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    "Grey's Anatomy" : discussion avec T.R. Knight

    Après les Etats-Unis, "Grey's Anatomy" fait un carton en France. Retour sur ce phénomène avec T.R. Knight, alias George O'Malley dans la série !

    Lors du 46ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, AlloCiné Séries avait rencontré T.R. Knight, l'interprète de George dans Grey's Anatomy. Confidences d'un acteur aussi touchant que son personnage...

    AlloCiné Séries : Pourquoi vous êtes-vous coloré les cheveux en bleu ?

    T.R. Knight : Entre les saisons nous avons deux mois de break, j'ai donc décidé de changer de couleur de cheveux et de me teindre en bleu. Je ne sais pas si c'est la meilleure décision que j'ai prise dans ma vie, mais ça va revenir à la normale dans trois semaines pour le tournage (ndlr : l'interview a été réalisée le 30 juin 2006).

    Grey's Anatomy peut être aussi bien dramatique que comique. Pourrait-on la définir comme une dramédie ?

    C'est un mot que l'on emploie souvent. Il y a une formule célèbre qui dit "La comédie est un drame déguisé". Pour moi, Grey's Anatomy est un drame. Dans la vie, nous avons besoin d'humour pour nous dérober, surmonter les difficultés. L'humour donne de l'espoir et c'est ce que Shonda Rhimes, la créatrice du show, et les scénaristes aiment. Quand les scènes deviennent horribles ou sérieuses, il doit y avoir un élément pour alléger l'atmosphère. Nous avons besoin de croire que, quoiqu'il arrive, ça va aller mieux. Et l'humour le permet. "Dramédie" (ndlr : contraction de "drame" et "comédie") ? Je ne sais pas. A mon avis, cela ne peut pas être que comique ou que dramatique. C'est peut-être pour ça qu'ils appellent cela "dramédie". Pourquoi pas "Coma" (ndlr : contraction de "comedy" et "drama", en anglais) ? Non, en fait ça ne peut pas marcher, personne ne pourrait employer un tel terme (rires) !

    George est un personnage à la fois touchant et drôle par sa façon de bouger et de réagir physiquement aux événements. Avez-vous particulièrement travaillé la gestuelle de votre personnage ? On pourrait imaginer une parenté avec Buster Keaton...

    Oh Mon Dieu ! Bien sûr Buster Keaton est naturellement une influence, je suis un grand fan. C'est donc un compliment que vous me faites. Ce que j'aimais beaucoup chez lui, comme chez Chaplin, c'est qu'il ne faisait jamais de grimaces pour souligner l'humour, mais au contraire avait toujours un visage strict, presque triste quelles que soient les situations dans lesquelles il se retrouvait. J'ai voulu travailler la gestuelle et les scénarii de Grey's Anatomy m'ont permis de le faire. George est étrange, y compris dans sa façon de parler. Dans les scripts, les dialogues sont souvent saccadés. Je me suis donc demandé comment traduire ces soubresauts à travers la gestuelle.

    Justement à propos des dialogues, vous êtes doublé en version française. N'avez-vous pas peur qu'une partie de votre travail d'acteur, de création de George qui hésite souvent, ne finit pas ses phrases... soit amputé par cette phase de doublage ?

    Je n'ai pas encore vu mon personnage doublé, mais je trouve fascinant le fait qu'ils arrivent en doublage à coller avec le mouvement des lèvres des acteurs. D'après ce que j'ai vu, ils ont pris de très bons acteurs pour le doublage. Celui qui devra doubler George n'aura effectivement pas un travail facile mais non, je n'ai pas peur. En réalité je n'ai jamais vraiment songé à cela. Mais c'est intéressant parce qu'en effet c'est l'addition de votre performance et de celle d'un autre. J'espère que le comédien qui me doublera comprendra avant tout qui est George. Le doubleur ne va pas simplement imiter ce que je fais mais il va injecter de lui-même, et peut-être améliorer ce que j'ai fait (rires) !

    Vous avez joué très longtemps au théâtre, Amadeus entre autres. Quelles sont les différences majeures entre le fait de préparer un rôle et de jouer sur scène et devant une caméra ?

    Pour une pièce, vous répétez pendant longtemps et vous préparez votre rôle en permanence. Vous commencez avec le premier acte et vous tenez la pièce jusqu'au dernier. C'est très différent avec une série ou un film où vous recevez un script et vous pouvez très bien commencer par la dernière scène, ensuite la seconde, entamer une scène par la dernière ligne de dialogue puis donner la réplique à un collègue etc... Le jeu reste le jeu mais la technique est complètement différente. Mais il y a aussi une forme d'intrusion propre à la caméra. Je n'ai pas encore réussi à le formuler, à le mettre en mots. Les journées durent 17 heures, mais on ne joue vraiment qu'une heure par jour, peut-être deux heures à tout casser. De fait la concentration est différente. C'est un autre monde et je suis encore en train de prendre mes marques. J'aime vraiment les deux, mais je préférerai toujours la scène. Je souhaite continuer à pouvoir y jouer. Votre performance au cinéma ou à la télévision ne dépend pas seulement de vous mais aussi du réalisateur, du monteur. Quelquefois vous pouvez penser avoir fait du bon travail, ou du mauvais, selon les prises, mais vous ne décidez pas quelle prise est la bonne. Et parfois les choix des monteurs vous aident plutôt ! Sur scène, il n'y a que vous, et vous êtes responsable de l'échec comme de la réussite. Et justement j'aime cette exaltation, le fait que l'on ne puisse pas tricher et qu'il n'y a personne pour vous aider. Il y a une excitation intérieure que l'on ne peut pas recréer. Mais il y a une appropriation de la performance et une intimité que l'on obtient grâce à la caméra ou sur un plateau que l'on ne trouvera jamais sur scène, parce que justement c'est une performance publique. Les deux sont formidables et je veux être cupide et continuer à faire les deux (rires) ! Je ne veux pas avoir à choisir.

    Une des grandes réussites de Grey's Anatomy est l'alchimie entre les personnages et entre les acteurs. Connaissiez-vous le reste du casting avant la série ?

    Non mais j'avais vu Sandra (ndlr : Sandra Oh qui joue Cristina) dans une pièce de théâtre. Ce qui est bien c'est que nous sommes tous différents, à la fois en tant que personnes mais aussi en tant qu'acteurs. C'est une bonne chose de rassembler des gens aux expériences si différentes. Tout le monde doit apprendre à connaître l'autre, tout comme les personnages dans la série. Et il y a un lien naturel qui se créé, comme dans une famille. Et généralement, avec des journées aussi longues, on passe plus de temps avec ses collègues qu'avec sa famille. Sur le plateau il y a une sorte de dynamique qui se crée. Bien sûr il y a des mauvais jours mais on est tous ensemble.

    Quel effet ça fait de savoir que chaque lundi matin (le lendemain de la diffusion de la série durant les 2 premières saisons) au bureau, des millions de gens discutent du dernier épisode de Grey's Anatomy devant la machine à café ?

    C'est bizarre (rires) ! Ça ne m'était jamais arrivé auparavant. Bien sûr on veut toujours que son travail soit apprécié et que le public regarde. C'est étrange.

    Quelles sont vos séries préférées ?

    Vous connaissez Prison Break ? J'aime aussi la série originale The Office, Ricky Gervais et Stephen Merchant sont des génies. C'est vraiment ma série préférée. Six Feet Under également.

    Propos recueillis par Thomas Destouches le 30 juin 2006

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