Episode judiciaire dans la carrière d'Etre et avoir, film-documentaire sur le quotidien d'une classe d'école primaire en Auvergne qui fut l'un des gros succès populaires de l'année 2002. L'instituteur George Lopez, dont le travail est au centre du film, vient d'assigner en justice les coproducteurs ainsi que le réalisateur Nicolas Philibert, arguant que "l'exploitation de son droit à l'image a été réalisée sans qu'il y ait expressément consenti." Dans une interview accordée au quotidien régional La Montagne, George Lopez met en avant un "manque de reconnaissance" de la production qui ne l'a pas "récompensé comme il le doit, pour avoir accepter de partager son quotidien."
"On m'a gentiment remercié..."
"J'ai passé des jours dans les salles de cinéma à répondre aux questions des spectateurs, aux interviews, à voyager à l'étranger, et un jour, on m'a gentiment remercié", poursuit l'instituteur d'Etre et avoir, visiblement remonté. "Il n'est pas question pour moi d'accepter l'aumône. (...) C'est la production qui, la première, a introduit la notion d'argent et fait des propositions financières."
L'avocat de Nicolas Philibert réagit
Maître Roland Rappaport, avocat du réalisateur Nicolas Philibert, juge "triste" le fait que Georges Lopez réclame de l'argent. Selon lui, la production avait proposé à l'instituteur, au cours de la promotion du documentaire, "30 000 euros plus 7 500 euros à titre de frais", offre qu'il avait alors refusé. Et de conclure : "Georges Lopez soutient que ce documentaire est la reproduction pure et simple de son cours et que son cours c'est son oeuvre. Or, il s'agit de la vie d'une classe unique avec des parents, des enfants, des paysages. Nicolas Philibert n'a pas voulu reproduire le cours de Georges Lopez mais le montrer au milieu de ses élèves." Sorti en août 2002, Etre et avoir, couronné du Prix Louis-Delluc et du César du Meilleur montage, a attiré près d'1,8 millions de spectateurs dans l'hexagone.
Clément Cuyer avec AFP
