Lauréate d'un Golden Globe pour Desperate Housewives et en course pour les Oscars avec Transamerica, Felicity Huffman s'est confiée à AlloCiné Séries !
AlloCiné Séries : Quel effet cela fait d'être nommée aux Oscars et de jouer dans une des séries les plus populaires du moment ?
Felicity Huffman : C'est un sentiment incroyable de savoir où je vais avec ma carrière pour la première fois de ma vie. Il y a tout juste un an on ne me reconnaissait pas dans la rue mais aujourd'hui il faut que je mette des lunettes de soleil pour passer incognito.
J'ai une chance incroyable mais c'est aussi grâce à des années de travail sans avoir perdu la foi malgré les difficultés rencontrées. J'ai mis 20 ans pour en arriver là. Je vis un peu comme dans un univers parallèle où tous mes rêves sont devenus réalité. Tous les jours et plusieurs fois par jour je dis et redis à mon mari: “au fait je t'ai dit que j'allais aux Oscars?” !!
Vous êtes nominée pour votre rôle de trans-sexuel dans “Transamerica”, on est loin de "Desperate Housewives"...
C'est cela qui est génial quand on commence à être connue, c'est de pouvoir jouer tout plein de rôles différents. Jouer dans Transamerica fut un véritable défi. Il me fallait plus d'une heure d'échauffement et de préparation rien que pour obtenir le timbre de voix adéquat et suffisamment “masculin” pour mon personnage. Psychologiquement ce fut également une expérience émouvante puisque j'ai pu comprendre le dilemme rencontré par ces personnes. Soit ils font “le saut de l'ange” et changent de sexe et alors la société en général les repousse, soit il ne le font pas et c'est en eux-même qu'ils sont à jamais “brisés”. J'en avais les larmes aux yeux. C'est vraiment un film pur sur les différences, la tolérance, le respect, toutes ces valeurs qui chaque jour sont attaquées dans notre société. C'est aussi un film sur la famille. Comment aujourd'hui la dynamique, la structure familiale est totalement différente d'il y a 10 ou 15 ans. Finalement, aujourd'hui, si notre famille naturelle nous rejette, on peut toujours trouver ailleurs des gens qui nous aiment et nous donnent le sentiment de faire partie d'une famille.
Vous êtes une maman et une épouse, est-ce que cela influence la manière dont vous vivez vos rôles ?
Absolument! J'ai deux petites filles et forcément cela m'inspire dans mon travail, que ce soit dans Desperate Housewives ou dans Transamerica. Et puis c'est vrai que j'essaie de faire attention à ce que je choisis, ce que je dis car tôt ou tard mes filles verront mon travail et donc j'aurai des comptes à rendre! (rires). De plus je pense que c'est bien, notamment avec Desperate Housewives de montrer comment il est dur d'être une mère et une épouse modèle. C'est plutôt un sujet tabou que de se plaindre d'avoir des enfants, mais pourtant c'est vrai que ce n'est pas une mince affaire de les élever correctement. Même si vous les aimez à mort, avoir des enfants c'est justement un peu la mort en fait ! (rires). C'est pour cela que cette série est si réaliste. Par exemple, même si c'était un épisode dur et noir je pense que ce fut courageux de la part des producteurs de me montrer dans un épisode en train de me droguer. Cela montre le vrai visage de ce que vit une femme et à quel point ce n'est pas de la guimauve comme tous ces soaps vous poussent à le croire! De plus la drogue que je prenais est du Ritaline qui est en vente libre, cela souligne donc aussi un problème de législation que l'on devrait changer.
Vous aussi vous craquez de temps en temps, et vous ne vous dopez pas ?
Non pas besoin de cela pour moi. Quand je sens que je vais craquer je prends une tasse de thé et un bon livre et je file me coucher !!
Comment voyez-vous le rôle de la femme aujourd'hui au sein du couple et dans le monde du travail ?
Quelle question fascinante! Et bien, dans les années 50 et 60 la femme s'est rebellée contre sa position de “femme au foyer” et “épouse modèle”. Et on dit qu'aujourd'hui la femme se rebelle avec la notion de “mère modèle”. Finalement la femme a toujours été en révolution avec la société, avec elle-même. Le rôle de la femme a toujours été compliqué, je pense même qu'il est plus que jamais difficile d'être une femme car nous devons nous battre sans relâche sur tous les fronts. Pour ma part je tente vraiment de gérer au mieux mon emploi du temps de maman, d'épouse et d'actrice. C'est un jeu d'équilibre délicat et fragile. Et encore j'ai beaucoup de chance car Desperate Housewives est tourné à Los Angeles où je réside également. Donc tous les soirs je vois mes enfants et mon mari. C'est déjà une chance que bien d'autres collègues n'ont pas. En plus mon mari est un écrivain et un acteur, William H. Macy. L'année dernière je ne l'ai pratiquement pas vu pendant 3 mois car il tournait dans Sahara. C'est vraiment difficile d'avoir une vie de famille à Hollywood. Je crois que mon mari, que je sois plus célèbre qu'avant comme cela il peut maintenant se reposer et passer pour “invisible”...
Est-ce que vous passez beaucoup de temps avec les autres actrices de “Desperate Housewives” quand vous ne tournez pas ?
Etant donné que j'ai une famille cela m'est difficile. Mais c'est vrai que l'on se voit de temps à autre. Nous sommes toutes très proches les unes des autres, nous formons presque une famille. On voudrait vraiment que le show soit un succès sans fin pour que l'on puisse garder cette atmosphère de tournage totalement chaleureux et unique.
Nous échangeons pas mal de conseils pour garder la forme et le physique car à Hollywood le corps est une obsession. Mais j'ai de la chance de ne pas prendre facilement de poids. Et puis encore une fois il faut trouver un équilibre...et puis comment espérer être totalement en forme avec deux enfants! Entre mon boulot et ma famille j'ai vraiment l'impression d'être fatiguée en permanence!
Qu'est ce que vous voudriez que l'on retienne de "Desperate Housewives" ?
Que nous aussi en Amérique nous avons des tonnes de problèmes à régler dans nos familles et que nous sommes loin d'être aussi parfaits que ce que tentent de vendre les médias! Et c'est tant mieux car nous sommes tous juste des êtres humains, que nous soyons Américains ou Français ou autres... Superman et Supergirl ne sont pas de notre planète!
La semaine prochaine, rendez-vous avec...
Propos recueillis par Emmanuel Itier à Santa Barbara le 11 Février 2006