film sur ce sujet ?

    Emmanuel Mouret : J'avais envie de faire une comédie pleine de charme, un film qui, d'une certaine manière, donne envie d'embrasser et qui s'interroge aussi sur les conséquences des baisers. J'ai tout d'abord eu l'idée de l'histoire centrale, celle d'une femme mariée qui couche avec son meilleur ami pour le consoler. Puis, autour, s'est greffée l'histoire périphérique d'Emilie (Julie Gayet) qui hésite à embrasser Gabriel (Michaël Cohen). Toutes les situations de cette histoire relèvent de situations fantasmées, prolonger la tendresse que l'on a pour sa meilleure amie d'une manière sexuelle, la rencontre avec une inconnue très élégante qui ne veut pas vous embrasser mais qui vous emmène dans sa chambre... Ce sont souvent des personnages féminins qui me font rêver. François Truffaut disait : Faire du cinéma, c'est faire faire de jolies choses à de jolies femmes", parce qu'il y a quelque chose de merveilleux en cela. A partir du désir de ces jolies femmes, on peut parler un peu de tout. La façon dont le désir survient et la façon dont on le gère pour que cela ne fasse pas mal aux autres. Ce qui m'amuse, c'est avant tout de faire un cinéma de charme, très récréatif, plutôt drôle et cocasse mais qui, de manière légère, aussi, puisse parler d'autres choses plus profondes.

    L'amour, les relations hommes/femmes, sont des thèmes omniprésents dans votre filmographie...

    C'est peut-être aussi comme ça que le cinéma m'a vraiment accroché dans mon adolescence.

    On va au cinéma pour voir comment ça se passe chez les autres. J'étais un adolescent très timide n'ayant aucune assurance auprès des filles et en même temps très attiré par les filles, j'allais donc au cinéma pour regarder comment ça se passe. On peut aussi faire du suspense avec des intrigues amoureuses et le suspense amoureux m'a toujours captivé.

    Le personnage de Nicolas, que vous interprétez, parle de manière détournée de son désir...

    Je me mets tout simplement à la place du personnage, demander à sa meilleure amie si elle veut coucher avec vous, c'est très difficile ! Si on ne veut pas trop embarrasser l'autre, on est un peu obligé d'emprunter des chemins détournés. Nicolas y va en tâtonnant. Je trouve ça naturel et très cocasse pour ce film.

    Comment définiriez-vous précisément "Un Baiser s'il vous plaît" ?

    J'essaye de renouer avec la comédie sentimentale. C'est une comédie d'humour, de sentiments et de charme. Je tiens surtout à ce que mes personnages ne soient pas des caricatures, qu'ils soient sincères et attachants, que l'on puisse rire sans se moquer d'eux pour que la comédie soit aussi drôle que délicate. Je n'aime pas tellement les comédies qui tombent dans la caricature et qui sont là pour se moquer de leurs personnages.

    Vous incarnez toujours un personnage maladroit dans vos films. Est-ce qu'il y a une part de vous-même dans ce personnage ?

    Il y a un petit peu de moi, car je ne pense pas être un James Bond. Mais surtout, il y un peu de tous les comiques qui m'ont beaucoup aidé comme Pierre Richard, qui est très important pour moi. Ce sont les grands maladroits qui m'ont fait aimer le cinéma et qui m'inspirent, comme Jacques Tati, Louis De Funès, Woody Allen, Jerry Lewis ou Buster Keaton.

    Pour quelles raisons aimez-vous particulièrement ce type de personnage ?

    Je me reconnais plus facilement dans les maladroits et je pense que ne suis pas le seul. La maladresse ressemble un peu à notre condition sur terre, nous sommes toujours obligés de montrer que l'on sait tout faire alors qu'intérieurement on est toujours à côté de la plaque. C'est souvent rassurant de voir quelqu'un de maladroit qui, même s'il tombe, se relève toujours. Il faut des maladroits au cinéma, car il y a beaucoup de comiques en France mais des comiques maladroits et sincères, il n'y en a pas beaucoup.

    Comment s'est fait le choix des actrices Virginie Ledoyen et Julie Gayet ?

    J'ai rencontré Julie Gayet lors de la projection de mon film Changement d'adresse à Cannes. Je lui ai trouvé un charme que je n'avais jamais vu d'elle auparavant, au cinéma. J'ai voulu lui donner un rôle de quelqu'un de très femme et non plus de jeune fille. Ce fut similaire pour Virginie Ledoyen. Je voulais la montrer comme on ne l'avait pas encore vue, très hâbleuse et dans un personnage plus complexe, très rangé et dérangé à la fois. Les deux actrices avaient beaucoup aimé Changement d'adresse et elles avaient toutes les deux très envie de tourner avec moi. Je pense que j'ai été très chanceux.

    Quand décidez-vous de jouer dans vos films. Est-ce dès l'écriture ?

    Sur ce film, cela c'est décidé rapidement grâce au bon accueil de Changement d'adresse, les producteurs et les distributeurs voulaient que je joue dedans. Cela m'intéresse de jouer dans mes films car je sens que c'est aussi ce qui peut donner un ton particulier à mon cinéma. En jouant dedans, je suis aussi un peu porteur de l'humour du film. A l'écriture je me projette quasiment dans tous les personnages.

    Tout au long du film, la musique classique nous accompagne et se fait parfois très présente...

    La musique classique au cinéma parasite le moins l'image, elle connote peu l'image. Je choisis la musique en fonction du plaisir que cela peut procurer. Ce qui m'importe c'est la façon dont elle peut rythmer et donner de l'ampleur à une scène.

    Pour quelle raisons avez-vous placé des portraits dans de nombreux plans qui cadrent aussi les acteurs ?

    On se retrouve souvent dans des endroits où il y a des portraits qui nous regardent, qui ont traversé le temps. Cela m'amusait de placer des portraits qui nous regardent et il y a aussi des tableaux qui apportent un peu d'érotisme, du charme. Le désir nous entoure en permanence dans ses représentations. Cela m'a beaucoup amusé de créer un jeu ludique avec le spectateur.

    Est-ce que vous aimeriez que votre film ait une influence sur le comportement des gens ?

    Si j'ai envie que ce film ait une vraie influence, qu'il donne envie d'embrasser et qu'il donne davantage de saveur aux baisers.

    L'écriture des dialogues est très précise dans votre film. Votre goût pour le langage vous donne-t-il envie de jouer au théâtre ou d'écrire pour le théâtre ?

    Le film est, en effet, dans une tradition de comédie de dialogues. L'humour et le suspens du film dépendent beaucoup des dialogues. On m'a déjà proposé d'écrire pour le théâtre afin d'adapter Changement d'adresse, mais en ce moment, j'ai trop de projets de cinéma pour avoir l'esprit disponible afin d'écrire pour le théâtre. Quant à jouer au théâtre, c'est une aventure sûrement intéressante. J'aime beaucoup Sacha Guitry qui était un grand homme de théâtre et qui a écrit des films. J'aime chez lui son goût de l'amour.

    Avez-vous un nouveau projet en préparation actuellement ?

    J'ai un petit peu joué sur le dernier film de Claire Simon. J'ai plusieurs projets en cours, un drame et une comédie sentimentale et burlesque.

    Propos recueillis par Léa Baron, à Paris le 11 décembre 2007.

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