Elle est crédible en agent de stars comme en blonde glaciale face à Lady Gaga. Camille Cottin sait tout faire. Elle peut jouer pour Robert Zemeckis et donner sa confiance à un réalisateur de 24 ans, Nathan Ambrosioni, pour Toni en famille - belle surprise de la rentrée cinéma qui a rassemblé plus de 300 000 spectateurs. Populaire en France, l’actrice est aussi appréciée outre-Atlantique depuis le phénomène Dix Pour Cent.
Au Maroc, où elle officie en tant que membre du jury pour la 20e édition du Festival international du film de Marrakech avec Jessica Chastain, Camille Cottin est revenue sur ses expériences hollywoodiennes, entre audition folle, perte de passeport et tournage marseillais avec Matt Damon.
CHEZ ROBERT ZEMECKIS…
“J’étais très intimidée à l’idée de rencontrer Robert Zemeckis, mais aussi Brad Pitt et Marion Cotillard. J’étais présente pour le premier jour de tournage et je suis arrivée en même temps que Marion à Londres. Nous avons pris le même Eurostar et je ne m’y attendais pas du tout. Elle est venue me voir pour me dire qu’elle aimait ce que je faisais. C’est le monde à l’envers ! Elle a été, tout de suite, chaleureuse et je me suis sentie plus à l’aise.
Robert Zemeckis, je l’avais rencontré à Londres pour des essais. C’est passé très vite, j’ai fait deux fois la scène et je me souviens qu’il m’a dit : “Tu l’as fait exactement comme je voulais.” Je suis ressortie heureuse. Juste après, j’ai eu un problème de passeport, il était périmé, et je n’avais pas de carte d’identité. Mon agent m’a dit : “C’est pas vrai, tu es vraiment une nouille ! Si tu ne pars pas pour tourner ce film à cause du passeport…” Heureusement, il a été refait en urgence.”
CHEZ TOM MCCARTHY…
“Le tournage à Marseille était super, car c’est une ville merveilleuse. L’équipe américaine était amoureuse de l’endroit. Et le mode de fabrication était finalement très proche du cinéma européen. De manière générale, je pense que le cinéma indépendant américain est très proche de notre cinéma. Et Tom McCarthy, c’est aussi un acteur donc il était très proche de nous. Il sait comment nous diriger. Quant à Matt Damon, il était très impliqué, simple et accessible.”
CHEZ RIDLEY SCOTT…
“C’était un moment très particulier. Surtout que j’ai rencontré Ridley Scott, Lady Gaga et Adam Driver, tous les trois, le même jour. Pour mon audition, j’avais envoyé une première vidéo, à l’iPhone. Je m’étais un peu maquillée, coiffée, mais c’était sobre. Par la suite, la directrice de casting m’a dit : “Bon, Ridley a vu tes essais. Il est intéressé, mais est-ce que tu pourrais le refaire avec un accent plus européen et si tu pouvais être plus sophistiquée physiquement. Et le son, ça ne va pas !” Je me suis dit : “Bon, il n’y a rien qui va avec ces essais !”
Pour ma deuxième vidéo, j’ai monté d’un cran (rires). J’ai demandé à une copine de me prêter son studio de casting de pub pour une heure. C’est une maman de l’école. Il y avait deux caméras, un meilleur son et j’ai dû trouver une perruque. Alors j’ai demandé à un ami coiffeur s’il avait une copine perruquière. Une vraie perruque hein ! Je ne voulais pas aller à Strasbourg Saint-Denis, même si j’aurais pu. Mais il fallait donner à Ridley Scott ce qu’il voulait, comme pour Zemeckis (rires). Il fallait se projeter et lui donner l’image d’une femme à qui je ne ressemblais pas du tout.
Quand j’ai lu le scénario, j’ai vu une grande blonde qui avait une trentaine d’années, donc j’étais dubitative. Puis ça a fonctionné ! J’ai rencontré tout le monde dans les Alpes lors d’une lecture. Il y avait Ridley, Adam et Stefani [le vrai prénom de Lady Gaga, ndlr]. Notre face-à-face m’a marqué car elle avait le trac. C'est une vraie bosseuse qui ne prend rien à la légère. Elle était transparente sur sa vulnérabilité. La voir aussi humble alors que c’est une star incroyable, ça m’a aidée.”
CHEZ KENNETH BRANAGH…
“Kenneth Branagh a fait beaucoup de théâtre et c’est un acteur shakespearien alors pour lui la diction c’est quelque chose de très important. Il y avait un coach, mais comme sur tous les films anglais ou américains que j’ai pu faire finalement. Pas pour le jeux, mais pour la linguistique. C’était important pour lui et j’ai pris beaucoup de plaisir à travailler encore plus la diction pour l’oublier sur le plateau.
Sur le plateau, il avait organisé des jeux, notamment lors d’un après-midi, c’était comme du team building. Nous étions tous regroupés pendant tout le tournage. Dans le studio, quand on attendait les scènes, nous partagions la même tente. Finalement, chacun apportait ses jeux. On jouait aux échecs. Certains apportaient même des plats ! Donc ça lui tenait à cœur cet esprit de collectif et je pense que cela se ressent dans le film.”
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Marrakech, le 27 novembre 2023.