DE QUOI ÇA PARLE ?
Elliot et Beverly Mantle sont des jumelles qui partagent tout : la drogue, les amants et un désir non dissimulé de faire tout ce qu'il faut, y compris repousser les limites de l'éthique médicale dans le but de remettre en question des pratiques désuètes et de mettre les soins de santé des femmes au premier plan.
Faux-semblants, une série créée par Alice Birch.
C'EST AVEC QUI ?
Après le film de David Cronenberg, Rachel Weisz succède à Jeremy Irons dans les peaux de Beverly et Elliot Mantle. Deux rôles complexes qui permettent à l’actrice de montrer l'étendue de son talent. Face à elle, Britne Oldford (American Horror Story) lui donne la réplique. Elle incarne Genevieve, celle qui va mettre en péril l’équilibre des deux sœurs. Le prénom du personnage n’est autre qu’un clin d'œil à Geneviève Bujold, qui joue le même rôle dans l’original. Enfin, Jennifer Ehle (Zero Dark Thirty, Orgueil & Préjugés) interprète Rebecca, une redoutable femme d’affaires.
ÇA VAUT LE COUP D'ŒIL ?
Dans la fiction, le “gender flip" vise à inverser le genre d’un - ou plusieurs - personnage dans une nouvelle adaptation. S.O.S Fantômes, Ocean’s 8… Plusieurs œuvres, souvent taxées de manque d’originalité, se sont prêtées à cet exercice sans jamais être de francs succès. Faux-semblants réussit là où les autres ont échoué.
Cette série débarque 35 ans après la sortie du film de David Cronenberg qui adaptait, lui aussi, le livre de Jack Geasland et Bari Wood. L’ouvrage suit Beverly et Elliot Mantle, des jumeaux obstétriciens qui entretiennent une relation vampirique. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce récit s’inspire de véritables médecins new-yorkais, Stewart et Cyril Marcus, retrouvés morts dans leur appartement un jour de juillet 1975.
Désormais, les gynécologues deviennent des femmes. Beverly reste l’élément vulnérable, rigide et sensible du duo, tandis qu’Elliot incarne la “mauvaise” jumelle. Cette relecture, portée à l’écran par Alice Birch - scénariste de Normal People - ne se contente pas d’être un simple remake. Le changement de genre n’est pas un détail et joue un vrai rôle dans cette intrigue.
Ici, la femme est au coeur de tout. Elle est l’héroïne, le médecin, la patiente, l’antagoniste, l’objet de désir… Faux-semblants s’intéresse au corps féminin et surtout comment celui est soumis à la médecine. Il explore également le désir absolu - ou non - de procréer, quitte à franchir les limites de la science. Le scénario est finement écrit et pensé, oscillant entre l’humour et le malaise palpable.
Dès la première scène, Alice Birch affiche la couleur. Elle montre comment Elliot et Beverly, assises dans un restaurant, se débarrassent d’un homme grossier dont le fantasme suprême est de partager son lit avec des jumelles. Drôles et provocantes, les répliques des sœurs Mantle fusent, elles font mouche. Rachel Weisz, qui scindent sa personnalité en deux, est impressionnante.
Faux-semblants est également une série subversive. Elle met en scène des images rares, comme celles de plusieurs accouchements ou d'une césarienne filmés face caméra. Ce choix n'a rien de voyeuriste puisqu'il s'inscrit dans une volonté de briser de nombreux tabous féminins.
Dans une ambiance qui rappelle les films de Yórgos Lánthimos et Ruben Östlund, Faux-semblants se distancie du classique de Cronenberg, tout en lui rendant hommage. Il s'agit là du meilleur exemple d'une adaptation intelligente, jusitifée et passionnante sur tous les points.
Faux-semblants est disponible sur Prime Video.