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    La dure grève des intermittents

    La grève nationale observée par les intermittents du spectacle perturbe les festivals de l'été. En attendant la journée de mobilisation du 8 juillet prochain...

    Du jamais vu chez les intermittents du spectacle. Pour défendre leur régime menacé, ils ont entrepris de faire grève en pleine période de festivals, se privant ainsi de revenus et mettant financièrement en péril des manifestations qui risquent de disparaître. Cette décision est vécue par certains comme un véritable "suicide" selon l'expression du metteur en scène Ariane Mnouchkine, ou à l'inverse comme un acte de survie à l'image de la chorégraphe Régine Chopinot. Cette position radicale ne fait d'ailleurs pas l'unanimité au sein des artistes, le comédien Jean Piat et le réalisateur et metteur en scène Patrice Chéreau se montrant défavorables à la grève.

    Ce qui a provoqué la grève

    Techniciens et artistes du spectacle vivant, de l'audiovisuel et du cinéma alternent, du fait de leur métier, des périodes de travail et de non travail. Pour pallier ce problème structurel, des "allocations-chômage" sont versées aux intermittents, ce régime spécifique et unique au monde étant régi par les annexes 8 et 10 de l'UNEDIC (Union Nationale interprofessionnelle pour l'emploi dans l'industrie et le commerce). Depuis 1997, les intermittents doivent justifier de 507 heures de travail accomplies sur une année pour toucher les allocations durant un an. Un système que le MEDEF combat et assimile à des privilèges exorbitants .

    Le 26 juin dernier, un protocole d'accord a été signé entre le MEDEF, la CFDT, la CFTC et la CGC, qui prévoit de réduire la durée de cotisation à 10 mois et demi et la durée d'indemnisation à 8 mois. Une décision qui reviendrait, pour la CGT, à faire disparaître 35 % des intermittents, et 50 % des réalisateurs selon Pascal Thomas, président de la Société des réalisateurs de films. Conséquence : un mouvement de grève nationale initié depuis le dimanche 29 juin à l'appel de la CGT.

    Un mouvement qui touche surtout le spectacle vivant

    Premier touché par le mouvement : le spectacle vivant avec son lot de festivals saisonniers. Certains sont purement et simplement annulés (Festival de Pau, Les Tombées de la Nuit à Rennes, Festival de Marseille, Montpellier Danse...). D'autres n'ont pour le moment eu à déplorer que la suppression de quelques représentations (Nuits de Fourvière, Scènes estivales d'Albi...), alors que de fortes menaces pèsent sur des festivals à venir, comme Avignon et les Vieilles Charrues.

    Mobilisation de l'audiovisuel et du cinéma

    Touché de façon moins spectaculaire, le monde de l'audiovisuel et du cinéma a tout de même fait preuve d'une forte mobilisation, contrairement à son habitude. De façon individuelle, des artistes et des techniciens ont suspendu temporairement leur travail, des réalisateurs ont retiré leurs films des festivals de Paris-Cinéma et de la Rochelle, tandis que des groupes d'intermittents ont tenté de bloquer l'accès à France 3 Lambersart et à des entreprises de location de matériel.

    L'appel du 8 juillet

    Les intermittents et la CGT n'ont trouvé, pour le moment, aucun terrain de conciliation avec le gouvernement et le MEDEF. Reste à savoir si le prochain appel à la grève du 8 juillet sera suivi : des manifestations seront organisées ce jour dans toute la France, alors qu'un cortège partira dans la capitale à 17h00 du Théâtre Dejazet vers Matignon.

    Amélie Charnay - Images : Sébastien Raynal

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