Drôle de destin que celui de The Pod Generation, film de science-fiction dans laquelle une société permet à des couples de porter leur futur enfant dans une capsule en forme d'œuf, bien aidés par l'intelligence artificielle et les algorithmes.
Sa première projection publique a en effet lieu en janvier 2023, au Festival de Sundance, au moment où ChatGPT est lancé. Il passe ensuite, en septembre, par les planches de Deauville et sa réalisatrice Sophie Barthes affiche son soutien aux scénaristes (dont elle fait partie), alors en grève au même titre que les acteurs. Contre l'intelligence artificielle notamment.
Et les comédiens sont toujours mobilisés alors que son troisième long métrage arrive dans nos salles ce mercredi 25 octobre. S'agit-il d'un hasard, ou la réalisatrice et scénariste avait-elle senti l'air du temps au moment d'écrire ce film ?
De passage à Paris à quelques jours de la sortie de The Pod Generation, Sophie Barthes s'est longuement entretenu sur le sujet. Et la manière dont l'actualité a plus d'une fois rattrapé son film, à tel point que l'on peut, de moins en moins, le ranger dans la catégorie "science-fiction".
Il n'y a même plus un rapport à la vérité qui est sain, c'est pas une quête en soi
Les utérus artificiels sont sur le point de devenir une réalité. L'intelligence artificielle en est déjà une et ses bouleversements se font de plus en plus ressentir, pas seulement dans le monde du cinéma où les acteurs se battent encore contre elle dans la rue.
![The Pod Generation](https://fr.web.img2.acsta.net/c_310_420/pictures/23/10/05/10/04/0060431.jpg)
Treize ans après la sortie d'Âmes en stock, son premier long métrage dans lequel il était question de se délester de son âme, la cinéaste française à qui l'on doit également l'adaptation de Madame Bovary avec Mia Wasikowska et Ezra Miller, confirme que la déshumanisation est également un sujet central de son œuvre.
Et s'exprime sur les dangers qui guettent le cinéma, et la culture en général, face aux algorithmes et à l'usage de l'intelligence artificielle. "On passera par une phase de débilisation profonde du contenu cinématographique", nous dit-elle par exemple sur le phénomène de franchisation à outrance.
Autant de sujets sur lesquels elle revient à notre micro tout en expliquant que cette histoire portée par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor n'aurait pas pu se dérouler ailleurs qu'aux États-Unis, puisqu'il s'agit d'une critique et d'une satire de la société américaine. Qui évoque également le capitalisme et les rapports homme-femme outre-Atlantique.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 19 octobre 2023 - Montage : Chanelle Morvan