La genèse du projet
Nicole Jamet : Nous étions très tentées d'écrire un grand feuilleton d'été car c'est le format le plus long entélévision. Nous nous sommes isolées dans ma maison du Var et nous nous sommes donné un mois pour écrire un synopsis.
Marie-Anne Le Pezennec : Ensemble et séparément, nous avions souvent travaillé pour TF1. Nous connaissions la ligne éditoriale de la maison.
La coécriture en développement
N.J. : Après acceptation du projet, nous l'avons développé, gardant à l'esprit les feuilletonistes du XIXe...Comme depuis huit ans que nous travaillons ensemble, nous avons été complémentaires, Marie-Anne apporte le côté polar, moi la saga familiale. Et je dois reconnaître que je suis ravie car des propositions dépassant le cadrehabituel ont été retenues.
Le point de départ
M.-A.L.P. : De mes racines bretonnes, il me reste mon nom. Je suis attachée à cette région même si le temps n'y est pas forcément clément. Les Celtes, croyants par superstition, aiment les légendes.
N.J. : Nous avons lu par plaisir un certain nombre de livres sur les légendes celtes. Pour nous mettre dans l'ambiance. Nous avons créé Ty Kern, une île quelque part enBretagne.
M.-A.L.P. : Nous avons construit notre histoire autour d'une légende que ma grand-mère me racontait et que nous avons agrémentée. Point important : nous nous sommesappliquées à écrire une histoire foncièrement moderne.
Enquête, fantastique et sentiment
M.-A.L.P. : Le côté "polar" était une évidence. Le policier donne une structure, un squelette à l'histoire. Puis vous y apportez tous les ingrédients du romanesque, les secrets de famille, les mensonges, les histoires d'amour... Cette fois, nous avons introduit du fantastique !
N.J. : ... Ce qui nous a valu de petites aventures pendant le tournage. Des regards noirs lancés vers les décors, des réflexions... En quittant l'hôtel un jour pour me rendre sur le tournage, j'avais mon scénario sous le bras et j'ai croisé un homme qui m'a dit : "j'espère que cette histoire ne vous portera pas malheur"...
Les rôles
M.-A.L.P. : Il y a beaucoup de personnages ambigus. Même les gentils traînent des casseroles. Cela fournit dela "matière" aux comédiens. A l'inverse, le rôle joué par Bruno Madinier est sans doute l'un des plus difficiles car il a peu d'éléments sur lesquels s'appuyer. Pourtant, il a trouvé ses marques, il est complètement dans le personnage,décalé et toujours un peu sarcastique.
N.J. : Une scène au moins permet de comprendre les ambivalences, les failles de chaque rôle, même le plus sombre.
Le casting
M.-A.L.P. : Le film est servi par une belle distribution. Yves Rénier, Martine Sarcey et Georges Wilson sont même trois acteurs auxquels nous avons pensé en écrivant Dolmen.
L'île
N.J. : Nous y tenions beaucoup car elle était garante d'une identité forte et celte. La nature y est puissante, autant dans sa générosité que dans sa violence. Les éléments, très présents - la mer, le vent, le soleil, etc. - lui donnent véritablement vie ; elle devient un personnage du film. Ce microcosme nous renvoie à un instinct rural, à la notion de clan.
La terre celte
M.-A.L.P. : Un soir, après le tournage, j'ai décidé de passer voir le décor installé par les équipes dans la journée ; j'avance en auto le plus près possible du sitepuis je continue à pied... et d'un coup, l'ambiance très particulière, en marge, m'a fait faire demi-tour.
N.J. : En terre celte, les brusques changements de lumière peuvent en un instant transformer un paysage innocent en un environnement hostile. Nous sommes dans le pays de la transformation ; les choses y changent comme par magie.
Propos recueillis par Maud Fayat