La Passion du Christ suscite toujours autant de débats "passionnés" chez les professionnels du cinéma. Dernier rebondissement en date : le refus par Marin Karmitz, patron de la société MK2, de programmer le film de Mel Gibson dans son réseau de salles. "Fasciste", "antisémite" et "d'une violence inouïe", tels sont les qualificatifs qu'il emploie pour juger ce long métrage attendu en France le 31 mars prochain et ainsi motiver sa décision.
"Une internationale de l'intégrisme religieux"
"Voir un homme torturé pendant deux heures avec un pot de pop corn à la main est quelque chose qui me révulse", a-t-il déclaré. Dans une interview accordée récemment à Télérama, Marin Karmitz affirmait que derrière cette Passion, "on peut apercevoir toute une internationale de l'intégrisme religieux, un martyrologue fondé sur la violence, le mépris des corps et la haine de l'humain (...) Pour moi et les gens qui travaillent avec moi, le cinéma ne peut pas être un instrument de propagande fasciste. Je ne souhaite pas me prêter à ce type de manipulation".
"Un film sur la souffrance et la tolérance"
Le producteur Tarak Ben Ammar, également distributeur du film via la société Quinta Communication, se défend en expliquant qu'un film suscitant autant d'engouement dans le monde ne pouvait être qualifié de fasciste. Il ajoute : "Nous l'avons projeté à des survivants de l'Holocauste et à des leaders d'opinion juifs qui n'ont vu aucun penchant à l'antisémitisme (...) Ce n'est pas un film sur la violence mais sur la souffrance et la tolérance (...) Il était de mon devoir, en tant que bon musulman et par respect pour les trois religions monothéistes, de montrer La Passion du Christ aux Français afin qu'ils se fassent leur propre jugement". Interdit aux moins de 12 ans, ce film retraçant les douze dernières heures de la vie du Christ sera diffusé dans plus de 520 salles en France.
Guillaume Martin avec AFP et Reuters