Ahhh, Venise... La merveilleuse cité des Doges. Le synonyme absolu et parfait du romantisme, avec son pont des soupirs, son dédale de canaux et ses rues labyrinthiques; sa toute aussi fameuse place Saint-Marc de carte postale, régulièrement envahie par les pigeons amoureusement nourris par les touristes...
Sans oublier bien entendu une mention toute particulière pour son carnaval; le plus célèbre au monde. L'ennui, c'est que la sérénissime est envahie par les hordes de touristes, régulièrement déversés par les paquebots de croisière.
Un tourisme de masse absolument ravageur, parfois sans gêne, qui tue le commerce local et surtout fait fuir les habitants historiques de la ville. Las des touristes qui se révèlent au bout du compte peu respectueux de leur ville bien aimée, des vénitiens s'en prennent alors aux vacanciers...
Photogénique à l'extrême, Venise a évidemment inspiré quantité de cinéastes venus amoureusement filmer la ville. On songe à David Lean et son merveilleux Vacances à Venise; le drame d'épouvante Ne vous retournez pas de Nicolas Roeg. Senso et plus encore Mort à Venise de Luchino Visconti. Les géniales séquences filmées par Steven Spielberg dans La Dernière Croisade, bien sûr...
Il faut adjoindre à cette minuscule poignée d'exemples le dernier film d'Alex de la Iglesia : Veneciafrenia. Premier volet d'un projet de série de films d'horreur, baptisée "The Fear Collection", créé avec la collaboration d'Amazon Studios et Sony Pictures. Chaque film est censé être réalisé par différents réalisateurs espagnols. Le premier galop d'essai est donc signé par Alex de la Iglesia lui-même.
La vendetta des vénitiens
Situé à mi-chemin quelque part entre le dynamisme délirant d'un Tarantino qui aurait rencontré la poésie horrifique d'un Guillermo Del Toro, Alex de la Iglesia est l'un des enfants terribles du cinéma espagnol, qui nous a livré dans le passé de furieuses pépites absolument géniales, comme Le Jour de la bête, Perdita Durango, la saignante comédie trash Mes chers voisins, ou encore ce qui est considéré comme son chef-d'oeuvre, Balada Triste. Une comédie noire qui relate la confrontation entre deux clowns sous le régime franquiste.
Après une décennie où le réalisateur a peiné à retrouver la flamboyance de ses débuts, il retrouve quelques couleurs avec Veneciafrenia; véritable jeu de massacres orchestré sur les canaux de Venise. Si le résultat se révèle être inégal, il reste un film tout à fait sympathique à voir affalé sur son canapé.
Au-delà du film, le fond du sujet demeure. L'hypertourisme tue la ville. Le 9 septembre 2023 est une bien triste date, un point de bascule. Avec 49693 touristes enregistrés ce jour-là, il dépassait les 49304 résidents permanents de la ville...