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    Dans l'esprit de Shemar Moore

    Après avoir joué pendant 10 ans dans "Les Feux de l'Amour", Shemar Moore cartonne dans "Esprits Criminels". AlloCiné Séries l'a rencontré...

    Lors du 46ème Festival de Télévision de Monte-Carlo, AlloCiné Séries s'était entretenu avec Shemar Moore, dont la série Esprits criminels a fait un carton la saison dernière sur CBS. Entretien avec un profiler...

    AlloCiné Séries : Quel serait le profil psychologique de votre personnage, Derek Morgan ?

    Shemar Moore : Tout ce que l'on apprend sur les personnages dans la série vient de ce qu'ils font. On ne connaît pas leurs origines, leurs vraies personnalités. Durant la première saison, les téléspectateurs ne peuvent pas réellement les connaître mais les découvrent à travers leur travail, qui est excitant, extraordinaire, effrayant... Nous avons dû créer nos personnages, leurs histoires. J'ai donc imaginé Derek Morgan dans ma tête. Il fait des choses telles que je les ferais car j'aime injecter beaucoup de moi dans mes personnages. Selon moi, Derek a été militaire, sans doute dans les Marines, c'est aussi pour ça que j'ai décidé d'avoir les cheveux très courts. Je les ai laissés pousser pendant 3 épisodes mais ce n'était vraiment pas bien (rires) ! Derek est jeune, dur, obstiné, c'est le fonceur de l'équipe, il est très intelligent et se débrouille bien avec les ordinateurs. Au fur et à mesure des épisodes, les téléspectateurs vont découvrir un personnage avec lequel il aime bien flirter, la spécialiste en informatique, Garcia (ndlr : jouée par Kirsten Vangsness). Elle arrête pas de donner des petits noms à Derek et, parce que la série est assez sérieuse, leur relation donne un peu de fraîcheur à l'ensemble. Il peut aussi être charmeur, mais on ne le voit pas tant que ça, en tout cas pas encore. Moi, j'aime bien m'amuser, et en ce sens Derek et moi sommes différents : il est très sérieux, et il doit l'être. Heureusement dans la seconde saison, dont le tournage va bientôt commencer (ndlr : l'interview a été réalisée le 30 juin dernier), vous allez connaître un peu plus Derek en dehors du boulot.

    Comment vous êtes-vous préparé pour ce rôle ? Vous êtes-vous entretenu avec des profilers ?

    Oui. Avant que ne commence la série, Mandy Patinkin (ndlr : qui interprète Jason Gideon) est allé à Quantico,

    en Virginie, au centre d'entraînement des agents du FBI. Il a beaucoup observé, visité les installations et a parlé avec des agents. Il a réalisé qu'ils ne sont pas des "Men In Black" contrairement à l'idée que l'on se fait d'eux. Ils sont comme vous ! Dans la série, il y a d'ailleurs un personnage qui vous ressemble, Spencer ! Donc, Mandy est allé là-bas et il a beaucoup étudié. Personnellement je ne suis pas allé là-bas mais j'ai fait beaucoup de recherches, j'ai aussi des amis policiers qui m'ont appris comment brandir une arme à feu. Je voulais connaître leur façon de bouger. Sur le plateau, nous avons deux agents du FBI qui sont consultants au cas où nous avons des questions, par exemple sur la méthode à suivre en arrivant sur une scène de crime. Vous savez, c'est parfois très sombre et dégoûtant, c'est ce qu'ils vivent tous les jours. Ils ne peuvent pas se laisser aller ou affecter par ce qu'ils voient. Le travail doit être fait. Ce qu'ils n'arrêtent pas de nous rappeler c'est qu'ils sont des gens comme les autres, ils racontent des blagues, ils boivent des bières, ils rigolent... parce qu'il le faut. S'ils prenaient tout à coeur tout le temps, ça deviendrait impossible pour eux. Il faut avoir une vie pour pouvoir se battre pour le Bien. Mais de que nous avons aussi appris c'est que c'est dur d'avoir une vie avec leur métier. S'il y a un crime, ils doivent y aller, instantanément.

    Les membres de la BAU (Behavioral Analysis Unit) doivent penser comme des criminels pour les arrêter, ils doivent s'identifier à eux. Y a-t-il un risque pour eux d'en devenir à leur tour ?

    Non parce que je pense profondément que la nature de l'Homme est bonne et qu'il tend vers le bien. Les tueurs en série sont des gens normaux. Esprits criminels va à l'encontre de notre perception des méchants, de l'idée que l'on s'en fait, avec une barbe de plusieurs jours, portant du cuir, des tatouages... Dans la série, les méchants vous ressemblent, me ressemblent, ils peuvent êtres des femmes, petits, faibles.

    Dans la vie, nous partons tous du même point, certains avec de l'argent, d'autres non, mais nous avons tous la même nature. La vie fait son oeuvre, et certains sont obligés de suivre telle direction et d'autres en prennent une autre. Bien sûr qu'il y a des choix et des décisions à prendre mais il y a aussi des circonstances que l'on ne maîtrise pas. Ce que j'ai appris c'est que la plupart des criminels crient à l'aide. La vie n'est pas juste et nous pouvons tous commettre un crime et faire le mal. Nous vivons dans une société où nos actes ont des conséquences : si vous tuez quelqu'un, vous allez en prison et vous ne pouvez plus goûter aux joies de la vie. Si j'étais en prison actuellement, je ne pourrais pas voir le magnifique panorama de Monte-Carlo ! Nous vivons dans un monde tourmenté et la série permet d'explorer ce côté sombre et d'en comprendre les raisons, pourquoi certaines choses arrivent à ces gens, et pourquoi ils ont choisi de prendre cette direction.

    "Esprits Criminels" se différencie des autres séries du genre par sa sobriété et par le fait que la priorité est donnée à la psychologie et non aux scènes d'action ou aux effets spéciaux. Pensez-vous que cela soit une des raisons de son succès ?

    Je pense, oui. En cela elle est proche de FBI : portés disparus et New York District, parce qu'elle est exigeante et demande de l'attention, de l'écoute. Ce que les personnages disent ont de l'importance. Esprits criminels donne aussi la possibilité aux téléspectateurs de réfléchir, de participer.

    Elle est réaliste, ce n'est pas de la science-fiction ou de l'anticipation, chaque histoire que nous racontons n'est pas la réalité à proprement parler, mais elle est fondée sur une histoire vraie. Ça rappelle aux téléspectateurs que les crimes que nous montrons ont été commis, sont commis en ce moment même, pendant que nous discutons, et quoique nous fassions, ça se passera toujours ainsi. C'est triste. Mais ça permet également d'apprécier encore plus la vie et de tendre vers le Bien. Je pense aussi que la série a du succès parce que le public aime regarder, explorer le côté sombre. A Los Angeles, il y a des courses poursuites et nous aimons en être les spectateurs, en espérant que le méchant s'en sorte. C'est fascinant aussi à ce titre parce que c'est au fond de chacun de nous. On nous apprend à suivre les règles, mais on a tous envie à un moment de faire quelque chose de mal... mais on ne peut pas. C'est pour ça que l'on regarde ce genre de séries.

    Le casting d'"Esprits Criminels" est aussi une des raisons de sa réussite...

    Quand le show a commencé, nous étions tous différents, vraiment. Avec des sens de l'humour et des styles vestimentaires opposés, nous ne mangions pas la même chose, nous n'écoutions

    pas la même musique... et je me demandais comment tout le monde allait pouvoir s'entendre. C'est intéressant parce que dans la série les personnages doivent aussi apprendre à travailler ensemble et à se respecter en apportant tous quelque chose. Dans la série, la BAU (ndlr : Behavioral Analysis Unit) ne peut pas réussir sans ce que chacun apporte, que ce soit au niveau professionnel ou au niveau de l'instinct. Derek est dur, obstiné, fonceur et n'a pas peur de provoquer qui que ce soit. Mais il a besoin de Reid (ndlr : joué par Matthew Gubler) pour les informations... J'aime beaucoup le casting de la série parce que c'est un beau mélange et ce n'est pas si courant.

    Le cliffhanger de fin de première saison est insoutenable. Combien devons-nous vous payer pour que vous nous donniez sa résolution ?

    Vous pouvez me payer très cher... mais je mentirai (rires) ! En fait je suis comme vous, j'attends les scénarii. Je sais simplement que quelque chose d'énorme va arriver et, pour la première fois, les membres de la BAU vont être en danger. Sincèrement c'est tout ce que je sais. J'ai demandé à mon manager de me donner le script mais CBS refuse, parce que la chaîne ne veut pas que nous vous révélions tout ! Nous commençons le tournage le 10 juillet prochain (ndlr : l'interview a été réalisée le 30 juin dernier) et je n'arrête pas de les appeler et de leur mentir en disant que je veux apprendre mes dialogues !

    Quelles différences y a-t-il pour un acteur entre jouer dans un soap comme "Les Feux de l'Amour", dans lequel vous avez joué pendant 10 ans, et une série comme "Esprits Criminels" ?

    Les Feux de l'amour a été mon école. C'est là qu'on m'a donné ma chance. Ce qui était formidable dans cette série c'était les gens avec lesquels je travaillais et l'emploi du temps !

    Pour Esprits criminels, les journées de travail sont très longues, 16 heures par jour. Et, pour un épisode, il n'y a que 6 pages de dialogues, alors que sur Les Feux de l'amour il y en avait 20. Avec Les Feux de l'amour, j'ai pu aborder toute une nuance d'émotions : l'amour, la haine, la trahison... Mon personnage avait une famille, il a dû se battre pour elle, comme dans la vie. Les Feux de l'amour, c'est du pur soap opera et j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer dedans. Dans Esprits criminels, le niveau de jeu demandé est plus élevé. Et mes partenaires... le CV de Mandy Patinkin parle pour lui ! Criminal Minds est un vrai drame et c'est une chance pour un acteur comme moi de me mettre en danger mais aussi de montrer que je peux le faire.

    Quelles sont vos séries préférées ?

    Esprits criminels bien sûr ! J'aime aussi 24, Lost, même si la série était notre concurrente directe cette année, Grey's Anatomy, une série magnifique, il y a un coeur et une âme dedans, j'aime aussi des comédies comme The Bernie Mac Show et de vieux shows.

    Propos recueillis par Thomas Destouches le 30 juin 2006

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