Alors qu’ils traversaient le détroit de Gibraltar, quatre passagers d’un voilier ont été attaqués, le 24 mai dernier, par un groupe d’orques. Pendant plus d’une heure, les mammifères ont donné de violents coups, endommageant la coque et le gouvernail du bateau. Les faits ont été immortalisés en vidéo.
Cet incident étrange, qui questionne le comportement des créatures de la mer, semble tout droit sorti d’Abysses, la série de science-fiction proposée par France 2. Composé de huit épisodes, le programme suit la révolte des océans contre l’être humain. Une équipe de scientifiques est chargée de trouver des réponses et découvre qu’une intelligence a pris contrôle des profondeurs.
Ce projet intéressant, fruit d’une coproduction entre huit pays différents, est l’adaptation du livre de Frank Schätzing. A l’occasion du festival Séries Mania, où Abysses était présentée en avant-première en mars dernier, AlloCiné a pu rencontrer Cécile de France, qui interprète ici l’une des héroïnes.
AlloCiné : Dans sa critique, le magazine Variety décrit Abysses comme un “Dent de la mer pour la génération des Greta Thunberg”. Que pensez-vous de cette présentation ?
Cécile de France : C'est-à-dire que la série démarre évidemment sur quelque chose qui est proche de la réalité, à savoir une crise environnementale absolument terrible. Mais après, c'est ce que j'ai aimé, c'est qu'on part dans la science-fiction, dans l'imaginaire, dans le surnaturel. Et il y a un message même très positif à la fin. Il y a de l'espoir et, surtout, il y a tous ces personnages auxquels on s'attache énormément.
Je trouve que, dans cette crise que l’on traverse, c'est important de s’attacher aux humains, de croire en l'humanité, en sa valeur et de se ranger du côté des scientifiques, qui sont un peu les héros des temps modernes. C'est eux qui trouvent les solutions et ce sont des vrais modèles parce que là, en l'occurrence, ce sont des amoureux, des chercheurs, des scientifiques, des passionnés de l'océan et de sa faune. S'ils étudient l'océan, c'est pour mieux le protéger.
Moi, j'aimais bien cette idée qu'il faut croire en l'humain et ces personnages, contrairement aux Dents de la mer, sont très importants. C'est pas une série qui est culpabilisante et qui n'est pas là que pour amener de l'angoisse.
La série dispose d’un casting international. Au début de l’intrigue, vous êtes tous séparés, puis vous vous réunissez. Que pouvez-vous dire sur cet esprit d’équipe ?
Toutes les scènes tournées tous ensemble ont été fascinantes pour moi parce que ce sont des acteurs extraordinaires qui viennent des quatre coins du monde. Je me sentais vraiment entourée de génies de chaque pays que je ne connaissais pas forcément, donc j'ai pu vraiment découvrir des très grands acteurs.
Nous commençons seuls, puis on se rejoint pour entrer en contact avec cette forme de vie sous-marine d'une intelligence supérieure à la nôtre. Ensemble, on va essayer de comprendre s’il s’agit d’une attitude agressive ou défensive et de trouver la solution pour trouver un accord.
Abysses est une production importante, à gros budget, qui relie de nombreux pays. Comment avez-vous trouvé votre place dans une telle machine ?
C'est vrai que les séries internationales comme celle-ci, c'est une grosse équipe avec beaucoup de techniciens, plusieurs caméras. On ne se connaît pas tous bien forcément donc c'est un peu plus impressionnant. Mais c'est ça qui est agréable pour moi, c'est de pouvoir passer d’un long métrage, où il y a peut-être plus de place, à un projet comme Abysses.
C’est stimulant de pouvoir changer d'univers, de manière de travailler, puisque je pense qu'en tant qu'acteur, notre plus grande force, c'est aussi notre faculté d'adaptation à chaque situation, à chaque metteur en scène.
Là, par exemple, nous avons eu trois réalisateurs sur Abysses (Barbara Eder, Luke Watson, Philipp Stölzl, ndlr) qui ont vraiment des manières de travailler différentes. C'est génial de ne pas se crisper, de ne pas émettre de jugement, de ne pas comparer et de toujours suivre, de tendre la main et de partir dans l'univers de chacun d’entre eux.
On fait souvent appel à moi pour parler de l'océan.
Ce n’est pas la première fois que vous jouez dans une série. Il y a eu, notamment, The Young Pope et The New Pope de Paolo Sorrentino. C’est un exercice qui vous plaît ? Avez-vous beaucoup de propositions pour ce format ?
Oui, beaucoup je dois dire. La difficulté c’est qu’il s’agit souvent de longues périodes, parfois six mois, même plus des fois. Donc c'est un engagement. Il faut avoir un calendrier qui correspond et une vie privée qui peut correspondre, même si on n'est pas tous les jours sur le plateau.
Quant à mes choix, ça dépend de l'importance du rôle. Pour se lancer, il faut évidemment avoir très envie et être très motivé, que tous les éléments soient là pour s’engager à fond.
C’est curieux, dans l’un de vos derniers films, La Passagère, vous jouez une pêcheuse. Ici vous retournez en mer dans un style très différent.
Dans les deux projets, mes partenaires de jeu étaient des homards. La différence, c'est que sur La Passagère, ils étaient vivants et j'ai créé un vrai lien d'ailleurs de collègue à collègue avec eux (rires). C'était très mystérieux. Et sur Abysses, il y a une... Je ne vais pas trop dévoiler, mais il y a aussi des homards. Il y a un truc qui se passe avec un homard.
Cette coïncidence, c’est le grand mystère de la vie. Mais c'est vrai qu'on fait souvent appel à moi pour parler de l'océan, ça aussi c’est très mystérieux, mais j'en suis flattée.
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Lille, en mars 2023.
Abysses, sur France 2 le lundi 5 juin à 21h10.