Un an après Couleurs de l'incendie, Clovis Cornillac est de retour - uniquement devant la caméra cette fois-ci - avec la comédie dramatique Monsieur, le maire. L'acteur partage l'affiche avec Eye Haïdara (Le Sens de la fête), Jean-Pierre Martins et Laurence Côte.
Ecrit et mis en scène par Karine Blanc et Michel Tavares, le long métrage suit Paul Barras, le maire d’un petit village de montagne situé au pied du Mont-Blanc. Ce dernier se bat pour maintenir les commerces et préserver l’école d’une fermeture annoncée. Alors qu’il cherche désespérément comment attirer de nouvelles familles, l’arrivée de mères célibataires en situation difficile dont Joe-Lynn, chanteuse au franc-parler et ses deux enfants, va vite faire des étincelles dans ce village paisible.
Un sujet déjà abordé cette année dans le long métrage de Mélanie Auffret récompensé au Festival du Film de Comédie de l'Alpe d'Huez, Les Petites Victoires avec Julia Piaton et Michel Blanc.
Premier long métrage du duo de cinéastes, l'idée de ce film est venue d'une envie de travailler ensemble pour le cinéma après avoir déjà collaboré pour le théâtre et pour un court métrage.
Un film sur désertification en milieu rural.
Michel Tavares explique dans le dossier de presse : "Quand on réfléchit à un premier film, on ne part pas toujours forcément d’un sujet. En tout cas, pour ce qui nous concerne, on est plutôt partis d’un désir. Celui de parler à l’enfant qu’on avait été. On s’est rendu compte avec Karine, que nos enfances avaient de nombreuses similitudes : dans la ruralité, avec de grands rêves, mais très loin du monde du cinéma.
La chance a voulu que le producteur Yves Marmion, avec lequel Karine et moi avions déjà travaillé, vienne nous proposer de raconter le quotidien d’un maire de village. Il se trouve que nous avions tous les deux déjà planché sur le sujet et qu’on avait tourné autour de la problématique de la désertification des territoires ruraux. Au cours de nos recherches, on était tombés sur une histoire qui nous avait touchés, celle du maire de l’Hospitalet-près-l’Andorre qui avait revivifié son village en ouvrant un foyer pour femmes en difficultés."
Karine Blanc et Michel Tavares se sont donc lancés et se sont renseignés sur les foyers d'accueil de femmes battues mais également sur la désertification en milieu rural.
Le réalisateur explique : "Paul (Clovis Cornillac) est le résultat d’un gros travail de recherche que Karine et moi avons fait sur des maires d’agglomérations rurales. On en a rencontré quelques-uns, on a visionné de nombreux documentaires, et on a aussi lu pas mal témoignages.
Un maire de village n’a rien à voir avec celui d’une grande ville. N’étant pas autant secondé, il doit prendre en charge personnellement les problèmes individuels et collectifs de ses administrés : ça va de leurs problèmes sociaux et financiers à la gestion de leurs querelles de couple ou de voisinage, en passant par les accidents de la route et même les suicides. Il engage pénalement sa responsabilité, et il est chargé de remplir, au nom de l'État, certaines fonctions administratives et judiciaires."
Karine Blanc ajoute : "On avait trouvé pas mal d’anecdotes sur des maires qui, pour atteindre le nombre d’élèves leur donnant le droit de conserver leur école, inventent des enfants qui n’existent pas. On ne les a pas utilisées car certaines relevaient du surréalisme et qu’on on voulait rester dans le vécu et le réalisme. On a observé surtout que les maires sont souvent très créatifs, et sont force de propositions pour apporter des solutions innovantes afin d’améliorer la qualité de vie de leurs administrés. Ce sont des élus qui ne manquent ni d’énergie, ni d’idées."
Parler du "vivre ensemble", sans donner de leçon de morale.
Dans le long métrage, Clovis Cornillac tente d'insuffler de la vie au village de Cordon, qui est un vrai village situé dans les Alpes à 12 km de Megève. Ce dernier, qui a plus de 70 films à son actif, a beaucoup aimé le scénario qui traite du "vivre ensemble".
Il souligne dans le dossier de presse : "Je l’ai trouvé riche et passionnant. Au-delà de la subtilité avec laquelle il croisait le portrait d’un maire d’une petite commune et celui d’une mère en difficulté, il passait en revue toutes sortes de problèmes de société, dont celui de la survie des villages isolés et celui des femmes battues contraintes de quitter le domicile conjugal.
On était en plein dans ce qu’on appelle la politique de proximité, une politique dont on parle assez peu, et dont par conséquent, beaucoup de gens ont une opinion erronée. Ce scénario montrait qu’il est possible de parler du « vivre ensemble », sans qu’il ne soit à aucun moment un prétexte à fourguer, au passage, une leçon de morale."
Et c'est la comédienne Eye Haïdara, déjà vue dans Le Sens de la fête, En thérapie ou plus récemment Hawaï qui tient le rôle de Joe-Lynn. Elle déclare : "Joe-Lynn est un personnage positif qui traverse les épreuves les plus dures de la vie des femmes, mais qui conserve une énergie solaire inébranlable. Elle avance constamment et croit toujours qu’il y a une solution, car elle n’a tout simplement pas d’autre choix. C’est une femme qui élève seule ses enfants, mais qui ne subit pas le poids de cette solitude. Elle fait également preuve d’une conscience collective et se soucie du sort des autres femmes qui l’entourent."
Cette dernière a dû apprendre à danser et à chanter pour les besoins du film. "Nous avons eu un temps de préparation très court pour un résultat qui se voulait ambitieux. Mais c’est cela le plus excitant dans notre métier. Nous sommes donc allés à l’essentiel dans les cours de chant et de guitare. Pour les cours de danse country, c’était plus compliqué car il fallait avoir l’aisance d’un professeur. A titre d’anecdote, je ne connais pas ma droite de ma gauche, essentiel pour apprendre à danser aux autres ! Il fallait redoubler d'effort jusqu’au jour du tournage." commente-t-elle.
Monsieur, le maire est actuellement au cinéma.