Dès son court métrage Maman(s), auréolé d’un César en 2017, Maïmouna Doucouré s’est imposée comme une cinéaste à part. Sa singularité se confirme trois ans plus tard avec Mignonnes, primé au festival de Sundance et récompensé par un César en 2021 - celui du meilleur espoir féminin pour Fathia Youssouf.
Son second film, Hawa, suit l’histoire d’une jeune fille de 15 ans qui vit aux côtés de sa grand-mère souffrante. Alors qu’elle redoute d’être placée dans un foyer, l’adolescente veut réaliser son rêve : être adoptée par son idole, Michelle Obama. À travers cette fable, Maïmouna Doucouré livre un message d’espoir destiné à celles et ceux qui se sentent différents et en marge de la société.
“Ma fille est en situation de handicap et j'avais besoin qu'elle puisse avoir un personnage auquel s'identifier plus tard, révèle la cinéaste. J’espère que d’autres pourront s’identifier, notamment à travers cet état d'esprit que je véhicule à travers le film, qui est la détermination à tout prix, le fait de se battre pour réaliser ses rêves malgré les obstacles et les blessures.”
Pour trouver l’héroïne, un grand casting s’est étendu à travers plusieurs pays, de la France au Canada. Le regard de Maïmouna Doucouré s’est posé sur Sania Halifa, une jeune parisienne. Cette expérience marque ses premiers pas devant la caméra. “C’est difficile d’expliquer les coups de foudre, lance la réalisatrice. Dans son regard, j’ai su qu’elle était celle qui allait jouer Hawa."
Aujourd’hui âgée de 17 ans, la jeune actrice, drôle et pétillante, ne ressemble en rien à son personnage. “C’était dur, mais libérateur de jouer, explique-t-elle. On a tous une partie en nous qui est blessée ou meurtrie et, aussi infime soit-elle, cela fait toujours du bien de la laisser s'exprimer."
Autour d’elle, Maïmouna Doucouré a rassemblé plusieurs personnalités qui inspirent, chacun à leur manière, le rêve et la détermination : la chanteuse malienne Oumou Sangaré, Yseult et l’astronaute Thomas Pesquet. Tous jouent pour la toute première fois dans un film.
“Sur le continent africain, Oumou Sangaré est une immense artiste et elle rayonne à l’international. Elle me rappelle mon enfance. Ma mère passait ses chansons en boucle et je me mettais à pleurer, précise la cinéaste. Pour Yseult, j’aime ce qu’elle incarne et je voulais que sa voix rare soit dans mon film. Quant à Thomas Pesquet, il est l’homme préféré des Français. C’est une histoire sur le deuil et quand on parle de la mort, on parle d’aller au ciel et je trouvais ça beau de choisir celui qui a réellement côtoyé les étoiles.”
Quand on lui demande qui est son idole, Maïmouna Doucouré donne le nom de Michelle Obama, celle qui habite son film de bout en bout à travers une voix ou une silhouette. La réalisatrice n’en a pas fini de rêver : “J’aimerais beaucoup montrer ce film à Oprah Winfrey. Je veux la rencontrer, mais je sais que cela se fera.”
Propos recueillis par Thomas Desroches, à Paris, le 28 novembre 2022.
Hawa est disponible sur Prime Video.