Son visage percute instantanément l’esprit. Comme si l’élégance d’une Audrey Hepburn rencontrait la désobéissance d’une Sinéad O’Connor. Ce drôle de mélange fait d’Emma Corrin une personnalité à part. Une singularité révélée à travers un rôle qui lui sied bien, celui d’une femme dont l’esprit libre a fait trembler la famille royale : Lady Diana.
La saison 4 de The Crown signe sa naissance à l’écran. À seulement 26 ans, la star - qui a initialement auditionné pour le personnage de Camilla - reçoit un Golden Globe et devient l’un des espoirs à suivre de près. De la “princesse des coeurs”, Emma Corrin partage l’ambilvalence, celle de faire partie d’un système tout en navigant à contre-courant.
En 2021, la réaction d'Emma Corrin à l'annonce de sa nomination aux Golden Globes a fait le tour de la Toile :
À l’occasion d’un portrait dans Vogue, publié en juillet 2022, l’interprète révèle officiellement sa non-binarité. Ni “elle”, ni “il”, Emma Corrin ne se reconnaît dans aucun genre. Une déclaration courageuse, pour ne pas dire risquée, dans une industrie où les mises au placard sont plus fréquentes qu’elles n’y paraissent.
Né en Angleterre, dans le comté de Kent, l’acteurice a étudié le théâtre et l’art dramatique avant de prendre une année sabbatique pour enseigner dans une école primaire à Knysna, en Afrique du Sud, pays natal de sa mère, Juliette Corrin.
Après des petites apparitions dans les séries Grantchester et Pennyworth - qui revient sur les jeunes années du majordome de Batman -, elle signe son premier rôle au cinéma dans Miss Révolution de Philippa Lowthorpe. Cette comédie raconte comment, en 1970, le Mouvement de libération des femmes a infiltré la compétition de Miss Monde.
À l’écran, les choix d’Emma Corrin ne rélèvent jamais du hasard, reflétant à la fois son goût pour les défis, comme dans L’Amant de Lady Chatterley de Laure de Clermont-Tonnerre où elle se met littéralement à nue devant la caméra, et son intérêt pour les histoires engagées et les personnages en marge. Dans le drame My Policeman de Michael Grandage, iel donne la réplique à Harry Styles et joue une épouse impuissante face aux désirs inavoués de son mari pour un convertisseur de musée.
Sur scène, Emma Corrin continue d’envoyer valser les conventions en interprétant Orlando, le rôle-titre dans cette pièce adaptée de l’oeuvre de Virginia Woolf. Sa performance lui vaut les honneurs de la pièce anglaise. Le caractère unique de sa personnalité s’exprime aussi en dehors des plateaux et des planches. À chaque apparition publique et couverture de magazine, la star cultive son style androgyne.
Cheveux roses, allure de punkette, iel incarne le personnage principal d’Un meurtre au bout du monde, nouvelle série des créateurs de The OA, Brit Marling et Zal Batmanglij. Une héroïne, experte en informatique et en hacking, qui n’est pas sans rappeler la Lisbeth Salander de la saga suédoise Millénium. Une marginale, encore une fois.
Bientôt, Emma Corrin sera à l’affiche d’une nouvelle adaptation gothique de Nosferatu par le réalisateur Robert Eggers (The With, The Lighthouse). Plus étonnant, l’acteurice prêtera ses traits à un héros Marvel dans le troisième volet de Deadpool. Un projet plus conventionel qu’à l’accoutumé qu’iel réussiera, sans en douter, à transformer en quelque chose d'unique.