Le Jury de la compétition officielle du 15e Festival du Film d'Action et d'Aventures de Valenciennes, présidé par le comédien Philippe Torreton, a rendu son verdict, préférant l'aventure humaine à l'action pure. "A l'unanimité", le Grand Prix du Festival a ainsi été décerné à l'émouvant Osama de Sedigh Barmak. Premier long-métrage afghan réalisé après la chute du régime du Mollah Omar, Osama narre le parcours saisissant d'une gamine de 12 ans qui, sous l'ère des talibans, est obligée de se travestir en garçon pour échapper à sa condition de femme. Déjà distingué en janvier dernier par un Golden Globe du Meilleur Film étranger, Osama est une oeuvre implacable, ultra réaliste, proche du documentaire, ne laissant personne indifférent. Les membres du jury ont accordé le Prix d'Interprétation féminine à Marina Golbahari, la jeune héroïne du film, bouleversante.
Takeshi Miike à l'honneur
Ce même jury, dont faisaient notamment partie Catherine Wilkening, Gabrielle Lazure et Sagamore Stévenin, a distingué d'un Prix Spécial du jury le dépotant Gozu du stakhanoviste japonais Takashi Miike (Audition, Dead or alive,...), road-movie extravagant et décalé sur les routes de Nagoya, où un jeune yakusa va se trouver confronté à des personnages improbables aux allures Lynchiennes. Sorte de Twin Peaks mâtiné d'une touche burlesque à la "Farrelly brothers", un tantinet longuet et inégal, le long-métrage a néanmoins remporté un beau succès auprès du jury avec une scène finale dantesque, dont personne ne voudra reprendre "une louche" !
Un petit parfum de Bollywood...
De son côté, Japanese story, de l'Australienne Sue Brooks (qui n'a pas hésité à faire 22 heures de vol pour se rendre dans le Nord de la France), est reparti avec le Prix du Jury. Hypnotic, du britannique Nick Willing, s'est quant à lui vu décerner deux prix, celui de la mise en scène et celui des Etudiants. Un petit parfum "made in Bollywood" a également soufflé sur cette quinzième édition, puisque le coloré et très enlevé Kal Ho Naa Ho, de l'Indien Nikhil Advani, a remporté un franc succès auprès des festivaliers valenciennois, repartant avec le Prix du Public.
Concernant le Prix d'interprétation masculine, les jurés n'ont pu se départager, le remettant ex-aequo à l'Allemand Jürgen Vogel (pour le trop académique Rosenstrasse de Margarethe von Trotta) et à l'américain Tariq Trotter, le charismatique chanteur hip-hop des Roots, pour sa composition dans Brooklyn Babylon de Marc Levin (Slam), sorte de Roméo et Juliette ethnique avec une jeune comédienne à suivre, Karen Goberman.
Chantal Lauby fête le court-métrage
En parallèle, une compétition de courts métrages s'est déroulée sous la présidence de la "Nul" Chantal Lauby. Entourée par une bande de jeunes comédiens, elle a eu la lourde tâche de trancher sur une sélection de trente-cinq courts métrages. C'est Petite Routine, le film d'animation de Mathias Van Eeckhout, qui a été couronné du Grand Prix du Court Métrage. Le Prix Spécial du jury a été remis à De nouveau lundi, d'Alix de Maistre. L'étonnant et silencieux Vostock 1' de Jan Andersen est quant à lui reparti comme une fusée, lesté du Prix du Jury et du Prix de la Mise en scène.
Sur un air de Swinging London...
Placé cette année sous le thème du Swinging London, le Festival de Valenciennes a rendu un hommage en scope couleurs à cette période pop sixties, où les demoiselles arboraient les jupes trapèze de chez Courrèges et les garçons étaient tiffés de la frange rebelle. Pour l'occasion, deux figures emblématiques avaient fait le déplacement dans l'Athènes du Nord : l'égérie Rita Tushingham (Un gout de miel, Le Knack... ou comment l'avoir) et le toujours impeccable Michael York (Les Trois Mousquetaires, Austin Powers). Ils se sont vus remettre tous deux la Médaille de la ville de Valenciennes, honorant leur parcours exemplaire.
Saïd Taghmaoui et Yann Moix récompensés
Lors de la (trop longue) cérémonie de clôture, le Prix Rémy Julienne, "récompensant un comédien capable d'interpréter avec le même talent des rôles physiques et des personnages intimistes dans des films d'auteur", a été remis à Saïd Taghmaoui (La Haine, Les Rois du désert, Hidalgo), qui recevait pour l'occasion "son premier prix de sa jeune carrière". Il succède à Vincent Perez, Benoît Magimel ou encore Guillaume Canet. Enfin, l'écrivain et journaliste Yann Moix a reçu le Prix Robert Enrico (prix récompensant le passage réussi du court au long métrage) pour son récent succès Podium.
La 15e édition de ce Festival du Film d'Action et d'Aventures de Valenciennes s'est donc achevée sur un palmarès de bonne tenue mais sans surprise, au terme d'une compétition ou se sont télescopés des longs-métrages éclectiques, provenant des quatre coins de la planète. Mais, encore une fois, aucun film français n'était présent dans cette sélection. Un choix ? Ou le thème intrinsèque "action et aventure" qui ne correspond pas toujours au cinéma hexagonal ?
Lionel Baillon - Envoyé spécial