Scarlett O'Hara et Rick Blaine vont trouver un nouveau refuge. La Bibliothèque du Congrès des Etats-Unis (l'équivalent américain de la Bibliothèque Nationale de France) va en effet retransférer ses archives audiovisuelles dans un ancien bunker datant de la guerre froide. Les négatifs originaux d'Autant en emporte le vent, Casablanca et des cartoons des années 1930 font notamment partie des 6 millions de documents (films, émissions de télévision et de radio, enregistrements, feuilles de musiques, scénarios et affiches) qui vont migrer vers le campus de 18 hectares de la vallée de Shenandoah, dans l'Etat de Virginie. Le tout devrait constituer la plus grande collection du genre au monde.
Un sanctuaire à l'épreuve du feu... atomique
Construit en 1969 pour abriter trois milliards de dollars en cas de conflit nucléaire, la résidence de ces trésors de l'image et du son a été désaffectée en 1993 et revendue à l'héritier de la société Hewlett-Packard, David. P. Packard, qui l'a faite rénover pour 155,5 millions de dollars (113,8 millions d'euros). Il aura fallu désinstaller une tourelle de canon et des blindages en acier de 15 centimètres d'épaisseur des fenêtres, ainsi que la porte d'un coffre qui a demandé plusieurs mois pour être complètement enlevée, afin de rendre le lieu plus accueillant, avec de grandes baies vitrées, une végétation luxuriante et un cadre rénové. Les visiteurs lambdas ne pourront accéder qu'à un espace restreint des lieux, mais auront toutefois accès à un cinéma de 208 places style Art déco, où ils pourront revoir des classiques tels que L'Attaque du Grand Rapide. Les négatifs pré-années 1950 bénéficieront de soins tout particuliers : l'usure du nitrate d'argent qui les compose les rendant extrêmement inflammables, ils ne seront pas plus de deux par étagère, avec un gicleur au-dessus de chaque. Dernier détail : les murs sont, évidemment, à l'épreuve des radiations. Quand on dit que le monde peut s'écrouler lorsque l'on regarde un bon film...
Clément Gavard avec Bloomberg.com