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    "Renaissance" : 5 questions à Christian Volckman

    A l'occasion de la sortie de l'étonnant film d'animation français "Renaissance", AlloCiné s'est entretenu avec le réalisateur Christian Volckman. Rencontre.

    AlloCiné : Comment vous est venue l'idée d'un projet aussi atypique que "Renaissance" ?

    Christian Volckman : En fait, le point de départ du long-métrage, c'est surtout une rencontre. Une rencontre de cinq passionnés. En 1999, je présentais un court-métrage lors d'un festival, le festival Imagina, et je suis tombé sur le travail de Marc Miance, un spécialiste de l'animation en trois dimensions. J'ai été absolument fasciné par les images qu'il présentait, qui étaient en fait les premières images noir et blanc en Motion Capture (ndlr : technique d'animation permettant d'enregistrer des mouvements de comédiens pour les appliquer ensuite sur un personnage virtuel en 3-D). Je ne savais pas encore que cela allait être le début d'une grande aventure et que mon premier long-métrage, six ans plus tard, allait être guidé par cette révolution dans le monde de l'image de synthèse. Tout s'est enchaîné très rapidement grâce au producteur Aton Soumache, puis avec l'apport des scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière. Ensuite, nous avons hiberné pendant six ans pour donner naissance à Renaissance ! (rires)

    L'option du noir et blanc, qui donne un rendu visuel époustouflant, a-t-elle été voulue dès le début ?

    C'était acquis dès le départ, oui. Ce qui était intéressant pour nous, c'était de pouvoir allier une histoire forte et cette notion de noir et blanc, allier le fond et la forme. Notre but, c'était que cette alliance aille jusqu'à en faire oublier au spectateur les notions d'animation, de noir et blanc, de technologie en général. Qu'avec Renaissance, au-delà même du défi visuel que le film représente, le public s'identifie à l'histoire. Pour cela, il était important de donner naissance à un monde totalement autonome, d'être crédible tant au niveau des personnages que de l'intrigue.

    Dans le monde que vous avez créé, Paris est montré sous un angle futuriste particulièrement impressionnant...

    J'ai toujours été fasciné par la vie urbaine, je pense que ça m'a beaucoup aidé. Il était logique de choisir Paris comme lieu de l'action de Renaissance. D'abord, les gens peuvent aisément s'identifier. J'ai voulu m'affranchir du Paris que tout le monde connait, transformer son image, la moderniser et lui donner un aspect plus sombre, que son côté gothique permet d'exploiter à merveille. Paris, on la connait romantique. Avec Renaissance, on la connaît étouffante, où les contacts humains se raréfient. On s'éloigne de son aspect touristique pour s'aventurer dans des endroits plus sombres.

    "Renaissance", par son aspect noir et blanc, vous permet de rendre hommage au film noir...

    C'est vrai que le procédé est l'écrin idéal pour le film noir. On a voulu créer un film qui soit à la fois un hommage à ce type de films et un hommage à la science-fiction. Nos influences pour Renaissance sont très nombreuses, car le film est au carrefour de multiples genres. Et elles sont autant cinématographiques que littéraires. Au cinéma, l'animation japonaise, d'Akira à Ghost in the Shell, ou des classiques de la SF comme Blade runner ou Bienvenue à Gattaca, sont des références. Sinon, Moebius, Enki Bilal ou encore Frank Miller sont des auteurs qui ont lancé des pistes très intéressantes.

    Frank Miller qui, avec sa série "Sin City" adaptée sur grand écran, semble le plus proche de l'univers visuel de Renaissance"...

    Visuellement, il est clair qu'on peut rapprocher les deux films. Le traitement visuel de Sin City m'a beaucoup intéressé. En revanche, au-delà de l'image, je suis un peu gêné par le cycle violence/sexe/violence/sexe dans le film. Je trouve qu'il n'y a pas grand-chose derrière la forme. Avec modestie et sans vouloir jouer la comparaison avec le film de Miller, duquel nous sommes tout de même très éloignés au final, ma grande satisfaction avec Renaissance est que nous avons sur concilier une forme, très originale, et un fond, avec une histoire à laquelle les gens peuvent s'identifier. Je pense, et j'espère, que c'est ce qui plaira au public.

    Propos recueillis par Clément Cuyer

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