En 1972, une jeune équipe de rugby uruguayenne voit son avion s'écraser dans la Cordillère des Andes. Sur les 45 passagers, 17 meurent lors du choc, les autres devront survivre pendant plus de deux mois dans des conditions extrêmes. Seize personnes sortiront vivantes de ce cauchemar. Cette histoire est racontée dans le film de Juan Antonio Bayona, Le Cercle des neiges - AlloCiné vous partage son avis ici.
La nature exceptionnelle de cet accident d'avion repose, entre autres, sur les cas de cannibalisme avérés. Pour ne pas mourir de faim, les survivants ont dû manger les corps des passagers décédés. Le Cercle des neiges fait le choix de s'intéresser principalement à l'accident et aux deux mois de survie, laissant de côté l'après, à savoir comment ces actes de cannibalisme ont été reçus par l'opinion publique.
Lorsque les rescapés sont retrouvés, des rumeurs d'anthropophagie planent au-dessus de la tragédie. Cette rumeur est finalement confirmée lors d'une conférence de presse tenue à Montevideo, la capitale de l'Uruguay, le 28 décembre 1972, soit six jours après le retour des survivants. Une partie d'entre eux révèle qu'ils n'ont eu d'autre choix que de manger les corps pour combler la faim.
LA RELIGION ET LA MÉDECINE
Lors de cette conférence de presse, des comparaisons religieuses sont utilisées pour justifier les actes. Tout d'abord parce que la plupart des survivants sont catholiques, mais aussi pour tenter de faire accepter une vérité terrifiante. Ainsi, ils prennent en exemple La Cène - ou le dernier repas de Jésus-Christ, la veille de sa crucifixion.
"Quand la nourriture nous manquait, nous pensions à Jésus et comment, lors de La Cène, il a donné Son corps et Son sang aux Apôtres", révèle l'un des survivants Eduardo Delgrado comme le rapporte cet article du New York Times publié en 1972.
Si certains choisissent la religion, d'autres se tournent vers la médecine. Ainsi, le cannibalisme a également été comparé à une "transplantation du cœur". À cette époque, la pratique est encore nouvelle - la première a été réalisée en 1967 - et le sujet reste tabou. Mais il s'agissait pour chacun de donner un sens à leurs actes.
En interview avec AlloCiné, le réalisateur Juan Antonio Bayona explique que les anciens rescapés continuent aujourd'hui d'utiliser ces deux comparaisons, rappelant la limite étroite entre la raison et ce que la nature et le corps exigent pour survivre.
Au vu des circonstances exceptionnelles, les survivants n'ont pas été jugés. Le 28 décembre 1972, des représentants de l'archidiocèse de New York les défendent, affirmant que les survivants ont agi de "façon justifiée". Finalement, les Églises chilienne et uruguayenne, ainsi que le pape Paul VI, accordent leur absolution aux rescapés.
Le Cercle des neiges est disponible sur Netflix.