AlloCiné : Est-ce que les spectateurs doivent connaître la série Firefly avant de voir son adaptation cinématographique Serenity ?
Nathan Fillion : Lorsque Joss Whedon écrivait le scénario, sa préoccupation majeure était de rendre le film abordable même sans avoir vu la série. Tout ce que vous devez savoir se trouve dans les dix premières minutes, dans cette scène d'exposition à la fois limpide et divertissante. Si vous avez vu Firefly, ce sera comme de retrouver des vieux amis et si vous ne l'avez pas vu, ce sera un film palpitant avec de bons personnages.
La série d'origine, Firefly, ayant été annulée, le film est-il une revanche ?
L'annulation m'a brisé le coeur, j'en ai été déprimé. Je ne quittais pas ma maison, j'ai pris du poids. C'était comme se faire larguer par une très jolie fille. Et quand le projet Serenity est venu sur le tapis, mon coeur était tellement brisé qu'il m'était impossible de tomber à nouveau amoureux. Lorsque Joss m'a dit qu'il allait peut-être faire le film, j'ai pensé que ça pourrait être génial mais le coeur n'y était pas. Ensuite il m'a dit qu'Universal avait acheté les droits, j'ai trouvé ça formidable mais je n'arrivais toujours pas à y croire. Il a écrit le scénario, a obtenu le feu vert, on a commencé à répéter, à tourner... Je n'ai réalisé qu'après trois semaines de tournage que cet amour ne me serait pas repris ! J'étais à nouveau libre et capable d'aimer. Ça a réellement été une expérience très personnelle. J'avais mis dans Firefly tous mes rêves, tous mes espoirs et ça avait été piétiné. Mais cette expérience m'a beaucoup appris sur Hollywood, notamment qu'il n'y a aucune garantie. A l'époque de la série, je ne me suis pas protégé : j'aimais mon rôle et les autres personnages, les dialogues, l'histoire, mes collègues, mon chef, l'équipe technique, j'aimais tout ! Lorsque Firefly a été annulée, je l'ai pris personnellement. J'en ai pleuré.
Il était donc facile d'endosser à nouveau le costume de votre personnage ?
Oui, je connaissais le personnage, chacun d'entre nous connaissait le sien et on était tellement à l'aise. C'était des retrouvailles, comme un retour à la maison après de longues vacances. Mais ouvrir à nouveau mon coeur, ça oui, ça a été dur.
C'est assez unique de voir une série annulée être adaptée au cinéma...
Nous sommes tout d'abord reconnaissants envers Joss Whedon d'avoir créer un univers aussi beau. Mais il ne faut pas oublier le public qui a tout fait pour ne pas laisser mourir la série, ils n'ont jamais lâché l'affaire. Ils se sont regroupés dans des clubs, ont organisé des conventions et se sont battus pour que le film voit le jour. C'est fou. Mais j'aime cette folie. Et je suis fier que la série ait de tels fans.
Après l'annulation de la série, le sentiment d'injustice a dû être un sacré moteur pour tout le casting...
Tout le monde était partant, gonflé à bloc. Pas un d'entre nous n'y est allé en traînant les pieds.
Joss Whedon réalisateur pour la télévision est-il différent du Whedon réalisateur de Serenity ?
Lorsqu'il travaillait sur Firefly, il avait deux autres séries diffusées simultanément (ndlr : Buffy et Angel) ! Nous ne l'avions donc pas que pour nous, pas autant que nous le désirions en tout cas. Pour Serenity, il était à 100% avec nous. Avec Joss Whedon, vous ne pouvez pas échouer, parce qu'il est à l'écoute et toujours prêt à tenter des choses. Il crée un environnement très sain et stimulant qui pousse chacun à tenter, à jouer.
Quelles sont les modifications majeures par rapport à la série ?
Serenity n'est pas un épisode de Firefly. C'est un film à part entière. A l'époque de la série, le network (ndlr : la Fox) voulait de l'action, des personnages funs. Mais il se trompait. Firefly était une série sur un futur sombre dans lequel les hommes s'affrontent. Les gens chez Universal eux l'ont compris, ont eu confiance en Joss et l'ont laissé raconter l'histoire qu'il avait en tête. Et ça fait toute la différence !
Etes-vous un fan de science-fiction ?
Depuis que je suis tout petit ! Lorsque mon père m'a emmené voir La Guerre des étoiles, nous avons tout de suite compris que nous regardions un film très spécial et nous y sommes retournés le lendemain ! J'aime la science-fiction, le fantastique, les histoires d'extraterrestres. J'adore Blade runner et tous les films de ce genre. Si je ne devais faire que des films de SF, je serais heureux !
Propos recueillis par Clément Cuyer
