Première question, évidente : quel effet ça fait de porter un casque nazi ?
Will Ferrell : C'était une expérience étrange effectivement, surtout vue de profil ! Mais la chose la plus bizarre pour moi a été de chanter et d'enregistrer des chansons avec un orchestre au grand complet. J'avais une sacrée pression et j'étais assez intimidé.
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Avez-vous rencontré Mel Brooks, qui a écrit la pièce originale ?
Bien sûr, il avait plein d'idées pour rendre le film meilleur. Il était là pour nous aider sur certaines répliques, mais également pour nous soutenir nous ainsi que notre jeune réalisatrice, Susan Stroman, qui n'avait pas beaucoup d'expérience dans le domaine du cinéma. Il a une vraie énergie positive, il nous inspirait beaucoup. Tout le monde était fier de participer à ce film.
Qu'aviez-vous pensé de la pièce originale justement ?
J'avais adoré. J'étais même étonné de voir à quel point j'avais aimé. Notamment parce que je ne suis pas un grand fan de comédies musciales habituellement, car je n'ai dû en voir que cinq dans toute ma vie. Mais j'ai trouvé Les Producteurs excellent et très drôle. J'étais abasourdi par l'humour, les choréraphies, les décors... Je suis ravi qu'ils m'aient offert ce rôle, et j'étais même étonné qu'ils ne proposent pas à l'acteur de la pièce de participer au film. En tout cas, je ne sais pas trop pourquoi je ne suis pas allé voir plus de comédies musicales, car maintenant je suis accro et je crois que je vais me laisser convaincre d'en voir plus...
Vous aimeriez tenter l'expérience Broadway ?
Pourquoi pas ? J'ai vu le spectacle de Christina Applegate et elle est géniale. Donc je me dis que ce serait marrant d'essayer un de ces jours. Il s'agit simplement de trouver la bonne pièce et un peu de temps entre mes projets de films. Christina m'a dit que c'était difficile d'enchaîner huit spectacle par semaine comme elle le fait. Et vous ne pouvez pas vous arrêtez, surtout quand ça marche comme c'est le cas pour elle. Elle m'a même confié qu'elle avait hâte que ça se termine : elle est tellement fatiguée de refaire constamment le même spectacle. Mais en tout cas, ce serait marrant de lancer un nouveau spectacle...
Pourquoi ont-ils faut appel à vous ?
Et bien je crois qu'au départ, ils pensaient engager l'un des gagnants de American Idols (La Nouvelle Star américaine, NDLR), puis éventuellement des chanteurs célèbres. Mais Mel Brooks pensait à moi, et ils se sont tournés vers moi. J'adore chanter, et c'est assez marrant de voir les gens essayer de discerner sir c'est moi qui chante ou pas...
Vous aimez chanter ?
De temps en temps, entre les prises, pour le plaisir... Vous savez, pour le fun...
Quelles ont été vos influences en tant qu'acteur ?
Et bien j'ai grandi en regardant Steve Martin et Bill Murray, donc on peut dire qu'ils ont eu beaucoup d'influence sur moi. Je regardais beaucoup le "Johnny Carson Show" car il y avait beaucoup de comiques qui y passaient. Mais je n'ai pas un cmédien fétiche ou une influence unique. Je dirais que je regarde constamment autour de moi et que j'apprends de tous les gens que je croise dans ce milieu. J'adore tout le monde. Et puis il y a Jim Carrey, il est brillant et je l'adore.
Vous enchaînez les succès depuis vos débuts. Est-ce que vous avez peur de l'échec ?
Vous savez, personne n'est à l'épreuve du flop et vous ne savez jamais si un film marchera ou pas. Chaque film est un pari. Et je suis certain que je connaîtrai le flop. Mais vous savez, tant que je suis content de mon travail et que je m'éclate, ça me suffit. Il vous faut être humble et accepter ce que la vie vous réserve...
Y'a-t-il quelque chose qui vous tienne à coeur et sur lequel vous aimeriez vous concentrer ?
Non, il n'y a rien en particulier qui me passionne que je ne fasse pas en ce moment. J'ai la chance de pouvoir faire ce que j'aime faire. C'est une vraie bénédiction. J'ai quelques idées qui se bouculent dans ma tête, et petit à petit j'ai la chance de pouvoir les concrétiser. Et puis je suis heureux d'avoir pu faire un film comme Stranger than fiction de Marc Forster, avec Dustin Hoffman et Queen Latifah. C'est un drame incroyable et une superbe histoire sur la foi et le destin.
Vous travaillez non-stop. Est-ce qu'un peu de répit se profile ?
Oui, l'année 2006 sera un peu plus calme je pense... Vous savez, j'ai travaillé dur cette année et j'ai besoin de faire une pause. C'est très fatigant et ça vous pompe toute votre énergie. J'ai besoin de changer un peu d'air.
Quel est votre genre de cinéma quand vous trouvez le temps de voir des films ?
Il n'y a pas de genre en particulier. Je vais rarement au cinéma. Je préfère les DVD et le câble, voir des films dans un endroit calme où je peux puisse me détendre. Récemment, j'ai adoré 40 ans, toujours puceau et Serial noceurs, deux films hilarants. Et Ma sorcière bien-aimée dans lequel j'ai joué bien sûr ! Je regarde plusieurs fois mes films, car la première fois je suis trop critique vis à vis de mon travail pour pouvoir appércier le film. A partir de la second vision, je commence à me relaxer et mon regard n'est plus aussi critique...
Avez-vous parfois été surpris par le succès de certains de vos films ?
Oui. je ne pensais pas que Back to school (retour à la fac) marcherait autant aux Etats-Unis. Il a cartonné au box-office et j'étais ravi. C'est toujours agréable d'avoir ce genre de surprises. Ca prouve à quel point on ne peut pas prédire le succès...
Est-ce que vous vous forcez parfois à être drôle ?
Non, je ne me force jamais. Je crois que le comique doit être naturel, quelque chose d'organique qui sort de vous sans être forcé. J'ai découvert très tôt que j'avais une sorte de prédisposition pour les gags ou les vannes. Mais ça n'aide même pas avec les filles ! A partir de là, j'ai fait mon chemin dans le milieu des comiques et du théâtre pour m'améliorer et voir si je pouvais en vivre. La stand-up comedy est quelque chose de très effrayant, mais c'est fantastique quand ça fonctionne et que les gens rient. C'est toujours agréable d'entendre les gens rire plutôt que pleurer.
Aviez-vous prévu une porte de sortie, au cas où ça n'aurait pas marché ?
Je n'en ai jamais eu. En fait, quand j'étais plus jeune, j'étais persuadé que j'allais faire quelque chose de "normal" une fois devenu adulte, et je suis surpris de voir que je suis devenu comique et acteur. J'ai toujours vu ce milieu comme quelque chose d'effrayant et d'instable, donc je n'ai jamais songé à faire carrière dans ce milieu. Surtout avec l'expérience de mon propre père qui était acteur. D'ailleurs, je suis heureux qu'il m'ait donné quelques conseils pour ne pas perdre la tête. Mais c'est vrai qu'à un moment, quand j'ai commencé à travailler en tant que comique, je me suis fixé certains objectifs, comme celui de participer au Saturday Night Live avant mes 27 ans. Et j'ai été embaaché à 28 ans. Donc non, je n'ai pas eu de "plan B". Je me suis laissé porter...
Quel est le meilleur conseil que votre père vous ait donné ?
De ne jamais oublier que le succès est basé sur le talent et le travail, mais surtout sur la chance ! Vous avez besoin de chance pour réussir. Et j'ai eu de la chance et me voilà... Je ne me suis jamais vu comme quelqu'un au-dessus du lot, mais comme quelqu'un qui a de la chance d'avoir eu de la chance...
Propos recueillis par Emmanuel Itier en décembre 2005 à New York