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    Dalva : un film choc sur la reconstruction après l'inceste, primé à Cannes
    Laurent Schenck
    Laurent Schenck
    -Journaliste rédacteur base de données
    Passionné par les films qui traitent de la criminalité au sens large, Laurent Schenck travaille sur la base de données cinéma du site. Ses missions sont les suivantes : la rédaction de biographies et secrets de tournage, l'enrichissement de castings/fiches techniques et la revue de presse.

    A l'occasion de la sortie de "Dalva" d'Emmanuelle Nicot, voici cinq choses à savoir sur ce drame coup de poing emmené par la révélation Zelda Samson.

    De quoi ça parle ? Dalva a 12 ans mais s'habille, se maquille et se vit comme une femme. Un soir, elle est brusquement retirée du domicile paternel. D'abord révoltée et dans l'incompréhension totale, elle va faire la connaissance de Jayden, un éducateur, et de Samia, une adolescente au fort caractère. Une nouvelle vie semble alors s’offrir à Dalva, celle d’une jeune fille de son âge.

    Dalva
    Dalva
    Sortie : 22 mars 2023 | 1h 20min
    De Emmanuelle Nicot
    Avec Zelda Samson, Alexis Manenti, Fanta Guirassy
    Presse
    3,8
    Spectateurs
    4,0
    louer ou acheter

    Comment est né le film ?

    Dalva est né d'un mélange de plusieurs éléments qu'avait en tête Emmanuelle Nicot. En premier lieu, la thématique de l’emprise, qui lui est personnelle. Ensuite, lors de son dernier court métrage (À l'arraché), la réalisatrice était en immersion dans un centre d’accueil d’urgence pour adolescents : "Ce qui m’a frappée là-bas, c’est que tous ces enfants qui étaient là pour maltraitance avérée continuaient à faire bloc avec leurs familles considérant que la justice était injuste de les avoir placés."

    "J’ai suivi deux de ces jeunes pendant des années et c’est ainsi que j’ai découvert le chemin qu’ils parcouraient entre la séparation avec leur famille jusqu’à leur 'libération'. À côté de ça, une de mes amies avait un père éducateur dont le travail consistait à extraire de leur domicile des enfants suspectés de subir des maltraitances pour les emmener en foyer. Un jour, cet éducateur a dû s’occuper d’une fillette de 6 ans vivant seule avec son père avec suspicion d’inceste", se rappelle-t-elle. Elle ajoute :

    "Il s’est retrouvé face à cette petite fille hyper-sensualisée et sexualisée et qui était dans un jeu de séduction par rapport à lui. L’ensemble de ces éléments ont fait naître le projet Dalva."

    Zelda Samson Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
    Zelda Samson

    Premier long métrage

    Emmanuelle Nicot sort de l’IAD (Belgique) en 2012 avec son court métrage Rae, qui connaît un beau succès en festival. En 2016, elle réalise À l'arraché. Sélectionné dans plus de soixante festivals (dont Angers), il remporte 17 prix.

    Dalva est son premier long métrage. Emmanuelle est également directrice de casting, spécialisée en "casting sauvage", véritable passion qui se révèle aussi dans ses propres films. Elle est lauréate de la Fondation Gan pour le Cinéma en 2021.

    Zelda Samson Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
    Zelda Samson

    Zelda Samson joue Dalva ?

    Pour trouver l'interprète de Dalva, Emmanuelle Nicot s'est lancée, avec Stéphanie Doncker, dans un casting sauvage très important : "Elle s’occupait de la France, moi de la Belgique. On cherchait une fille de classe moyenne voire aisée, qui possède une certaine maîtrise du langage. Je voulais aussi une fille qui ait une tenue, un joli port de tête, une grâce de danseuse."

    "J’ai déposé des annonces dans des écoles de danse, de musique, des centres équestres, Stéphanie aussi. On a eu plein de candidatures, j’ai reçu des centaines de vidéos. Et parmi cette masse, Zelda m’a tout de suite happée. Elle avait 11 ans, elle était là à se filmer dans sa chambre, elle s’exprimait avec un vocabulaire tellement riche et soutenu pour son âge."

    "Elle m’expliquait qu’elle voulait devenir astrophysicienne, travailler sur la matière noire, elle s’imaginait prix Nobel ! Elle avait aussi un discours féministe par rapport aux garçons de sa classe. Elle avait vraiment une maturité impressionnante. Et puis une assurance, une force, quelque chose d’effronté et surtout un visage très photogénique", confie la cinéaste, en poursuivant :

    "C’était impossible de lui donner un âge. J’ai tout de suite su que Dalva, c’était elle. Mais il fallait convaincre mes productrices et Stéphanie car Zelda ne ressemblait pas à la jeune fille ultra gracieuse et 'féminine' qu’on avait décidé au départ de chercher. Elle était un peu voûtée, regardait beaucoup vers le sol, et avait ce côté très sauvage, un peu garçon manqué."

    "Sur la fin des castings, j’ai travaillé avec une maquilleuse, coiffeuse et une costumière. Zelda s’est tout à coup transformée et tout le monde a vu naître Dalva."

    Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions Alexis Manenti
    Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions

    Le choix Alexis Manenti

    Emmanuelle Nicot a découvert Alexis Manenti dans le film choc sur la banlieue Les Misérables (2019) de Ladj Ly, où il campait un policier aux méthodes brutales. Mais c'est sa scripte, Agathe Hervieu, qui lui a suggéré de le choisir pour jouer l'éducateur Jayden. La réalisatrice explique :

    "Alexis a la palette de jeu d’un vrai professionnel et en même temps, il a cette rugosité de pierre brute que l’on trouve chez les gens en casting sauvage. Il est complexe, à la fois hyper-sanguin et d’une grande douceur, avec parfois une tristesse, une mélancolie que l’on entrevoit dans ses yeux."

    Fanta Guirassy et Zelda Samson Caroline Guimbal/Helicotronc/Tripode Productions
    Fanta Guirassy et Zelda Samson

    Caméra à l’épaule

    Emmanuelle Nicot et sa directrice de la photographie Caroline Guimbal (laquelle a œuvré sur tous les courts métrages de la réalisatrice) ont opté pour une mise en scène physique et intense, caméra à l’épaule. La cinéaste précise :

    "On était très proches de Dalva mais très libres aussi dans nos mouvements. Je ne voulais pas d’une mise en scène trop contraignante pour mes acteurs. Bien sûr, tout était pensé, ce n’était pas de l’impro, mais il n’y avait pas de marquages au sol ou d’éléments qui auraient cadenassé la mise en scène ou les acteurs. Il ne fallait surtout pas briser leur spontanéité, encore moins celle des acteurs non professionnels."

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