Bien que l'été 2007 atteigne des sommets en terme de recettes au box-office (auxquels s'ajouteront les chiffres de vente DVD), les producteurs se gardent bien de sortir le champagne, du moins en public. En effet, les 4 milliards de dollars engrangés en 18 semaines par des titans comme Spider-Man 3, Harry Potter, Pirates des Caraïbes, Transformers, Les Simpson ou Ratatouille ne seraient que des succès relatifs, la faute à des budgets astronomiques (Spider-Man 3, par exemple, aurait coûté 250 millions de dollars), auxquels s'ajoutent les frais de promotion. Pour les Majors, il n'y aurait donc pas de réel record en termes de bénéfices. D'autant plus qu'une telle annonce les mettrait en position de faiblesse au moment de négocier avec les syndicats de scénaristes.
"Titanic" moins lourd que Scarlett O'Hara ?
Si les chiffres gonflent, c'est aussi parce que le dollar se dévalue au fil des ans (la fameuse inflation). Ainsi, même si Titanic reste le plus gros succès de tous les temps dans les chiffres (600 788 188 dollars en 1997, contre 844 515 900 au cours actuel de la devise), dans les faits il est largement déclassé (aux Etats-Unis) par Autant en emporte le vent (1 329 453 600 dollars), Star wars (1 172 026 900 dollars), La Mélodie du bonheur (937 093 200 dollars), E.T. (933 401 500 dollars) et Les Dix Commandements (861 980 000 dollars). Le principe s'applique pourtant aussi aux budgets : dans les années 1960, Cléopâtre affichait un "modeste" budget de 44 millions de dollars, qui atteindrait aujourd'hui de plus hauts sommets que ceux de l'homme-araignée, puisqu'il équivaudrait à quelques... 300 millions de dollars !
Doppés à la menace de grève ?
Beaucoup de spécialistes soupçonnent que ce "triomphe modeste" des producteurs est à rapprocher d'une menace de grève des scénaristes syndiqués, les syndicats des métiers du cinéma et les producteurs se livrant régulièrement de petites guerres aux grosses répercussions. Cette fois, le conflit porte sur l'accord de redistribution des profits pour les rééditions en DVD et les rediffusions télévisées, qui expirera le 31 octobre prochain. Les producteurs souhaiteraient que ceux-ci ne soient partagés qu'en cas de bénéfice, et non automatiquement. Les auteurs, eux, voudraient non seulement que le système reste le même, mais que les parts soient plus généreuses, le texte restant un élément primordial de tout film ou série télévisée. Il est rarement le mieux récompensé, pécuniairement parlant. C'est pourquoi les studios font feu de tout bois et entament frénétiquement les tournages.
Clément Gavard avec The New York Times