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    "Garden State" : rencontre avec Zach Braff

    Un film phénomène. Devenu culte en quelques semaines outre-Atlantique, "Garden State" débarque sur nos écrans ce 20 avril. Nous avons rencontré son jeune et heureux réalisateur, Zach Braff.

    Allociné : En France, personne ne connaît Zach Braff. Qui êtes-vous ?

    Zach Braff: La plus grande star des Etats-Unis ! Je ne peux pas croire que vous n'ayez jamais entendu parler de moi ! (rires) Je suis encore plus célèbre que David Hasselhoff en Allemagne ! (rires). Non, en réalité, je suis un acteur qui a eu beaucoup de succès dans une série télé très populaire : Scrubs. Avant cette série, j'avais fait une école de cinéma. Du coup, lorsque l'opportunité s'est présentée de réaliser mon propre film, j'ai sauté sur l'occasion. Garden state était né.

    "Garden state" a été décrit comme un film générationnel. Comment vivez-vous ce statut ? Et pensez-vous qu'en Europe les réactions seront les mêmes ?

    Ce fut une fantastique surprise pour moi. D'autant plus que je n'ai jamais réalisé Garden state dans cet esprit-là... Maintenant, j'espère que les réactions européennes seront les mêmes, voire peut-être meilleures ! Le public européen est plus patient, plus réceptif à ce genre de films, plus intéressé aux relations qui unissent les personnages.

    Les thèmes que vous abordez ne sont pas forcément très originaux... Mais vous racontez tout ça différemment, avec un certain décalage, une indéniable fraîcheur. Et vous touchez le public sans que l'on sache réellement pourquoi...

    "Merci beaucoup !" (en français dans le texte)(rires). Pourquoi Garden state touche le public ? Je ne sais pas... Ce que j'ai écrit et raconté m'est très personnel. Mais je crois que la raison pour laquelle tant de gens pleurent devant ce film, c'est l'amour. Pas l'amour au sens romantique du terme, pas l'amour entre un homme et une femme, mais le véritable amour, celui de la famille, des amis. Nous sommes tous des enfants incompris. On peut avoir des amis, des relations superficielles, et pourtant se sentir seul. L'amour dont je parle, c'est celui des gens qui vous comprennent. Finalement, Garden state ne parle que de cela : mon personnage rencontre une fille qui va enfin le comprendre. Et qui va l'aimer comme personne. Je pense que tout le monde connaît ce sentiment...

    Pour un premier film, "Garden state" est très abouti, très mature. C'est rare. Comment êtes vous parvenu à ce résultat ?

    Je suis d'accord avec vous. Les jeunes réalisateurs ont tellement à coeur de réaliser un film unique, qu'ils en font trop. Ils cherchent à se montrer et éclipsent les personnages, voire oublient l'histoire qu'ils racontent. Vous pouvez avoir du style sans pour autant éclipser le film. Pour Garden state, je ne voulais pas de flashback, ni de voix off. Et encore moins d'une caméra épileptique genre MTV. Je voulais raconter une histoire complètement linéaire. Une histoire calme. L'attention du spectateur doit être consacrée aux personnages, pas à ce que fait la caméra. Les réalisateurs qui tentent d'attirer l'attention sur eux m'exaspèrent. De mon côté, j'aime trop les acteurs et les dialogues pour les faire passer au second plan.

    Ca se ressent dans le film. Pourtant, il y a un plan vraiment spectaculaire dans "Garden state" : le travelling au-dessus du gouffre. Un moment clé du film qui agit comme une libération pour le spectateur...

    L'idée était de faire de cette scène un véritable tournant. A un moment du film, après un long voyage, les personnages se retrouvent sous la pluie devant un gouffre immense. Et ils crient comme ils n'ont jamais crié ! Ils crient indéfiniment. Comme si c'était la première et la dernière fois. Ils hurlent contre tout, contre le monde entier ! Ce gouffre, c'est un peu la face sombre de leur vie. Et ils lui disent enfin : "Fuck You !" Pour réprésenter ça, j'ai imaginé un immense travelling arrière, comme si la caméra était repoussée par ce hurlement. Ce plan était un vrai défi puisque rien n'était réel : il a tout fallu créer par ordinateur.

    Les acteurs sont incroyables. Ian Holm, Peter Sarsgaard, vous-même... Et puis il y a Natalie Portman qui a rarement été aussi belle et pétulante. Vous formez un couple magnifique. Qu'est-ce qui vous a séduit chez elle ?

    Natalie, c'est bien sûr une fille magnifique et une vraie star du cinéma. Mais elle a quelque chose de plus : du charisme, de l'esprit, de l'énergie... C'est rare chez les jeunes actrices. Pour le film, il n'était pas question d'avoir le stéréotype de la grande star d'Hollywood. Il fallait une femme-enfant. Dès le début, j'avais pensé à Natalie Portman. Nous avons dîné tous les deux et elle a accepté de jouer dans Garden state. Comme avec tous les autres acteurs, j'ai eu de la chance...

    Propos recueillis par Julien Abadie

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