Gravement plombé par une série d'échecs cuisants en salle depuis le douloureux tournage de son film Coup de coeur, dont il mettra vingt ans à éponger les dettes, c'est précisément avec son Dracula que l'immense Francis Ford Coppola se remettra en selle et rembourser ses créanciers, avec le gros succès du film. Et ce n'est que justice.
Si le mythe increvable du comte vampire, né sous la plume de Bram Stoker, a été revisité plus de 200 fois à l'écran, la version livrée par Coppola est sans doute celle qui est la plus fidèle à l'oeuvre originelle. Elle est à voir ou revoir sur Amazon Prime, via le Pass Warner.
Celle du cinéaste se démarque de bon nombre des versions précédentes en ce que, tout comme dans le roman, Dracula apparaît d'abord comme un vieil homme, et rajeunissant au fur et à mesure du film, grâce à sa consommation de sang; fidèle en cela à l'une des phrases-clés répétées dans le film : "le sang, c'est la vie !"
Emballé par une somptueuse mise en scène, tourné intégralement en studio, le film est une formidable somme de talents accouchant d'un authentique chef-d'oeuvre. Les costumes déjà, signés par l'immense et regrettée Eiko Ishioka, dont le travail fut justement récompensé par un Oscar.
La qualité des effets visuels et trucages, encore réalisés à l'ancienne, à une époque où le tout CGI n'avait pas envahi les écrans (et au passage signés par le fils du cinéaste, Roman Coppola). La qualité de l'interprétation d'un casting à l'unisson, où domine la prestation magistrale et ébouriffante de Gary Oldman dans le rôle-titre, épaulé par un génial Anthony Hopkins qui campe son adversaire de toujours, le professeur Van Helsing.
Et comment ne pas mentionner l'extraordinaire bande originale, hypnotique, qui a hanté la mémoire de plus d'un cinéphile, composée par Wojciech Kilar ? Le même qui livra treize ans plus tôt une autre BO, fabuleuse elle aussi, pour un film entré dans l'Histoire : Le Roi et l'oiseau.
S'il n'y a qu'une adaptation de l'oeuvre de Bram Stoker à voir, c'est certainement celle-ci. Vous savez ce qu'il vous reste à faire...