AlloCiné Séries : Lorsque vous avez commencé "Dream On", pouviez-vous imaginer que cette série décalée et osée deviendrait une série culte ?
Brian Benben : Non, je ne pouvais pas l'imaginer. Bien sûr on espère secrètement que ça va marcher, mais on le garde généralement pour soi. De toute façon la série est passée presque inaperçue au début, ce n'est qu'à partir de la seconde saison qu'on a réellement commencé à en parler.
Vous pouviez alors faire ce que vous vouliez !
C'est surtout grâce à John Landis, le producteur exécutif de la série. Il n'avait accepté que parce qu'HBO lui avait laissé la possibilité de faire ce qu'il voulait. La chaîne en était alors aux balbutiements en matière de production de séries, elle nous a donc laissé tranquille. C'était plutôt agréable ! Mais ce n'est pas toujours comme ça. (rires)
Lorsque vous repensez à "Dream On", quelle est la première chose qui vous revient à l'esprit ?
Je me rappelle surtout de l'incroyable travail effectué sur la comédie et le jeu physique. C'était très marrant à faire. Nous ne tournions pas dans un vrai studio, et si quelqu'un faisait du bruit dehors on l'entendait sur le plateau. C'était un vrai cauchemar pour l'équipe technique. Je me rappelle également ces moments où je me tenais dans ma loge, qui ressemblait d'ailleurs plus à un placard à balais, en train de me faire maquiller le corps tout en apprenant mes dialogues (rires) !
Pourquoi est-ce que "Dream On" a été annulée ?
La série a toujours bien marché dans les audiences mais elle a toujours été considérée par HBO comme l'enfant illégitime, celui qui fait honte. Je crois que les gens de la chaîne ont toujours été embarrassés par Dream On (rires) !
Quand avez-vous appris que "Dream On" était annulée ?
Je ne me rappelle pas d'une date précise mais je sais que nous avions déjà dépassé la barre des 100 épisodes, un chiffre suffisant pour passer en syndication. D'ailleurs le fait d'être diffusé sur ces réseaux locaux a engendré quelques problèmes. Nous devions tourner les scènes originales et ensuite les scènes arrangées pour la syndication. En clair une version avec la femme nue puis une autre version avec la même femme avec un soutien-gorge (rires) ! Et cela rendait les journées encore plus longues... Lorsqu'ils nous ont montré la version pour la syndication, il ne s'agissait plus de la même série pour nous. Ce n'était plus drôle, nerveux ou même différent des autres shows. La version "originale" ne reculait devant rien, elle était sans concessions (rires) ! En voulant se conformer à des principes plus policés propres à la syndication, Dream On a perdu beaucoup de son intérêt. Et ils avaient même ajouté des rires enregistrés ! C'était horrible. Quelques années plus tard, j'ai développé et produit un pilote pour ABC entièrement tourné dans un ranch au Texas et les gens du network n'arrêtaient pas de dire qu'il fallait y ajouter des rires enregistrés ! Des rires enregistrés dans une série tournée en extérieur ! D'où pourraient-ils bien provenir ? Ça n'avait aucun sens (rires) !
Martin Tupper était loin d'être un ange. Parfois il était même franchement lâche. Comment se fait-il qu'il ait été autant apprécié du public ?
Si vous pouvez vous identifier avec la lutte intérieure du personnage et si ce dernier n'est pas mesquin, vous l'aimerez quoi qu'il arrive. Martin est divorcé, il papillonne à droite à gauche mais il ne veut de mal à personne et se retrouve toujours dans des situations difficiles. A la fin, il se fait punir, à chaque fois (rires) ! Il y a quelque chose de profondément touchant chez Martin. Il essaie de coucher avec toutes ces femmes tout en sachant que c'est une erreur magistrale. Il ne peut pas s'en empêcher (rires)
Avez-vous revu des collègues de "Dream On" ?
Ce qui est marrant c'est que, jouant le personnage principal, j'étais tout le temps sur le plateau. Les autres étaient là un, deux jours voire une semaine. Quand ils étaient là une semaine, à la fin ils me disaient à quel point ils étaient fatigués. Je leur répondais alors qu'ils comprenaient enfin pourquoi j'étais épuisé tout le temps (rires) ! Du fait de mon emploi du temps, paradoxalement, je ne les voyais donc pas très souvent. La toute dernière semaine de production, j'ai organisé un déjeuner dans ma loge. On s'est regardé en se disant que c'était la première fois qu'on mangeait ensemble (rires) ! Quand vous passez 18 heures par jour à travailler avec des gens, vous n'avez pas forcément envie de vous précipiter dans un restaurant le soir pour dîner avec eux ! Qu'est-ce vous allez bien pouvoir leur raconter (rires) ! On s'entendait très bien mais, à la fin de la journée de tournage, on avait tous envie de rentrer à la maison. De toute façon, je ne suis pas un grand mondain. Tous mes camarades étaient de grands acteurs et je les aimais vraiment beaucoup.
Pouvez-vous nous raconter un souvenir de tournage ?
Pour le pilote, nous avons tourné à New York des scènes destinées au générique de début sans aucune mesure de sécurité particulière et sans aucun permis. C'est la seule fois où nous avons tourné réellement en ville. Lorsque le réalisateur demandait à ce que je rentre dans une librairie pour acheter un livre tout le monde commençait à regarder et à se demander ce qui se passait. Je faisais comme si de rien n'était... mais c'est dur lorsque le réalisateur crie "Action !". C'était vraiment tourné sauvagement, très rapidement et sans aucuns moyens. (rires)
Que vous rappelez-vous du "Brian Benben Show " ?
J'ai supplié les dirigeants de CBS de ne pas baptiser la série The Brian Benben Show. Le show ayant été un fiasco, mon nom est synonyme d'échec maintenant (rires) ! Le scénario était de Robert Borden. C'était sur un journaliste travaillant à Los Angeles pour un grand network qui a gravi tous les échelons et qui voit les dirigeants du network engager un jeune journaliste pour le remplacer. Il est réembauché pour devenir un reporter spécialisé dans des sujets sur les événement locaux sans aucun intérêt... Si un cirque est en ville, c'est à lui d'aller interviewer le clown (rires) ! On s'est bien amusé, on a tourné 8 épisodes mais seuls 4 ont été diffusés. On s'est crashé assez vite.
Vous avez également joué plus récemment dans un épisode de "Masters of Horror" réalisé par John Landis. Etait-ce amusant de retrouver votre compère de "Dream On" ?
C'est toujours amusant de travailler avec John Landis ! C'est un gars marrant. Je crois que l'une des raisons pour lesquelles il m'a choisi pour cet épisode, c'est qu'il n'avait pas beaucoup de temps pour le tourner et que notre relation de travail était déjà bonne et efficace. L'épisode s'appelle "The Deer Woman", écrit par John Landis et son fils d'après une légende indienne. Je joue un flic enquêtant sur une série de meurtres et qui découvre qu'ils sont commis par une magnifique femme à moitié cerf ! J'ai vraiment apprécié cette expérience et de tourner à Vancouver.
Pourquoi ne vous a-t-on pas vu plus à l'écran ces dernières années ?
Depuis la fin de Dream On, j'ai écrit ou développé de nombreux projets mais c'est un processus très long et difficile. Cela devient même de plus en plus dur. Mais je vais tourner dans un pilote prochainement pour NBC (ndlr : The Mastersons of Manhattan) avec Natasha Richardson et Molly Shannon. Je ne sais pas ce que ça va donner. Ces dernières années, je me suis un peu moins concentré sur la comédie et un peu plus sur la création et l'écriture. J'ai écrit des scénarios, j'en ai vendu à des networks. A côté de la difficulté d'écrire, de produire et de devélopper une série, jouer paraît vraiment plus facile ! Vous apprenez vos répliques et vous jouez (rires) !
Nous espérons vous revoir sur le petit écran prochainement !
Merci ! Je fais ce que je peux (rires) !
Propos recueillis par Thomas Destouches le 14 mars 2007
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