Six ans après Le Grand Méchant Renard et autres contes, le réalisateur et dessinateur français Benjamin Renner revient avec Migration, son premier long métrage, co-réalisé avec Guylo Homsy, pour un gros studio américain .
Produit par Illumination à qui l'on doit la saga Moi, moche et méchant, Les Minions, Comme des bêtes et plus récemment Super Mario Bros, le film, Migration sort ce mercredi 6 décembre dans nos salles.
Le film suit une famille de colverts qui décide, pour la première fois, de quitter sa tranquille mare de la Nouvelle Angleterre pour s'envoler vers les lagons de la Jamaïque. Les canards vont vivre une incroyable aventure riche en apprentissage et en rebondissements.
A l'occasion de la sortie du film, nous nous sommes entretenus avec le réalisateur français Benjamin Renner. L'entretien est à écouter en intégralité ci-dessous.
Ce dernier nous parle notamment des différentes manières de travailler entre un studio français et un gros studio américain.
"Quand je suis arrivé sur le projet, un premier scénario avait déjà été écrit. Ça faisait un an que Mike White travaillait dessus. Le scénario était prêt à être produit. Mais la méthode américaine veut que, quand bien même le scénario est écrit et qu'ils en sont satisfaits, ils continuent à expérimenter, à essayer de trouver de nouvelles idées. Et quiconque peut apporter sa pierre à l'édifice est le bienvenu.
Le producteur Christopher Meledandri est ravi d'entendre de nouvelles idées. Donc, j'ai été très heureux de voir que Chris me laissait proposer des séquences, des attitudes, des personnages différents. C'était très chouette de pouvoir s'exprimer de la sorte.
Même si c'est lui qui chapeaute tout, et qu'il donne les grandes lignes et dit "J'aimerais qu'on parle de ça comme ceci", il m'a laissé libre de répondre à sa demande comme je le voulais.
"Aux Etats-Unis, le scénario n'est jamais vraiment fini"
D'autres scénaristes sont venus en renfort pour participer et amener de nouveaux gags. C'est comme ça qu'ils travaillent, c'est-à-dire que le scénario n'est jamais vraiment fini. Jusqu'au dernier moment le producteur se permet de dire "On peut encore changer des éléments de l'histoire."
En France ça ne fonctionne pas de la même manière. Le script peut évoluer, mais on suit le storyboard. Le storyboard, c'est le film de manière dessiné. Michel Ocelot appelle ça le "scénarimage". On raconte l'histoire avec des dessins assez brouillon sans animation.
Une fois qu'on est tous d'accord et que le producteur donne son go on n'y touche plus, ou très peu et on passe à l'animation. On ne change plus de direction. Ce qui est assez stressant parce que du coup, assez tôt, on doit vraiment être sûr que ça doit être très efficace.
Aux Etats-Unis c'est différent. Le problème avec la méthode américaine, c'est qu'on a un peu l'impression de construire un château sur des sables mouvants. Parce qu'un film, c'est forcément "On va mettre quelque chose ici qui va répondre à quelque chose qui va avoir lieu 30 minutes, 40 minutes, beaucoup plus tard dans le film." Et tout à coup, le producteur nous dit "Ça, il faut changer." Sauf que ça change tout... Donc c'est très compliqué.
C'est frustrant et parfois déstabilisant, mais c'est aussi intéressant parce qu'il y a des évolutions. Quand on pensait qu'on avait la meilleure version possible, le producteur nous mettait au défi de trouver mieux. Au début, on répondait qu'on avait tout donné mais au final on trouvait mieux.
Migration est à voir au cinéma dès ce mercredi 6 décembre.