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    Lost selon Naveen Andrews

    Depuis septembre 2004, il interprète Sayid, l'un des survivants de "Lost". Sur le tournage de la 2ème saison, AlloCiné Séries a recueilli les confidences de Naveen Andrews.

    AlloCiné Séries : L'immense succès de "Lost" vous a-t-il surpris ? Qu'en attendiez-vous ?

    Naveen Andrews : J'ai été vraiment surpris ! C'est incroyable l'accueil qu'a reçu la série, car on ne pouvait absolument pas prédire ce qui allait arriver. C'est tellement arbitraire pour une série de rassembler un tel public. Si c'est bien écrit et bien joué, on s'attend à recevoir un peu d'attention, mais à ce niveau-là, c'est imprévisible ! On ne sait jamais quel élément va rendre une série populaire ou non.

    Pensez-vous que ce succès s'explique aussi par la saturation du public pour la "télé réalité" ?

    La plupart des séries sous-estiment l'intelligence de leur public. Au contraire, Lost incite les gens à réfléchir. C'est quelque chose d'inhabituel, et c'est probablement pour ça que la série plaît autant.

    À votre avis, en quoi la série incite-t-elle à réfléchir ?

    Je pense que, sans être moralisatrice, la série nous apprend à nous entraider et à vivre ensemble, si on ne veut pas tous disparaître de cette planète. Je trouve que c'est particulièrement d'actualité avec le climat actuel et le clivage Occident/Orient.

    "Lost" nous fait méditer sur la mortalité, sur notre place dans la société. Croyez-vous que la série ait une dimension spirituelle qui inspire les gens ?

    C'est tout à fait ça ! Je crois en effet que mon personnage est confronté à son esprit. Il doit re-visiter son passé, et découvrir qui il était et qui il est devenu. Cette île n'est pas réelle, elle n'est pas comme on l'imagine dans le monde physique. L'expérience spirituelle vient de la manière qu'on a de réfléchir et d'essayer de comprendre ce qu'il en est.

    La série met en évidence la relation entre causes et conséquences. Pensez-vous que "Lost" essaie de responsabiliser le public ?

    C'est parfait si c'est ce que vous ressentez. La série est à notre image, en tant que groupe de différentes nationalités, différentes races, différentes religions... Et, encore une fois, je crois que le public apprécie d'être considéré comme ce qu'il est : intelligent et mature. La série est faite pour eux, pour les honorer.

    Comme la plupart de vos partenaires de "Lost", vous étiez peu connu lorsque vous avez été choisi. Qu'avez-vous ressenti à ce moment-là ?

    Je suis content qu'ils aient pris le risque de choisir des acteurs peu connus. Il me semble qu'ils m'ont découvert dans Le Patient anglais. Lorsque j'ai appris que mon personnage était un soldat irakien, je me suis un peu inquiété car je ne savais pas comment il serait accueilli, aussi bien aux États-Unis qu'à l'étranger. Je suis ravi qu'il ait été accepté en tant qu'être humain. C'était également un défi pour moi, car je suis d'origine indienne et non du Moyen-Orient. J'ai fait pas mal de recherches et j'ai beaucoup travaillé sur mon accent. Mais il faut rester ouvert, ne pas être trop figé, au cas où les scénaristes décident de changer de direction pour votre rôle. En général, je me fie à mon instinct.

    Ne craignez-vous pas que le succès de la série vous enferme dans ce rôle ? Quelle liberté gardez-vous ?

    On est totalement libres ! Si on souhaite arrêter, on peut le faire n'importe quand, on n'est pas enchaînés. Mais pour le moment, c'est une bonne chose à laquelle se fixer, et je pense qu'aucun d'entre nous n'envisage de partir ! En plus, le succès de la série m'offre des opportunités, et maintenant, les gens me reconnaissent, j'adore ça ! Ce que j'aime aussi avec Lost, c'est que tout le monde regarde ; ça me change des petits films que j'ai faits avant. Ce n'est pas réservé à une élite comme certains programmes, c'est vraiment pour n'importe qui. Ça me touche que les gens apprécient, mais je garde les pieds sur terre : ce n'est qu'un personnage que je joue, ce n'est pas moi.

    Vous êtes Anglais d'origine indienne. Comment est la vie d'un "étranger" à Hollywood ?

    En fait, j'ai vraiment trouvé un "chez moi" à Hollywood. Pour la première fois de ma vie, je sens que j'ai un avenir, ce que je n'ai jamais ressenti en Angleterre, depuis l'école d'art dramatique jusqu'en 1998 ! Il n'y avait pas de travail pour moi. Je trouve que l'Europe est vraiment étroite d'esprit. Ils recrutent trop souvent dans leur propre petit continent. Ils ne savent pas ce qui s'est passé après 1945, surtout les Français et les Anglais. Être Indien, et penser et parler comme je le fais, je ne me suis jamais senti à ma place en Angleterre. J'ai l'impression de m'être évadé. Ici, on m'accepte pour ce que je suis. Je suis heureux de pouvoir enfin être moi-même. Donc, dans mon cas, c'est une bonne chose d'être un étranger à Hollywood.

    "Lost" montre également qu'on peut tous aller au-delà de nous-même, grandir et mûrir, et être acceptés pour qui on est. Qu'en pensez-vous ?

    Ça prouve à quel point la série est géniale. Elle est si bien écrite qu'elle libère les gens de la petite boîte dans laquelle la Société les enferme en général. Je suis épaté qu'un network américain ose diffuser une série si révélatrice. Ensuite, selon l'argent que ça va rapporter, on verra d'autres séries comme celle-là sur d'autres chaînes. C'est une bonne chose d'avoir davantage de programmes qui font réfléchir. Mais, est-ce que je pense que ça va faire évoluer les gens pour les faire sortir de leur boîte ? Pas si sûr. Il n'y a qu'à regarder toutes les guerres qui se déroulent de par le monde ; on est dans une misère pire qu'au XIVe siècle ! Je crois que c'est trop demander de vouloir que la série rende le monde meilleur. Mais qui sait...

    D'après vous, vers quoi s'oriente la série ? Êtes-vous perdus pour toujours ?

    Pour être honnête, je n'en ai aucune idée. Mais je pense que pour garder la qualité d'écriture et la spontanéité, elle ne doit pas dépasser 3 ans. Au-delà, ça ne peut que baisser et se répéter. Parfois, je me dis que ce serait génial de terminer après une seule et fantastique 1ère saison ! C'est très "punk" comme façon de penser, parce que ça n'est pas forcément bon pour la carrière ni pour payer les factures. C'est très 1968. Ce serait super, mais c'est une machine à rapporter de l'argent, donc on ne nous laisserait jamais faire ça. Alors peut-être qu'on va continuer et rester perdus pour toujours...

    Propos recueillis par Emmanuel Itier en décembre 2005

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