AlloCiné Séries : Est-ce un plaisir de retrouver ces deux personnages de "Jeff et Léo" ?
Olivier Sitruk : Oui, sinon nous ne serions pas repartis ! Je sais que c'est complètement normal de répondre cela mais, dans ce cas précis, on a de la marge avec Jeff et Léo pour progresser, trouver de nouvelles choses, des histoires originales, explorer les rapports entre les deux frères et avec Alice. Il reste encore beaucoup de latitude peut-être justement parce que le secret autour de Jeff et Léo est encore intact. Cela laisse la place à de nombreuses situations comiques qui sont très sympas à jouer.
Du point de vue du comédien, qu'est-ce qui est excitant dans le fait de jouer des jumeaux ?
Avant tout essayer de comprendre comment on fabrique des personnages. Généralement, qu'il s'agisse de films ou de téléfilms, on ne joue qu'un seul personnage. Dans mon cas, ce personnage je le fabrique petit à petit, par petites touches, en essayant un costume, en discutant avec le réalisateur. Ce sont des petites touches qui affinent, qui donnent une forme au personnage qui nous appartient. Quand on a deux personnages à jouer, comme c'est le cas avec Jeff et Léo, on est obligé de faire cette démarche bien en amont. Je suis obligé de me dire qu'il y en a un qui ressemble à ça et l'autre à ça. Je ne peux pas y aller petit à petit.
Pour la première saison de Jeff et Léo, j'y suis allé de manière brutale. Du fait que ce soit destiné à la télévision, il faut aller beaucoup plus vite qu'au cinéma. Comme on va vite, il faut que je change vite, et pour cela il faut que je connaisse bien les deux personnages, ça m'a donc obligé à aller loin. Pour la seconde saison, je sens bien que je trouve plus de plaisir à le faire. Avant j'avais tendance à jouer Léo, qui est un peu plus loin de ce que je suis dans la réalité, de manière un peu fermée. Désormais j'arrive à lui donner un peu plus d'humanité, pas toujours ni dans toutes les scènes. Ce qui est difficile quand on incarne deux personnages, c'est de jouer le même sentiment différemment. En général, quand on joue une scène, on joue une émotion. Là les deux personnages peuvent jouer la même scène et ressentir deux émotions différentes, ce qui n'est pas évident. C'est bête mais si vous devez dire "Je t'aime" à une fille, vous ne le direz pas de la même manière que moi. Et je dois retrouver ça pour Jeff et Léo. Il y a pleins de petites astuces que je commence à maîtriser et grâce auxquelles je prends plus de plaisir. C'est un vrai plaisir et c'est sans doute la raison principale pour laquelle j'ai voulu jouer dans cette série.
Avez-vous un épisode en particulier de "Jeff et Léo" que vous retiendriez ?
Je ne sais pas pourquoi mais je suis très attaché à l'épisode "La dernière séance" avec le psy et cette histoire de glaçon qui fond et qui déclenche l'arme. Il y a vraiment un esprit enfantin là-dedans, ça m'a fait penser à des histoires de gamins.
J'aimais bien les rapports de Léo avec la tueuse, sa psychose y est bien présente et puis j'aime beaucoup Marie Guillard, Laurent Bateau et Virgile Bayle (ndlr : les seconds rôles de l'épisode). C'était bien écrit et bien fait. J'aime bien aussi "Entre deux étages".
Quelles sont vos séries préférées ?
Je n'étais pas très fan des séries mais depuis quelque temps je commence à m'y mettre. Je vais donc dire les dernières que j'ai vu : Dr House, la série produite par Bryan Singer, Monk, que je n'avais pas vu avant de faire Jeff et Léo. Tony Shalhoub est vraiment excellent, tout comme Hugh Laurie (ndlr : l'acteur principal de Dr House). Ça m'aide beaucoup quand je vois de tels comédiens, même si je ne m'inspire pas forcément d'eux. Ils osent des choses, beaucoup beaucoup de choses. Le personnage de House est vraiment détestable alors qu'en France on a presque l'impression qu'il faut que nos personnages de séries soient lisses pour plaire à tout le monde. En ce qui me concerne, comme Jeff est très sympa et cool, je peux me permettre de rendre Léo pas forcément agréable avec tout le monde. Je n'ai d'ailleurs pas très envie de le rendre plus plaisant. Je suis aussi très fan de 24 heures chrono, même si les saisons sont inégales, et de The Shield, dont le personnage principal est loin d'être agréable tout en étant ultra humain. Je peux également regarder avec plaisir Desperate Housewives ou Lost.
Propos recueillis par Thomas Destouches
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