Claude CHABROL, un de ses complices de la Nouvelle Vague : "Eric,
c'était peu pour nous le grand aîné. C'est un des premiers que j'ai connus. Je l'a rencontré, comme Paul Gégauff [scénariste et ami de CC], au Ciné-club du Quartier latin, dans les années 46-47. Il était prof, à Saint-Barbe je crois. "Grand Momo", c'est une très vive intelligence. Je l'admirais profondément, et quand j'ai pu produire son premier film, Le Signe du lion, grâce au succès des Cousins , je n'ai pas hésité. C'est un film que j'aime beaucoup mais qui a un été un sacré bide...
C'est ensuite qu'il a eu l'idée machiavélique de faire des séries. C'était très astucieux, parce que les gens ont tendance à se dire : "J'en ai vu un, alors je vais en voir deux, trois... " Il a eu des succès énormes complètement inattendus. Mais c'est aussi grace à sa deuxième astuce extraordinaire : avoir des titres cochons. Ma nuit chez Maud, Le Genou de Claire... Et Pauline à la plage c'est tentant ! Il y avait toujours plein de sous-entendus... Le premier projet de long métrage qu'il voulait faire à ma connaissance, c'était une adaptation des Petites filles modèles de La Comtesse de Ségur. Eh bien je trouve justement que son oeuvre se rapproche de La Comtesse de Ségur dans l'esprit. C'est un cinéma assez didactique mine de rien, mais toute son élégance est de le cacher."
réalisateur et fan : "Il donnait des cours à Michelet quand j'étais en fac de cinéma. Il nous apprenait le découpage à travers un match de tennis, il nous expliquait ce qu'était un gros plan, un plan large, un plan d'ensemble. Je l'ai eu six mois. Ce qui était amusant, c'est qu'à la fin des cours, toutes les petites étudiantes se précipitaient pour lui donner leur photo en lui demandant s'il n'avait pas un rôle pour elles dans son prochain film, et lui était tout inquiet, tout rougissant...
Ses films, comme Le Rayon vert que j'ai vu très jeune, m'ont conforté dans l'idée que le cinéma, c'était possible, accessible. On pouvait partir faire un film avec une petite équipe, de 5-6 personnes, improviser. Et puis ses films parlent de choses très quotidiennes, très simples, avec une jubilation par rapport aux dialogues et aussi une grande tendresse à l'égard de personnages qui font de grands discours et qui, en général, font exactement le contraire de ce qu'ils disent... C'est toujours très émouvant."
Jocelyn QUIVRIN, acteur dans Les Amours d'Astrée et de Céladon : "C'était un rêve d'enfant, ou plutôt d'adolescent de tourner avec lui.
Je dois dire que l'expérience a été au-delà de ce que je pouvais espérer. Parfois, on peut être un peu déçu quand on a fantasmé sur des cinéastes ou des acteurs. Avec lui, ça a été encore mieux que ce que je pouvais espérer. Intelligence, humilité...
Une expérience unique : les bases du cinéma. Sur le plateau, il y avait 8 techniciens à tout casser, on tournait pourtant à deux caméras 16 mm, tout en lumière naturelle. Quasiment que des extérieurs. C'est vraiment un Maestro. Quand Eric nous quittera, il emmènera avec lui un savoir-faire et un style complètement uniques. Sur le tournage, il disait que ce serait son dernier film, et je suis extrêmement heureux d'avoir tourné avec un homme aussi incroyable."