Tous les vendredis soir, aux alentours de 18 heures, c'est la même chanson : les membres de la famille Ménard se réunissent au "Père Tranquille", le petit café tenu par Henri, et une fois l'apéro pris au comptoir, partent ensemble pour dîner au restaurant, juste à côté. Ce soir, pourtant, la routine est enrayée par un événement inattendu : Arlette, la femme d'Henri, annonce à son mari qu'elle ne viendra pas, et qu'elle a besoin de temps "pour réfléchir".
Accablé par la situation, le patron du Père Tranquille doit tout de même accueillir sa mère, aussi irascible que d'habitude, son frère Philippe, très tendu par son intervention télévisée de l'après-midi, sa belle-soeur Yolande, qui fête son anniversaire, et sa soeur Betty, moins attachée que jamais à respecter les conventions sociales. Le tout sous les yeux de Dennis, son employé, locataire et bien souvent souffre-douleur.
Quatre ans après l'excellente adaptation de leur première pièce de théâtre Cuisine et dépendances (qu'on vous recommande également sans réserve), Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri remettent le couvert. Après avoir dépeint de leur plume acérée les hypocrisies et les querelles d'ego d'un dîner entre amis, ils s'attaquent avec encore plus d'acidité au repas de famille.
Servis par la réalisation brillante de Cédric Klapisch et par un casting de comédiens exceptionnels (dont ils font eux-mêmes partie), les dialogues virtuoses du duo Jaoui-Bacri font mouche à tous les coups. Drôles, justes, profondes, d'une précision chirurgicale, les répliques du film pourront souvent vous donner la déstabilisante impression d'avoir été empruntées à vos propres réceptions familiales.
BAC Films
(Re)découvrez les 10 meilleures punchlines du regretté Jean-Pierre Bacri.)
Difficile en effet de trouver un long métrage qui porte mieux son nom que cet "air de famille". D'une richesse inépuisable que l'on ne soupçonne peut-être pas entièrement dès le premier visionnage, le film de Jaoui et Bacri gagne à être redécouvert, autant de fois que nécessaire. D'abord car il est quasiment impossible de s'en lasser, ensuite car on y découvre toujours de nouvelles pépites, de nouveaux sous-entendus, de nouvelles intentions de personnages (même à la 15ème fois !).
Sorti en salles en 1996, Un air de famille a d'ailleurs mis d'accord le grand public (2,4 millions d'entrées) et la profession. Nommé dans 7 catégories aux César, le film a en effet remporté 3 statuettes : une pour le scénario de Jaoui et de Bacri, une pour la prestation de Jean-Pierre Daroussin, et une pour celle de Catherine Frot, effectivement remarquable et extrêmement attachante.
(Re)découvrez notre interview de Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui pour leur dernier film, "Place Publique"...
