Jack Valenti, l'ancien président de la puissante MPAA et défenseur acharné du cinéma américain à travers le monde, s'est éteint ce jeudi 26 avril. Il avait 85 ans. Pourfendeur de l'exception culturelle française, Valenti a voué sa vie à défendre l'industrie hollywoodienne.
Jack Valenti réalise de brillantes études, et devient à l'âge de 15 ans, le plus jeune diplômé de son lycée. Il commence à travailler comme garçon de bureau au sein de la Humble Oil Company (future Exxon), puis s'engage dans l'armée de l'air alors que la Seconde Guerre mondiale éclate. Participant à une cinquantaine de missions, il est décoré de plusieurs médailles à son retour au pays, et s'inscrit à l'Université, travaillant le jour et étudiant la nuit. Après un diplôme supérieur à Harvard, il se lance dans la politique et fonde en 1952 sa propre agence de conseils en communication. Trois ans plus tard, il entre en contact avec le sénateur Lyndon B. Johnson, une rencontre déterminante pour la suite de sa carrière.
1963 – 1966 : un tournant décisif
Le 22 novembre 1963, le président J. F. Kennedy est en visite à Dallas. Jack Valenti est en charge de la presse pour cet événement. Lorsque le président est assassiné, Valenti rentre avec Lyndon B. Johnson, alors nouveau président, à Washington, et devient son conseiller. Le 1er juin 1966, sa carrière prend un nouveau tournant : il devient le troisième président de la MPAA, l'organisme chargé de veiller sur la production cinématographique américaine.
Au service d'Hollywood
En tant que président de la MPAA / MPA, Jack Valenti est désormais au centre de la vie hollywoodienne. Fondée en 1922, la Motion Picture Association of America (MPAA) a pour objectif de servir les intérêts de l'industrie cinématographique et audiovisuelle américaine, sur le territoire américain. Initialement créée pour s'occuper du cinéma, la MPAA a peu à peu élargi d'elle-même ses mandats aux nouveaux médias : télévision, vidéo, et maintenant Internet. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les autorités américaines créent la Motion Picture Export Association of America, qui deviendra la Motion Picture Association en 1994. Cette seconde instance, créée en 1945, veille à la promotion et la bonne exportation des films américains hors des Etats-Unis. Son surnom de "petit département d'Etat" témoigne d'ailleurs de l' importance accordée au cinéma dans la politique internationale américaine...
Pourfendeur de l'exception culturelle française
De par son statut, Jack Valenti est LE représentant d'Hollywood dans le monde. A ce titre, il devient le pourfendeur de l'exception culturelle française lors des accords du GATT, lors de l'Uruguay Round, et l'Accord mondial sur l'investissement (AMI). Son rang lui vaut d'être accueilli lors de diverses manifestations internationales, il a été récompensé de façon honorifique à de nombreuses reprises, notamment au Festival de Berlin et en France (Légion d'Honneur). Il est membre honoraire à vie de la Director's Guild of America (DGA - le syndicat des réalisateurs américains), et possède également son étoile sur le célèbre Walk of Fame de Hollywood Boulevard.
Classification et piraterie
Dès son arrivée à la tête de la MPAA / MPA, Jack Valenti se penche sur la question de la classification des oeuvres cinématographiques. Depuis 1922, le septième art était régi par le Code Hayes, un code de censure morale précisant ce qu'il était interdit de montrer à l'écran. Jack Valenti supprime ce code en 1968. Au lieu de créer des directives sur le contenu des oeuvres (ce qui impliquait une certaine forme de censure), il imagine un système permettant de classer les films après leur réalisation : les movies ratings. Un système que Jack Valenti défend bec et ongles, malgré certaines polémiques dont il a fait l'objet au fil des années (classifications inappropriées, oeuvres violentes ou explicites encore trop accessibles aux jeunes...). Jack Valenti s'attache également à la prévention face à la violence au cinéma, et la lutte contre la piraterie. Fervent défenseur du Premier Amendement de la Constitution Américaine et de la liberté d'expression, il mise avant tout sur une auto-régulation de la part des professionnels mais également des parents autour de la violence. Du côté de la piraterie, il développe de nombreux protocoles et systèmes de lutte contre ce marché florissant.
En juillet 2004, Valenti, alors âgé de 82 ans, prend sa retraite et cède son poste à Dan Glickman.
La Rédaction