Ne vous fiez pas à son affiche colorée et ses personnages mignons, le film d'animation Unicorn Wars n'est pas un film pour enfants. Le long-métrage du cinéaste espagnol Alberto Vázquez est d'ailleurs interdit aux moins de 12 ans.
Présenté en compétition lors du Festival du Film d'animation d'Annecy, le long-métrage est adapté du court métrage de 2013, Unicorn Blood, du même réalisateur et met en scène la guerre que se livrent les Oursons et les Licornes.
Dans ce film, le soldat Célestin a soif du sang des Licornes, gage d’une beauté éternelle, selon le Grand Livre Sacré. Son frère Dodu, lui, n’aime pas la guerre, il préfère les myrtilles et les câlins. Mais la bataille finale approche : une unité d’oursons inexpérimentés quitte le camp d’entraînement pour une mission commando dans la Forêt Magique. Seront-ils à la hauteur ?
Pionnier du cinéma d'animation pour adultes, Albero Vázquez a reçu en 2017 (avec le coréalisateur Pedro Rivero), le Goya du meilleur film d'animation pour sa fable écologique post-apocalyptique, Psiconautas. Unicorn Wars en est le digne successeur.
Mélange entre film de guerre et conte fantastique, Unicorn Wars est un véritable OVNI. Drôle, grinçant et gore, le long-métrage d'Alberto Vázquez est une allégorie sur l'être humain et sa relation conflictuelle avec la nature.
Des références pour adultes
En prenant comme héros des oursons et des licornes, le cinéaste permet aux spectateurs de se rendre compte du côté absurde de certaines croyances et des guerres qui en découlent.
Alberto Vasquez fait ici appel à des graphismes enfantins mais les subvertit complètement. Le réalisateur s'est d'ailleurs inspiré de Full Metal Jacket de Stanley Kubrick, de Cannibal Holocaust de Ruggero Deodato ou encore d'Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, qu'il a mixé avec le classique de l'animation Bambi. Un mélange des genres (d)étonnant qui plaira aux fans de cinéma gore.
On apprécie particulièrement l'Ours Sergent Gros Câlin qui est en réalité un affreux personnage dans la lignée du Sergent-instructeur Hartman (incarné par R.Lee Ermey) dans Full Metal Jacket. Et les oursons mignons sont de perfides créatures qui ne manquent pas une occasion de se moquer les uns des autres et de s'humilier, même (et surtout) entre frères.
Il est ici question de fausse croyance, trahison, harcèlement, vengeance, cannibalisme, drogue, meurtre et d'un langage particulièrement fleuri. Si bien qu'on a parfois honte de rire aux blagues politiquement incorrectes de ce film d'animation pour adultes. Mais que ça fait du bien !
Alberto Vasquez déclare dans le dossier de presse : "Le contraste entre la forme et le contenu est évident, car les personnages sont mignons et enfantins, bien que leurs problèmes soient d'une nature psychologique adulte et complexe. J'aime travailler avec des animaux anthropomorphes, des icônes universelles qui ne semblent pas appartenir à une époque ou à un lieu particulier, et que toutes les cultures peuvent s'approprier."
Critique de la société
Dans la lignée de la série animée Happy Tree Friends (dans laquelle les animaux de la forêt mourraient dans des circonstances gores), Unicorn Wars est une critique acerbe de la société, du rapport de l'homme à la nature et des guerres de religion.
Alberto Vázquez souhaitait montrer l'absurdité de certains conflits, qu'ils s'agissent de la guerre ou de conflits familiaux plus personnels à travers l'histoire des deux frères Célestin et Dodu.
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Le cinéaste décrit d'ailleurs son film comme "une anti-fable sans morale, c'est-à-dire, une fable sombre pour adulte avec un langage et une narration contemporains."
Unicorn Wars est un film subversif avec un réel message et parvient à nous faire rire en faisant dire les pires horreurs à des personnages mignons à souhait.