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    Quand Dany Boon s'en va-t-en guerre...

    Revenu des tranchées de "Joyeux Noël", Dany Boon s'est livré pour AlloCiné à quelques confidences sur ce drame historique de Christian Carion, en salles ce 9 novembre et en lice pour les Oscars 2006.

    On ne présente plus Dany Boon. Je vais bien, tout va bien, Dany Boon en parfait état, Dany Boon fête ses 10 ans, Waïka... Ses one man shows, à chaque fois couronnés de succès, lui ont permis d'asseoir sur scène comme à l'écran sa notoriété de chtimi. Après de timides débuts au cinéma - Le Déménagement, Bimboland, Pédale dure-, l'humoriste aux origines nordistes se voit propulsé à l'affiche d'une grosse production européenne, Joyeux Noël, qui aborde un aspect méconnu de la Première Guerre mondiale, celui des fraternisations entre camps adverses. Rencontre avec un soldat de l'humour... et de l'émotion.

    AlloCiné : Quelle place occupe "Joyeux Noël" dans ta carrière ? Ce film correspondait-il à une envie réelle de changer de registre et de montrer une nouvelle facette de ton jeu ?

    Dany Boon : Je ne prends pas tellement de recul sur la façon dont je mène ma carrière. Celle-ci est émaillée d'aventures, de moments enrichissants. Ma participation à ce film reposait avant tout sur une rencontre. Christian Carion est venu me trouver pour me parler de son film et me dire qu'il avait écrit un rôle pour moi. Il a évoqué un sujet qui me touche particulièrement, puisque le Nord, dont je suis originaire, a beaucoup souffert des deux guerres. Et puis j'avais très envie de jouer un personnage à la fois drôle et émouvant. En temps normal, je ne fais aucun plan de carrière. Ce qui m'angoisse terriblement par exemple, c'est l'idée qu'un spectacle, celui qui se déroulera à l'Olympia à partir du 5 avril 2006, a été prévu deux ans auparavant. Mais en même temps, c'est un moteur pour écrire des sketches. Je me situe plus dans le hasard de la rencontre, à la croisée des désirs de chacun de tourner avec moi, de partager quelque chose. Lorsque quelqu'un écrit un rôle pour moi, je m'investis pleinement pendant les cinq mois de préparation et de tournage et je fais en sorte que l'on soit, le réalisateur et moi, pleinement satisfait du travail accompli.

    Ne souhaitais-tu pas, en incarnant ce soldat, rendre hommage à l'un de tes aïeuls qui a combattu durant la guerre de 14-18 ?

    Complètement ! Faisant partie des tireurs d'élite, il était omniprésent au front. C'est comme ça qu'il a été laissé pour mort sur le no man's land. Il est resté deux ans à l'hôpital avec des éclats d'obus et a subi un nombre terrifiant d'opérations. Malgré sa jambe plus courte que l'autre, il a refusé d'être considéré comme invalide de guerre. Participer à ce film, c'était aussi pour moi une façon de rendre hommage à son courage. J'ai ainsi puisé mon inspiration dans les souvenirs de ma famille. Celle-ci a également souffert de cette guerre et éprouvé une certaine animosité à l'égard des Allemands.

    Ce film est porteur d'un message de tolérance, d'entente à l'heure européenne...

    C'est un message de libre pensée, de recul, de réflexion que véhicule le film, pas seulement pour l'Europe, mais aussi pour les conflits disséminés à travers le monde. C'est aussi un film sur les extrémismes quelqu'ils soient et le conditionnement en général. Les gens sont conditionnés à la haine de l'autre, surtout en temps de guerre. Le discours du général - personnage incarné par Bernard Lecoq - ressemble à celui que tient Bush, c'est le discours du bien contre le mal. Comme si les Allemands qui ont combattu dans les tranchées étaient nécessairement mauvais. Aujourd'hui, il est possible de voir des enfants israéliens et palestiniens jouer ensemble au football. Il faudrait que ce soit la même chose partout, quelque soit le conflit ou le pays, au Pakistan, en Irak...

    Au départ, est-ce qu'on ne se sent pas un peu perdu au coeur d'une si grosse production avec des acteurs de renommée internationale ?

    Non, pas spécialement, et puis je suis habitué à voyager, donc ça va (rires). On s'est beaucoup amusé, mais pas la première semaine. Il a fallu attendre que tout le monde se connaisse et se lâche. C'était la fraternisation au front, mais aussi sur le tournage. Et puis, d'un côté, il y avait Christian Carion, qui est comme moi chtimi, et de l'autre, Guillaume Canet avec qui je me suis très bien entendu. J'étais son aide de camp. Nous étions aussi complices qu'à l'écran.

    A Cannes, tu parlais de ce film non seulement comme d'un cadeau artistique mais également humain...

    Ce cadeau humain, c'est la rencontre avec tous ces acteurs. J'ai vécu un moment très fort lors de la projection officielle du film à Cannes. Les gens, essentiellement du métier, nous ont fait une standing ovation pendant dix minutes. Et avec les acteurs allemands, on a eu cette réaction de se prendre dans les bras les uns des autres. C'était très émouvant, surtout lorsqu'on pense qu'il y a cent ans, on aurait très bien pu se foutre sur la gueule.

    Cannes, bientôt les Oscars... Penses-tu être entré dans la cour des grands ?

    Je ne sais pas, je ne suis qu'un rouage du film. En tout cas, j'étais heureux d'avoir assisté à un tel événement à Cannes. Et si le film va aux Oscars, et bien j'irai...

    De la façon de travailler de Christian Carion, as-tu tiré des enseignements pour ta première réalisation, "La Maison du bonheur" ?

    Bien sûr, on tire toujours des enseignements des expériences que l'on a faites. Il était beaucoup plus net sur La Doublure de Francis Veber - en salles le 29 mars 2006 -, car c'est une comédie assez proche de mon film, même si nous ne l'abordons pas de la même manière. Pour revenir à Christian, ce qui m'a le plus marqué, c'est sa faculté à aller au bout de ses idées, et ce malgré les avis contraires auxquels il a dû faire face. Il n'est pas un réalisateur mais un grand cinéaste. En cela, il est parvenu à sauvegarder le lyrisme du film, son côté humain. J'étais fasciné par sa façon d'être proche des autres, de prendre le temps d'être à l'écoute des sentiments et des doutes de chacun.

    Pour conclure, un mot sur ta participation au très attendu "Astérix et les Jeux Olympiques"...

    Eh oui, c'est confirmé. Mais rien n'est encore définitif. Reste à connaître les dates de tournage et à définir précisément mon rôle. Il est en cours d'écriture. Tout ce que je peux dire, c'est que mon personnage, peu connu du grand public, sera assez marrant.

    Propos recueillis par Guillaume Martin le jeudi 27 octobre 2005

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