Ça parle de quoi ?
C'est l’histoire d’un cascadeur, et comme tous les cascadeurs, il se fait tirer dessus, exploser, écraser, jeter par les fenêtres et tombe toujours de plus en plus haut… pour le plus grand plaisir du public. Après un accident qui a failli mettre fin à sa carrière, ce héros anonyme du cinéma va devoir retrouver une star portée disparue, déjouer un complot et tenter de reconquérir la femme de sa vie tout en bravant la mort tous les jours sur les plateaux. Que pourrait-il lui arriver de pire ?
3 bonnes raisons de voir The Fall Guy
Si l'argument "le film sort un jour férié" (avec des avant-premières dès ce mardi 30 avril au soir) ne vous convainc pas totalement, en voici d'autres.
1 - Un projet de longue date
Adapter la série L'Homme qui tombe à pic au cinéma ne remonte pas à hier et au projet mené à bien par David Leitch. Depuis 2010, le projet revenait régulièrement dans les conversations et l'actualité. Sans vraiment aboutir, à tel point que le film était devenu l'un de ces serpents de mer hollywoodiens, aux côtés de L'Homme qui valait 3 milliards (autre titre phare de Lee Majors).
Pour beaucoup, c'est donc la fin d'un long running gag. Mais cela valait le coup d'attendre quand on voit le résultat : s'il n'est pas nécessaire d'avoir vu les 113 épisodes de L'Homme qui tombe à pic pour pleinement apprécier The Fall Guy, qui n'en reprend que le postulat de départ (et le titre original), il est bien difficile de bouder son plaisir devant cette comédie romantique d'action qui fait mouche sur tous les tableaux. En grande partie grâce à ses acteurs.
2 - Barbenheimer : acte 2
En juillet dernier, ils se faisaient face dans les salles : l'un dans Barbie, l'autre dans Oppenheimer. Aujourd'hui, c'est sur un même écran que Ryan Gosling et Emily Blunt sont réunis. Avec une joie communicative qui devrait donner un grand sourire aux spectateurs. De retour dans la peau d'un cascadeur, treize ans après Drive, le comédien rappelle qu'il possède un grand talent comique avec son sérieux à toute épreuve dans les situations les plus décalées.
Et son énergie contraire à celle de la flamboyante Emily Blunt nous vaut quelques beaux moments de comédie et de romance. Car Colt Seavers ne doit pas seulement sauver une star portée disparue, mais également reconquérir la femme de sa vie, ce qui se révèlera au moins aussi compliqué, si ce n'est plus.
Dans la plus pure tradition des comédies "screwball" (où le burlesque et les échanges vifs font bon ménage) de l'âge d'or hollywoodien, Ryan Gosling et Emily Blunt se renvoient la balle avec brio. Notamment sur le plateau de tournage d'un blockbuster de science-fiction au croisement de Dune et de Mad Max où ils règlent leurs comptes au beau milieu de figurants en costumes. Et nous offrent l'une des scènes les plus drôles de ce début d'année.
3 - Une lettre d'amour aux cascadeurs
Si Steven Spielberg a adoré ce long métrage, à la grande surprise de Ryan Gosling, nous nous attendions davantage à ce que Tom Cruise prenne son pied devant.
Car on connaissait la lettre d'amour au cinéma (The Fabelmans, Babylon, Empire of Light), et The Fall Guy peut entrer dans cette catégorie. Mais de façon plus précise, puisqu'il déclare sa flamme au travail des cascadeurs, que connaît bien le réalisateur David Leitch pour en avoir été un, avant de passer derrière la caméra pour diriger John Wick, Atomic Blonde, Deadpool 2, Hobbs & Shaw et Bullet Train.
Dans un film conscient de sa nature, où la fiction et la réalité du quotidien des équipes de tournage se rejoignent fréquemment, il nous montre les coulisses de différents types de cascades et se sert même de certains artifices comme d'éléments narratifs. Sans avoir besoin d'effacer des câbles et autres techniciens dans le champ, puisqu'ils font parfois partie de la scène.
Un bel hommage, drôle et spectaculaire, qui se poursuit jusque dans le générique de fin en forme de making-of qui nous montre le visage des doublures de Ryan Gosling : "Nous cherchons généralement à conserver la suspension d'incrédulité, pour que la magie continue en faisant en sorte que [les acteurs et cascadeurs] ne fassent qu'un", nous dit Kelly McCormick, productrice de The Fall Guy et compagne de David Leitch.
"Mais ce projet nous a paru adéquat pour que l'on montre à quel point nous avons fait les choses de façon pratique. Que cette équipe a travaillé très très dur, main dans la main, pour réaliser des cascades très particulières dans The Fall Guy." "Nous avons très vite décidé que nous voulions célébrer la communauté d'où provient cette histoire", poursuit David Leitch. "Cela nous paraissait coller avec la série que l'on adapte."
Les cascadeurs risquent plus que n'importe qui, sans recevoir la reconnaissance qu'ils méritent
"Nous travaillions déjà avec l'Académie des Oscars, pour que les cascadeurs soient enfin reconnus, et The Fall Guy nous a paru être une bonne manière de braquer les projecteurs sur eux, en parallèle du travail de fond que nous menons en ce moment." Un marquage à la culotte auquel Ryan Gosling et Emily Blunt avaient eux aussi participé, en mars dernier, alors qu'ils venaient remettre un trophée.
"De manière générale, les cascadeurs ne sont pas assez reconnus", nous dit l'acteur. "Ils risquent plus que n'importe qui, sans recevoir la reconnaissance qu'ils méritent. Nous-mêmes, nous voyons combien de talents sont impliqués dans ce qu'ils font, et à quel point ce qu'ils conçoivent n'est pas dans le scénario ou les storyboards : ce sont vraiment eux qui créent tout cela. Très souvent, les réalisateurs leur confient un segment entier d'un film pour qu'ils le conceptualisent de A à Z."
"C'est une forme d'art qui devrait être aussi reconnue que les costumiers ou les maquilleurs." Un succès en salles de The Fall Guy, en plus d'être mérité, peut-il faire changer les choses ?
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 23 avril 2024