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Un très bon cru et des acheteurs au rendez-vous pour les Français de Pathé International, les Américains de Lions Gate ou les Indiens de Weg India. Une petite année et des ventes timides, au contraire, selon Gemini Films ou Motion Picture Producers Association of Japan / Jetro (Battle Royale 2). L'édition 2003 du Marché du Film divise ses participants, qui ne souhaitent toutefois pas communiquer leurs chiffres, qu'ils soient satisfaits ou déçus. Alors, réelle activité ou morosité ambiante ? AlloCiné fait le point avec Jérôme Paillard, Directeur délégué du "plus grand marché du monde"...
AlloCiné : Quel regard portez-vous sur cette édition 2003 ?
Jérôme Paillard : C'était un excellent cru, en comparaison des derniers marchés internationaux en date mais également de ce que pouvait laisser supposer la situation économique internationale juste avant le Festival de Cannes. La participation est encore très forte, avec une croissance de 7 % des participants, ce qui s'inscrit dans une croissance régulière depuis des années et dont on pensait qu'elle allait se tasser un peu.
On a pu entendre certains professionnels parler d'une année décevante, voire morose... Comment réagissez-vous à ces propos ?
Nous sommes stables au niveau des acheteurs, avec un peu plus de 1 300 participants soit autant qu'en 2002. Ce sentiment d'un peu moins forte influence doit être pondéré par le fait que la fréquentation s'est beaucoup étalée : même si le festival s'est virtuellement terminé jeudi soir, il y a eu une affluence régulière sur les neuf jours précédents et non pas une affluence très forte sur les trois premiers jours et un grand trou au début de la seconde semaine comme certaines années. Globalement, les vendeurs sont satisfaits, voire très satisfaits, des chiffres réalisés, que ce soient du côté français, italien ou des grosses productions américaines. Beaucoup de gros projets ont signé des accords de prévente, ce qui était devenu assez difficile.
D'après les informations que j'ai pu collecter, le sentiment général est que c'était un bon Marché : en terme d'organisation -c'est quelque chose de très important pour nous et nous sommes devenus les plus performants dans ce domaine-, mais également en terme de volume d'activité. Personnellement, je n'ai pas entendu dire que le Marché a été décevant.
Le sentiment qui revenait également chez les différents vendeurs que nous avons pu rencontrer, était que les grosses sociétés s'en "sortaient" mieux que les petites structures... Est-ce quelque chose d'habituel ou au contraire de typique à cette année ?
Ce n'est pas une question de taille de société, mais de qualité des produits et des projets qui sont proposés aux acheteurs. Après, on retrouve toujours les commentaires et autres plaintes inhérentes à l'industrie : les acheteurs vous disent qu'il n'y avait pas de bons films, les vendeurs qu'il n'y avait pas de bons acheteurs. Mais quand on descend un peu plus en profondeur, on compare les chiffres réalisés pas rapport aux investissements consentis pour venir à Cannes : beaucoup de sociétés ont ainsi couvert dix ou vingt fois leur investissement cannois.
Quel a été l'impact du SRAS, de la situation internationale difficile ou de la grève sur le Marché cette année ?
Concernant la pneumopathie, cela s'est principalement traduit par une moindre présence des participants chinois, hong-kongais et taiwanais : cela représente en tout une cinquantaine de personnes sur presque 8 000 participants (7 878 contre 7 368 en 2002, NDLR), donc un impact extrêmement faible. C'est très difficile à dire au niveau des tensions internationales, mais on peut supposer qu'au mois de mars de nombreuses sociétés ont pris une position attentiste au moment de réserver leurs hôtels, et qu'elles ont peut-être connu ensuite des problèmes de réservation et envoyé moins de collaborateurs à Cannes. La grève a surtout créé une bousculade au début de la Quinzaine, les étrangers étant surtout arrivés un jour plus tôt qu'un jour plus tard. Enfin, le Marché a dû subir la "concurrence" des Los Angeles Screenings, une autre manifestation importante habituellement programmée après Cannes mais lancée cette année durant le Festival...
En même temps, avec 7 % de progression au niveau des inscrits, on se dit que l'impact n'a pas été très important : en 2002, nous avions fait + 9 %, donc peut-être que les 2 % qui nous ont manqué cette année découlent de ces problèmes.
Cannes est donc toujours le "premier marché du monde"...
Cannes est devenu incontestablement le premier marché du monde, à la fois en tant que marché pur, et en tant que marché de coproduction, et le marché de référence, à la fois pour les acheteurs et les vendeurs, mais aussi de plus en plus pour les producteurs. Les projets nécessitent de plus en plus de montages internationaux, qui s'organisent en rencontrant d'autres producteurs. Cannes est idéal pour ça, car toute la profession est réunie dans une grande convivialité, au sein de structures qui permettent aux gens de se retrouver. Nous avons désormais, notamment avec le Village International, des points d'ancrage pour les producteurs nationaux -qui ont ainsi un quartier général à partir duquel ils peuvent travailler- et pour les producteurs qui cherchent d'autres financiers et qui peuvent facilement trouver des contacts, des conseils... Cela marche de mieux en mieux, et c'est la force absolue de Cannes, en mariant Festival et Marché.
Propos recueillis par Yoann Sardet
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