Ciao Chaillot, hello Bercy... Inaugurée lundi 26 septembre par le Ministre de la Culture Renaud Donnedieu de Vabres, en présence des maîtres Martin Scorsese et Wong Kar Waï ainsi que de nombreuses personnalités du monde du 7e art, des médias et de la politique, la Cinémathèque, désormais sise 51 rue de Bercy, rouvre ses portes au public ce mercredi. Fondé en 1936 par le charismatique Henri Langlois, aujourd'hui présidé par le réalisateur-producteur Claude Berri et dirigé par Serge Toubiana, ancien rédacteur en chef des Cahiers du Cinéma, cet organisme privé (même s'il est largement financé par l'Etat) vise à assurer la conservation et la diffusion du patrimoine cinématographique, à travers projections, expositions, conférences et ateliers.
14000 m², 4 salles de projection
Après dix ans d'incertitudes et de querelles, à la fois politiques, esthétiques, économiques et architecturales, le temple de la cinéphilie, qui, depuis 1963, et jusqu'en février dernier, occupait le Palais de Chaillot, Place du Trocadéro, a finalement élu domicile dans le XIIe arrondissement de Paris, quelque part entre la Bibliothèque Nationale de France, le POPB, l'UGC Ciné Cité Bercy et le Ministère des Finances. Edifié en 1994 pour abriter l'éphémère Centre culturel américain, le bâtiment a été conçu par Frank Gehry, à qui on doit notamment le musée Guggenheim de Bilbao, puis réaménagé par Dominique Brard. Dotée d'un budget de 16 millions d'euros, cette antre du celluloïd renferme, sur une surface de 14 000 m², 4 salles de projection, des salles d'exposition permanentes et temporaires, ainsi que la précieuse BIFI, Bibliothèque du Film, très prisée des étudiants, et qui doit fusionner avec la Cinémathèque le 1er janvier 2007.
Clap de début avec Jean Renoir et Michael Caine
Alors qu'elle ne comptait, dans sa précédente configuration, que de deux écrans (à Chaillot et sur les Grands Boulevards), la Cinémathèque dispose donc à présent de quatre salles de projection : deux (d'une capacité de 415 et 188 places) seront dédiées aux rétrospectives, une troisième (de 95 places) permettra de voir et revoir les grands classiques du cinéma mondial, la dernière (de 83 places) sera réservée au jeune public et aux scolaires -les activités pédagogiques étant l'un des axes privilégiés par la direction. Côté programmation, une intégrale Jean Renoir et une rétrospective Michael Caine ouvriront les hostilités. Sont prévus dans le courant de l'automne des intégrales Douglas Sirk et David Cronenberg, un zoom sur les documentaires de Louis Malle et un coup de chapeau à Walter Hill, un menu varié qui manifeste une volonté de rassembler les cinéphiles pointus et le grand public.
Etoiles et toiles
Mais l'événement de cette ouverture est sans conteste la vaste exposition Renoir/Renoir (jusqu'au 9 janvier 2006), ou la confrontation des oeuvres cinématographiques de l'auteur de La Règle du jeu aux oeuvres picturales de son Auguste père. Montée en association avec le Musée d'Orsay, cette exposition, qui entend faire dialoguer cinéma et peinture, s'accompagne de tables rondes, lecture et ateliers autour de ces deux illustres artistes. D'autre part- et en attendant l'ouverture d'un hypothétique Musée du 7e art-, une exposition permanente baptisée "Passion cinéma" propose au visiteur de découvrir sur plus de 1000 m² les trésors amassés au fil des décennies par la Cinémathèque, grace à des collectionneurs privés et à des institutions. C'est ainsi que le cinéphile, après avoir contemplé lanternes magiques et projecteurs primitifs, pourra se retrouver nez à nez avec le robot du Metropolis de Fritz Lang ou avec la tête de mort emperruquée du Psychose d'Hitchcock...
Julien Dokhan
Cinémathèque française
51, rue de Bercy
75012 PARIS
Exposition temporaire Renoir/Renoir jusqu'au 9 janvier 2006
Pour connaître toute la programmation, les horaires et les tarifs, rendez-vous sur le Site officiel.
