Le capitaine Julie Leroy est le fil directeur de l'histoire, le personnage qui tisse les indices et dénoue les mystères. D'un côté, une sombre enquête policière à élucider ; de l'autre, une quête personnelle à mener. Des investigations parallèles qui finiront par s'entrecroiser...
Qu'est-ce qui vous a plu dans l'histoire de 3 femmes... un soir d'été ?
D'abord le personnage de Julie Leroy : elle est le vecteur de l'histoire, direct et tranchant, qui ouvre, au fil de l'intrigue, des fenêtres sur des personnages truculents. Cette capitaine de police est d'abord là pour faire son job et doit donc mettre son affect de côté. En tant que comédienne, il était très intéressant d'envisager une interprétation très "épurée".
Se glisser dans la peau d'une capitaine de police a-t-il nécessité une préparation particulière ?
En fait, je me suis surtout imprégnée du texte afin de pouvoir uniquement me concentrer sur mon interprétation et acquérir certains automatismes de jeu. Si vous ne maîtrisez pas parfaitement un scénario, vous perdez toute crédibilité et, en plus, complètement flippée, vous prenez beaucoup moins de plaisir à jouer ! J'ai beaucoup travaillé l'autorité de Julie. Malgré son jeune âge, il fallait la rendre dure sans pour autant en faire une gueularde, et sans tomber dans la caricature. Dans certaines scènes, lors des interrogatoires de l'enquête par exemple, j'ai pu prendre certaines libertés. Au lieu de faire peur, d'acculer les suspects, pourquoi ne pas être au contraire très gentille et vachement sympa ? Car il n'y a rien de plus déstabilisant que de se retrouver face à une assise profonde d'autorité... Je ne me compare pas du tout à lui, mais regardez Marlon Brando dans Le Parrain : Il ne fait rien ! Il est très charmant, souriant sauf que lui, on n'a pas trop envie de l'emmerder ! Bizarre, hein ? (rires)
Julie se montre-elle plus sensible dans le cadre de sa quête personnelle ?
Une part d'elle-même est obscure et muette, et Julie ne demande qu'à l'éclairer pour exister pleinement. En venant à Condor, cette capitaine de police espère aussi découvrir d'autres vérités. Celles de son passé. Du coup, dans son enquête personnelle, elle peut être, par moments, beaucoup moins "en contrôle". Même si, déformation professionnelle oblige, elle ne montre pas ses sentiments et que ses mécanismes de défense sont en béton, Julie a des failles et peut, tout d'un coup, se prendre des gifles énormes. Lors de cette double enquête, elle marche, sans le savoir, sur des bombes. Et quelles bombes !
Pourquoi la relation entre David - pourtant charmant ! -, et Julie commence-t-elle à s'effriter ?
En fait, David est un prétexte. Ç'aurait pu être n'importe qui d'autre, Julie est de toute façon incapable de s'engager. C'est vrai que David est adorable, attentif, aimant... et plutôt du genre gendre idéal ! Mais tant qu'elle ne s'aimera pas elle-même, Julie sera incapable d'aimer. Il faut être prêt pour le bonheur.
Julie est pourtant très vite émue par Mathias...
Je pense qu'inconsciemment Julie fait une sorte de transfert. Mathias vient de cette terre qui est aussi la sienne...
Un troisième homme fait partie de la vie de Julie, il s'agit de Jeff, son binôme. Quelle est la force de ce duo de flics ?
L'humour, la différence d'âge. Le fait aussi que Julie vienne de la ville et que Jeff soit un garçon du terroir. Elle est très touchée par l'authenticité de ce garçon... Une sympathie spontanée naît entre ces deux personnages qui vont devoir faire équipe ensemble. Malgré une certaine pudeur - de rigueur dans la profession -, Julie et Jeff s'aiment beaucoup. Sans vraiment se l'avouer.
C'est la quatrième fois que vous jouez aux côtés de Bruno Slagmulder. Un hasard ?
Non, non, sa présence est stipulée dans mon contrat (rires) ! On a appris à se connaître au fil des tournages, "La vie érotique de la grenouille", "Si j'avais des millions"... Bruno est très rigoureux, très bosseur. Et, de ce point de vue, on se ressemble beaucoup : on ne lâche jamais prise.
En tant que fil conducteur de l'histoire, vous donnez la réplique à l'ensemble des personnages de la fiction...
C'est génial de pouvoir jouer avec pratiquement tout le monde. C'est comme un sport : le positionnement est toujours spécifique. Donner la réplique à Fanny Cottençon ou à Nathalie Richard est complètement différent. Stéphane Audran – "Le Festin de Babeth" est l'un de mes films fétiches – et Jean-Claude Drouot m'ont beaucoup impressionnée. Et, cette fois, avec Guy Marchand, les rôles se sont inversés : dans "L'été rouge", c'était lui le flic ! Faire face à chaque partenaire nécessite à chaque fois une trouvaille, un ajustement... Un exercice assez jouissif.
Quant à vos projets ?
"La Goule", ma première BD, est sortie pendant le tournage de la saga. Ce texte, que j'avais écrit il y a pas mal de temps, a été illustré par Merlin. J'aime la liberté qu'apporte ce support. Tout ce qui est de l'ordre du rêve, du fantastique, du poético-réaliste, du délire devient possible. Sinon, il y a un an et demi, j'ai réalisé un court-métrage. Une expérience que j'aimerais réitérer aussi... Réaliser, jouer, écrire, ma vie n'est complète que lorsque je parviens à jongler entre mes différentes envies.
Propos recueillis par Amélie de Vriese et Céline Boidin