C’est l’un des cinéastes américains les plus sous-estimés de sa génération, et sa faible notoriété vient probablement du fait que celui-ci n’a signé que trois films en près de vingt ans de carrière.
Les débuts Bennett Miller furent pourtant tonitruants, avec le biopic Truman Capote qui valut à l’immensément regretté Philip Seymour Hoffman un Oscar du Meilleur acteur. Ce long métrage qui retrace la vie de l'écrivain américain durant l'écriture de son roman De sang froid a immédiatement installé Bennett Miller parmi les réalisateurs les plus talentueux de sa génération.
Inspiré d'un authentique fait divers
Après un deuxième long métrage injustement méconnu (Le Stratège, avec Brad Pitt dans l’un de ses meilleurs rôles), Bennett Miller a signé un troisième film – qui reste pour l’heure sa dernière réalisation en date : Foxcatcher. Le titre de ce long métrage fait référence au nom de l’équipe américaine de lutte fondée par le milliardaire John E. du Pont.
Tiré d’un authentique fait divers, le film suit l’histoire de deux frères lutteurs, médaillés olympiques aux Jeux de 1984 : Mark Schultz (Channing Tatum) et son frère Dave (Mark Ruffalo). Alors qu’une rivalité semble s’être installée entre les deux athlètes, l’affaire prend une tournure plus dramatique quand Mark décide de rejoindre l’équipe Foxcatcher sur l’invitation de du Pont (Steve Carell).
Jusqu’alors considéré comme un acteur comique par le grand public, l’interprète principal de la série The Office n’a pas hésité à se métamorphoser physiquement pour les besoins du rôle. Un impressionnant maquillage lui a ainsi permis de devenir complètement méconnaissable, tandis que son phrasé froid et ralenti – qui transforme complètement son timbre de voix habituel - apporte une dimension inquiétante à ce personnage.
Une polémique dès la sortie du film
A sa sortie en 2014, Foxcatcher a fait l’objet d’une polémique. Unique survivant de l’histoire, Dave Schultz a contesté l’adaptation de Bennett Miller, et reproché au cinéaste d’avoir inventé la relation homosexuelle qui se tisse entre son personnage et celui de John E. du Pont. Qualifiant le réalisateur "d’ordure" et de "menteur", ce dernier avait décidé de prendre ses distances avec le film qui selon lui ne reflète pas suffisamment la réalité.
Fausse plongée dans le milieu du sport, et véritable portrait d’une relation toxique sur fond de lutte des classes sociales, Foxcatcher est un chef d’œuvre de noirceur. Malgré un Prix de la mise en scène obtenu à Cannes (et cinq nominations aux Oscars), le long métrage est rapidement tombé dans l’oubli, une injustice tant pour la qualité du film que pour l'intérêt du fait divers abordé.
Sa mise en ligne sur Prime Video dès ce samedi 5 octobre donnera peut-être l’occasion à Foxcatcher de se faire connaître du public, et d’obtenir un succès plus que mérité. Et par la même occasion d’offrir à Bennett Miller la renommée qu’il mérite amplement d’obtenir auprès des cinéphiles !
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