Le meilleur du vampire
Fille unique passionnée de musique, Sasha (Sara Montpetit) coule des jours tranquilles dans la maison familiale, se contente de jouer du piano dans sa chambre et de grignoter sur le canapé. Dépassés par cette attitude oisive, ses parents sont à bout et estiment qu’il est grand temps pour leur fille de prendre sa vie en main. Et pour ces deux vampires, cela signifie apprendre à tuer pour se nourrir…
Le problème, c’est que Sasha est profondément horrifiée à l’idée de faire du mal aux Hommes, et préfère se nourrir de poches de sang soigneusement préparées par ses parents que d’êtres humains fraîchement chassés. Lorsque sa famille décide de lui couper les vivres pour la contraindre à obéir, Sasha perd espoir. Sa rencontre avec Paul (Félix-Antoine Bénard), un jeune garçon dépressif et suicidaire, serait-elle la clé de son salut ?
Aussi drôle que sombre et gore, cet hommage aux grands films du genre émeut par sa portée sociale et philosophique et passionne par son imagerie hautement référencée. Ariane Louis-Seize, qui signe ici son premier long-métrage, en décrypte la création.
Une cinéaste qui a ça dans le sang
Pour cette première fois au cinéma, la cinéaste est parvenue à donner naissance à un projet à la fois très personnel et chargé de références aux genres cinématographiques qui l’ont inspirée. “Vampire humaniste cherche suicidaire consentant est né du besoin d’apprivoiser mes propres angoisses et vertiges par rapport à la mort”, explique-t-elle.
“Jumelé à mon ambition de faire un film de vampire depuis plusieurs années, l’idée d’aborder cette thématique universellement terrifiante par la figure du vampire s’est rapidement imposée. Créature condamnée à tuer pour survivre, le vampire porte la mort en lui. Mais qu’arrive-t-il s’il commence à trop réfléchir à la valeur des vies qu’il arrache en comparaison à la sienne? C’est en se posant cette question à la fois éthique, philosophique et au potentiel tragi-comique qu’est né le personnage de Sasha.”
Profondément inspirée de l’esthétique gothique propre à la figure vampirique, Sasha est pourtant un personnage féminin extrêmement moderne. Refusant de se soumettre aux règles qui lui sont imposées à la naissance par sa simple nature, elle compte bien vivre sa vie comme elle l’entend, quitte à être seule contre tous en s’opposant à la pensée traditionaliste de sa famille. À l’image de cette personnalité, Ariane Louis-Seize revendique la confrontation du classique et du moderne dans ses inspirations :
“L’expressionnisme allemand et les films de vampires nous ont certainement inspirés, mais également les films d’ados de la fin des années 90 et du début des années 2000. Nous voulions explorer la texture de l’image et de l’éclairage typiques de ces films. Ces deux influences ont créé notre univers visuel et je considère que ces références amènent un côté nostalgique, qui participe à cette mélancolie qui traverse le film.”
Mais au-delà de son esthétique gothico-pop’ chargée de références, et à l’image du Morse de Tomas Alfredson, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant parvient à captiver par l’épaisseur du spectre de sa réflexion sociale et philosophique.
Loin d’être aussi ectoplasmique que les vampires qu’il place en protagonistes, le film s’attache à questionner la place d’une nouvelle génération sans cesse confrontée au poids de responsabilités laissées par les précédentes. Mieux encore, il interroge sur la difficulté de définir son identité dans un monde où la différence est souvent perçue comme un facteur d’ostracisation, parfois au sein d’un même groupe social. Une problématique ô combien d’actualité, qui séduira sans peine toutes les générations de spectateurs.
Ode à la vie et à la rébellion aussi vintage que pop’, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, le premier long-métrage de la cinéaste Ariane Louis-Seize, est à découvrir dès ce 20 mars au cinéma !