"C’est le plus grand boss de toute la ville, Picsou, Picsou / C’est l’plus puissant de tout Canardville, Picsou, Picsou / Il vaut des milliards, en or en dollars, Picsou ouhouh / En suivant Fifi, Riri et Loulou ouhouh / Nous entrerons dans la bande à Picsou, ouhouh !" C'est peu dire que l'emblématique générique interprété par Jean-Claude Corbel et Claude Lombard de la série animée La Bande à Picsou a bercé l'enfance de millions de personnes.
Rendez-vous incontournable des émissions Disney de France 3 et TF1 à la fin des années 80, La Bande à Picsou aura autant marqué son époque pour ses aventures haletantes que pour sa galerie de personnages hauts en couleur. En tête évidemment, le canard riche à milliers de milliards. Tellement riche en fait que des petits malins se sont même amusés à calculer le montant de sa fortune.
En 1984, Michael Eisner, qui venait de prendre la tête de l'empire Disney, voulait s'inscrire dans le monde des séries animées pour la télévision. Deux séries animées furent mises en chantier. Une, baptisée Adventures of the Gummi Bears, était en fait basée sur une marque de bonbons pour enfants. L'autre, The Wuzzles, qui n'a duré qu'un an, de 1985 à 1986, était une collaboration avec la marque de jouets Hasbro.
Eisner ne fut pas vraiment convaincu par ces séries, qui sonnèrent comme un faux départ, en plus de ne pas avoir pleinement eu la main sur le contrôle créatif. La troisième tentative sera la bonne, avec La Bande à Picsou. Enorme carton d'audience, elle durera pas moins de 100 épisodes diffusés sur quatre saisons, entre 1987 et 1990.
Un carton jusque dans les anciens pays soviétiques
Le succès de la série animée ne s'est pas arrêté aux Etats-Unis, bien entendu. Il s'est aussi manifesté, de manière tout à fait surprenante, en Russie, et dans les anciens pays du Bloc de l'Est. Car elle a été la toute première série animée américaine à être diffusée au moment où l'URSS s'effondrait, en 1991. Les dessins animés Disney, les personnages et les BD avaient aussi fait partie de la culture des enfants, même derrière le Rideau de fer et le contrôle absolu des productions.
Mais, au tout début des années 1990, Disney fut le seul distributeur capable d'alimenter hebdomadairement les chaînes TV des ex pays du Bloc de l'Est qui devenaient indépendants : Hongrie, Pologne, Bulgarie, Tchécoslovaquie... et Russie, donc.
Au milieu des années 1990, Disney avait écoulé 750h de programmes dans ces pays, sur les 3500h en stock. Le générique iconique de La Bande à Picsou a même eu droit à sa version chantée en russe. Si si ! la preuve en images !
Un bel et assez ironique exemple de la puissance du Soft Power américain, avec cette image d'un canard riche à milliards, symbole absolu du capitalisme, déboulant avec fracas dans les postes TV de millions de russes qui n'avaient rien connu d'autre que le système soviétique.