De quoi ça parle ? En couple depuis 5 ans, Ben et Laura ont décidé de faire le tour du monde en bateau. Avant d'atteindre l'Amérique du Sud, ils font un détour vers une île sauvage, près des côtes antarctiques. En pleine exploration, une tempête s'abat sur eux et leur bateau disparaît. Éloignés du monde, soudain seuls face au danger et à l'hiver qui approche, ils vont devoir lutter pour leur survie et celle de leur couple.
Changement de casting
Soudain seuls devait être tourné avec Jake Gyllenhaal et Vanessa Kirby dans les rôles principaux (le projet s'appelait Suddenly). Finalement, ce sont Gilles Lellouche et Mélanie Thierry qui les ont remplacés en raison de divergences artistiques entre le comédien américain (qui devait produire le film) et Thomas Bidegain.
A noter que Bidegain a déjà collaboré avec Gyllenhaal sur le western de Jacques Audiard Les Frères Sisters (2018) : le scénariste a écrit le long métrage en compagnie du célèbre réalisateur d'Un prophète et l'acteur y campait l'un des quatre personnages principaux, aux côtés de John C. Reilly, Joaquin Phoenix et Riz Ahmed.
Soudain seuls au box-office : quel démarrage pour le film avec Gilles Lellouche et Mélanie Thierry ?
Naissance du projet
En finissant Les Cowboys (2015), son premier long métrage qui comprenait beaucoup de décors et de personnages, Thomas Bidegain avait envie de traiter du sujet de l’intimité dans sa nouvelle réalisation. Le metteur en scène cherchait une histoire qui se déroulerait dans un lieu unique, avec un seul personnage ou peut-être deux. Il se souvient : "J'étais fasciné par le design des bases scientifiques de l'Antarctique. Et puis en écoutant un podcast de l’émission Le Masque et La Plume où il était question du livre d’Isabelle Autissier, Soudain, Seuls quelque chose m’a frappé."
"J'ai été tout de suite séduit par la clarté de sa proposition : l'histoire d'un couple pris au piège sur une île déserte. Une proposition qui permettait d'envisager un film à la fois très intime et très large. J'avais envie de raconter le destin de personnages ordinaires qu'on va lancer dans une aventure extraordinaire. À eux ensuite de se dépasser pour être à la hauteur de cette aventure. La lecture du livre d'Isabelle a confirmé cette intuition, ce désir de faire un film d'aventure, à grand spectacle, mais sur un couple, sur deux personnages plongés dans une intimité forcée et absolue."
Tournage à la dure !
Thomas Bidegain et le chef-décorateur François Emmanuelli ont tourné le film sur des terrains vierges, en Islande (et en Bretagne pour les scènes en mer). Tout ce qui apparaît à l'image a été dessiné, construit et transporté pour les besoins du tournage (par exemple la base baleinière en ruines et la base météo que l’on voit à la fin) :
"Il a fallu construire les ruines de la base baleinière, le ponton, etc, ramener dans des endroits reculés des machines qui pèsent des tonnes. Tout cela en s’adaptant à la géographie comme à la météo. Nous avons tourné dans des paysages hostiles où le vent, le froid, le sable qui nous fouettait le visage, tout semblait nous dire 'Partez ! On vous accorde trois heures pour faire ce que vous avez à faire mais vous n'êtes pas les bienvenus ici !'", se rappelle le metteur en scène.
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Pourquoi un couple ?
Il y a peu de films d’aventures sur et avec un couple déjà constitué. Ce qui était compliqué pour Thomas Bidegain était de construire leur passé : "Parce qu'il y a des films de rencontres, d'individus que tout oppose, qui se retrouvent plongés dans une aventure ensemble et qui s'embrassent à la fin du deuxième acte. Là, c'était différent, quelque chose peut-être d'un peu plus mature. Parce que l'histoire d'un couple pose la question, la seule qui soit intéressante : comment est- ce qu'on remet le couvert ? Comment est-ce qu'après un certain nombre d'années, on peut redistribuer les cartes ?"
"L'aventure dans laquelle ils sont précipités, l'état de nature dans lequel ils sont plongés, permet de questionner leurs positions respectives à l'intérieur du couple, la place que chacun s’est assignée et les rapports de forces qui se sont institués. Il n'y plus de filtre, plus d'échappatoire. Une situation de survie impose le mouvement."
Beau mais pas esthétisant
Côté image, Thomas Bidegain voulait quelque chose de naturel, beau sans pour autant être esthétisant. La lumière polaire devait paraître sublime la première fois que les personnages la voient, car ils sont des touristes qui visitent une île. Le réalisateur ajoute : "Cette sensation de splendeur vire radicalement quand ils en deviennent prisonniers. Nicolas Loir, le chef opérateur, est un passionné. Un artiste et un collaborateur infatigable. Il a su tirer parti de ces couleurs froides, de ces paysages minéraux, de cette luminosité étrange et inhospitalière. C’est aussi la lumière d’un soleil presque blanc."
"C'est en Islande que nous avons trouvé cet univers visuel perturbant, ce soleil presque blanc, cette luminosité qui se rapprochait de celle de l’hémisphère sud où il était trop difficile d'aller tourner."