Des serpents dans l'avion, ou comment un petit film de genre devient une oeuvre culte avant même sa sortie. Tout commence en mai 2005. A l'époque, Samuel L. Jackson s'embarque pour un projet mis en scène par David R. Ellis (Destination finale 2) : Des serpents dans l'avion. Un film que l'acteur a accepté pour une seule et unique raison : son titre ! Puis soudain, les studios New Line changent légèrement leurs plans, et décident de rebaptiser le film Pacific Air Flight 121. Les fans se mobilisent sur Internet, Samuel L. Jackson également, et tout finit par rentrer dans l'ordre. Enfin pas vraiment, puisque entre-temps, un phénomène sans précédent s'est emparé de l'internet mondial : les sites non-officiels et les blogs autour du film se multiplient sur la toile, les parodies affluent en masse, alors que des t-shirts et des goodies sont élaborés par des fans, créant autour du long métrage un buzz tout simplement exceptionnel. Dès lors, le studio opte pour une stratégie surprenante et encore jamais vue à Hollywood : surfer sur la vague Snakes on a plane et consulter les internautes en vue d'ajouter certaines scènes au long métrage. Ainsi, le désormais célèbre "I want these motherfucking snakes off this motherfucking plane" lancé à l'écran par Samuel L. Jackson aura été tiré d'une parodie du film mise en ligne sur la toile ! Alors que le film débarque sur les écrans américain ce week-end, le comédien, grand défenseur du projet, est revenu sur ce phénomène pour AlloCiné. Avec sa cool-attitude légendaire...
AlloCiné : Quel regard portez-vous sur ce buzz incroyable autour du film généré sur internet ?
Samuel L. Jackson : Ce phénomène est vraiment apparu d'un coup. Quand les gens de New Line ont vu ça, ils ont sauté sur l'occasion : c'est évidemment une façon géniale de promouvoir un film, et l'internet permet de toucher les fans plus facilement. C'est hallucinant de voir que des gens se sont soudain mis à faire leurs propres t-shirts, leurs posters et même leurs chansons ! Ca m'a carrément pris par surprise ! Et puis c'est aussi la première fois qu'un studio consulte directement les fans en vue de retourner certaines scènes et d'inclure de nouveaux dialogues. C'était un projet très interactif finalement. Je ne dis pas qu'il faudrait procéder de la sorte pour tous les films, mais dans certains cas, ça peut être bénéfique.
Vous êtes un habitué du web ? Quel est votre site favori, LE site préféré de Sam Jackson ?
J'adore surfer sur la toile. Quant à mon site préféré, je vois où vous voulez en venir : vous voulez que je vous donne le nom d'un site français ! Et bien non, mon site préféré est www.samueljackson.com ! Vraiment, c'est le cas, car j'adore aller sur mon site pour voir de quoi parlent les gens et ce qu'ils pensent et disent de moi. Je dois bien à mes fans le fait de garder le contact avec eux. J'aime mes fans et quand je les rencontre à des conventions ou dans la rue, je fais en sorte de m'arrêter, de parler un peu avec eux et de dédicacer tout ce qu'ils me demandent. J'apprécie sincèrement leur passion et leur dévouement...
Revenons-en à "Des Serpents dans l'avion". Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce film ?
Je choisis toujours mes films en fonction de mes goûts de spectateurs, comme si j'allais payer ma place un après-midi et aller les voir en salle. Je me place toujours, et avant tout, en tant que spectateur. Et ce projet avait l'air complètement fou, quelque chose de dingue que j'aurais aimé aller voir au cinéma. Et puis au-delà de ça, j'ai adoré le tourner : c'était vraiment une expérience très sympa. Pour une fois, ce n'était pas un film sérieux, ce n'était pas l'un de ces drames que je fais habituellement. Pour une fois, je voulais faire quelque chose de léger.
Quels souvenirs gardez-vous du tournage, dans un avion... avec des serpents ?
C'était assez dingue en fait, de se retrouver dans un faux avion et de voir tous ces serpents lâchés sur le plateau et d'essayer de les éviter alors qu'ils viennent vers vous. Et en même temps, c'était assez étrange de "faire semblant" : dans la plupart des scènes, les serpents ne sont pas présents car ce serait trop compliqué à gérer dans la mesure où les dresseurs ne peuvent pas vraiment les contrôler. Il faut donc une bonne dose de patience et d'imagination pour jouer ces scènes, en essayant d'être crédible quand vous vous enfuyez ou que vous vous battez avec un serpent, alors que vous êtes en réalité face au vide ! Et vous devez rester très concentré et très sérieux, alors que la situation est plutôt décalée et marrante. Pour maintenir le suspense auprès des spectateurs, il faut arriver à jouer la peur. Ce qui peut être marrant, mais pas toujours évident à faire...
Vous avez réussi à faire ami-ami avec des serpents durant le tournage ?
Et bien pas vraiment en fait ! Mais celui dont je me souviens le plus reste cet immense cobra albinos. Et celui là mon gars, il faisait carrément peur ! C'est la deuxième équipe de tournage qui a beaucoup travaillé avec lui, donc je n'ai pas vraiment pu tourner avec cette bestiole, mais quand même... Il était assez effrayant... Mais sinon, d'habitude, je n'ai pas tellement de problèmes avec les serpents. J'ai grandi à la campagne donc j'ai déjà croisé pas mal de serpents. En général, ils ont plus peur de vous, que vous d'eux : il suffit de faire du bruit pour qu'ils s'en aillent. D'ailleurs, il m'arrive encore de croiser des serpents quand je joue au golf, qui reste ma vraie passion. Oh, et puis rien que l'autre jour, j'en ai trouvé un dans mon jardin : un serpent à sonnette à Beverly Hills !
Si vous n'avez pas peur des serpents, qu'est-ce qui vous effraie dans la vie ?
Ma plus grande peur, c'est de ne pas savoir ce que je vais faire après, mon prochain contrat ou mon prochain rôle. J'ai souvent peur de ne plus avoir de boulot !
En parlant de peur, comment expliquez-vous ce renouveau de l'horreur à Hollywood ? Est-ce que les producteurs essayent de faire de l'argent facile au box-office selon vous ?
Non, je ne pense pas. Il s'agit simplement d'offrir des sensations fortes à de jeunes spectateurs en mal d'adrénaline. C'est pour cette raison qu'ils vont dans les parcs d'attraction, et c'est pour cette raison qu'ils vont voir des films d'horreur. Et puis vous savez, il y a toujours eu des films d'horreur : je me rappelle étant gamin être allé voir les Dracula et les Frankenstein. Ce n'est donc pas quelque chose de nouveau. Les films d'horreur rapportent de l'argent aux producteurs et offrent des frayeurs au public, donc tout le monde est content. J'aime beaucoup les films d'horreurs récents. Je vais d'ailleurs en tourner un autre, 1408 de Mikaël Hafstrom, avec John Cusack et Kate Walsh également : c'est une adaptation d'une nouvelle de Stephen King dans laquelle un homme se retrouve confronté à l'horreur dans la chambre 1408 d'un hôtel.
Quel serait votre ou vos film(s) d'horreur préféré(s) ?
Question difficile... Mais je dirais sans hésiter le premier Halloween. C'était vraiment terrifiant : la première fois que l'on se retrouvait face à quelqu'un impossible à tuer. Ca m'a donné la chair de poule...
Et vos souvenirs en avion ? Le meilleur et le pire ?
Y'a t-il de bons souvenirs en avion en même temps ??? Pour moi, une bonne expérience aérienne se résume à : vous montez à bord, vous décollez, vous atterrissez et vous sortez de l'avion ! Vite et sans retards. En fait, une bonne expérience en avion, c'est d'arriver entier à bon port. Et une mauvaise expérience c'est de ne pas arriver ! Je déteste débarquer dans un aéroport où vous devez attendre des heures, et on vous dit avec un sourire "L'avion est en retard, vous pouvez attendre ou vous pouvez y aller à pied". Ca me rend dingue ce genre de trucs ! Un jour aussi, j'ai été dans un avion qui a dû faire demi-tour et retourner à l'aéroport ! Donc non, je ne pense pas avoir de bons souvenirs en avion...
Vous disiez être fan de golf. Vous préféreriez remporter un Oscar ou un tournoi de golf ?
J'aime tellement le golf que je répondrais gagner un tournoi de golf. Un jour, j'ai réussi à faire un trou en un : c'était un énorme coup de chance bien sûr, mais c'est un sentiment incroyable ! Donc gagner un tournoi serait sympa. Et puis qui se souvient de l'Oscar du Meilleur acteur de l'année passée ? Gagner un Oscar, ça dure une nuit, peut-être une semaine... Mais remporter un tournoi sportif, c'est quelque chose d'éternel. En fait, j'aime tellement le golf que j'ai fait inclure une clause dans mes contrats : quand je tourne un film, je peux jouer deux fois par semaine aux frais du studio !
Si "Des Serpents dans l'avion" réalise un carton au box-office, et en imaginant ce que cela provoquerait sur le web, seriez-vous tenté par une suite ?
Pourquoi pas ? On pourrait appeler ça Le fils d'un serpent dans l'avion, ou alors faire quelque chose avec des rats, Des rats dans l'avion avec ce slogan "Où sont les serpents quand vous avez besoin d'eux ?" !!! Et puis il y a déjà des gens qui essayent de surfer sur notre film pour faire de l'argent : il y a un direct to video intitulé Snakes on a train qui devrait sortir d'ici peu ! C'est de la folie là-dehors...
Propos recueillis par Emmanuel Itier à Los Angeles le 20 juillet 2006
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