C'est la révélation de L'homme de nos vies, dont M6 diffuse ce soir les deux derniers épisodes. Aux côtés d'Odile Vuillemin, Héléna Noguerra et Elodie Frégé, la comédienne Flore Bonaventura, vue notamment dans Grand Hôtel et Commissaire Magellan, incarne Oriane, une infirmière qui a récemment hérité de la fortune de sa mère et qui se marie avec Amaury (Jonathan Zaccaï), un chirurgien qui semble bien sous tous rapports et correspond sans aucun doute à l'homme de ses rêves.
Mais ce qu'Oriane ignore, c'est que son mari est un manipulateur qui séduit les femmes dans le but de les escroquer. Et qu'elle n'est pas sa première victime. Ni sa dernière. Loin de là.
En seulement quelques scènes, Flore Bonaventura parvient à tirer son épingle du jeu, alors même qu'elle est pourtant le visage le moins connu du grand public parmi le quatuor féminin au cœur de ce thriller. Et ce malgré une filmographie déjà bien remplie.
Il faut dire qu'elle fait preuve d'une très belle justesse dans la peau de cette femme déjà hantée par un passé compliqué et qui voit sa vie complètement vaciller à cause de cet "inconnu" qu'elle a épousé. Sans savoir dans quel piège elle était en train de tomber.
"Je suis très fière de cette série et de ce rôle", confie Flore Bonaventura au sujet de L'homme de nos vies. "Il y a de très belles thématiques, comme la sororité, la solidarité entre femmes. Mais cela va au-delà de ça. Oriane est un très beau personnage que j'avais pleinement envie de défendre. C'était une proposition que je ne pouvais pas refuser. D'autant plus que je connaissais un peu le travail de Frédéric Berthe, le réalisateur. J'avais très envie de collaborer avec lui".
"Oriane évolue beaucoup au fil de la série", explique-t-elle lorsqu'on lui demande ce qui l'a touché dans sa partition. "Elle découvre le pouvoir qu’elle a en elle. Elle est très fragilisée par son histoire familiale, par la mort de sa mère d’une maladie psychiatrique, et cette fragilité fait qu’elle se laisse un peu driver dans sa vie par l’homme qu’elle choisit, qui est un peu plus âgé, un peu paternaliste. Et ce qui me plaisait c'était de passer de la fragilité à la force, et de transcender tout ça".
Même si la diffusion est en cours sur M6, la mise en ligne de la série en avant-première sur Salto cet été lui a permis d'avoir des retours sur sa prestation qui semblent la conforter dans l'idée que c'est un rôle qui compte : "J’ai reçu des témoignages de gens qui ont adoré la série et ont été très touchés par le personnage d’Oriane, à qui il arrive des misères. C’est un peu le phénix de la série. Elle se prend tout de plein fouet, elle est moins solide que les autres, et elle tombe de mille fois plus haut qu'elles. Mais elle s'en sort".
De Commissaire Magellan à Cédric Klapisch, il n'y a qu'un pas
Mise en lumière dès 2009, à l'âge de 21 ans, grâce à la série Commissaire Magellan, dans laquelle elle incarnait Juliette, la fille aînée du héros campé par Jacques Spiesser, Flore Bonaventura a toujours voulu devenir comédienne. "J’ai commencé le théâtre à 11 ans, et à partir de là j’ai su que je serais comédienne. J'ai tout fait pour le devenir".
"Ma participation à Commissaire Magellan, dans laquelle j'ai joué durant quatre ou cinq ans, ça a été hyper formateur. J’étais très jeune, et je retrouvais la même équipe, les mêmes techniciens à chaque épisode, c’était hyper bienveillant. J'ai appris tous les codes à ce moment-là. Et avec Jacques Spiesser on s’adorait. Il y a pire comme partenaire (rires)".
Celle qui cite Romy Schneider comme son modèle absolu qui lui a donné envie de faire ce métier poursuit avec des rôles dans Les Petits meurtres d'Agatha Christie, Mes deux amours avec Bernard Le Coq, ou encore Comme des frères d'Hugo Gélin au cinéma.
Mais c'est réellement l'année 2013 qui marque un tournant dans sa carrière, lorsqu'elle décroche le premier rôle de la série d'espionnage La Source pour France 2 et figure au casting de Casse-tête chinois de Cédric Klapisch. Une incursion dans l'univers de la trilogie L'Auberge espagnole qui lui vaut d'être prénommée au César, dans la catégorie Meilleur espoir féminin.
"Ça a été un gros démarrage", confie Flore Bonaventura, qui garde de très bons souvenirs de son aventure new-yorkaise avec Casse-tête chinois. "Ce film reste complètement ancré en moi car j’étais fan de L’Auberge espagnole, c’est totalement ma génération. Donc quand je me suis retrouvée à New York, face à Romain Duris et à toute l’équipe, je n’en croyais pas mes yeux. Et puis Cédric est un directeur d’acteur formidable, c'était une expérience incroyable".
Pleine de recul sur ce métier et sur sa carrière, l'interprète d'Oriane dans L'homme de nos vies avoue cependant qu'un heureux événement est venu, d'une certaine manière, mettre un frein à sa carrière. Même si elle ne regrette évidemment rien.
"Cette année reste à part à cause de La Source et de Casse-tête chinois, mais aussi parce que je suis tombée enceinte. J'ai eu la joie de devenir mère. C'était génial. Et en même temps ça a mis un frein à ma carrière alors que j’étais en train de "monter". Mais depuis quelque temps je sens qu’en ayant pris de l’âge on me propose des rôles différents et que c’est en train de repartir vers de beaux augures".
"Je suis très contente de vieillir"
Après sa grossesse, Flore Bonaventura continue son bout de chemin à la télévision comme au cinéma et s'illustre notamment dans Les Souvenirs, Paradise Beach, Roches Noires, Les Ombres de Lisieux, Le Premier oublié, La Promesse du feu et Sauver Lisa.
En 2020, on la retrouve au casting de la série de TF1 Grand Hôtel, adaptation moderne de la saga espagnole dans laquelle elle côtoie notamment Carole Bouquet, Victor Meutelet (Les Innocents) et Solène Hebert (Demain nous appartient). L'occasion pour elle d'être dirigée par Jérémy Minui, qu'elle connaît très bien et avec lequel elle vient de collaborer à nouveau le temps d'un double épisode de I3P avec Marc Lavoine.
"C’était super de retrouver Jérémy qui est un ami", nous raconte Flore Bonaventura au sujet de ce réalisateur à qui elle reste fidèle depuis des années. "I3P, c’est notre troisième projet ensemble, on se connaît depuis qu’on a 18 ans. Il était comédien à ses débuts et on a tourné ensemble une série qui s’appelait Mon père dort au grenier, qui était destinée à KD2A et est passée sur TV5 Monde. On s’est rencontré là et après on est devenu potes. Il m’a fait tourner dans ses courts métrages, et la suite on la connaît, on ne s’est jamais perdu de vue".
Destinée à devenir une série récurrente en cas de succès, Grand Hôtel déçoit côté audiences sur TF1 et s'arrête après une seule saison. Mais Flore Bonaventura, qui incarnait une femme de chambre qui se retrouvait au coeur de l'intrigue dans ce soap luxueux, ne paraît pas trop déçue par cet arrêt et est heureusement passée à autre chose depuis longtemps.
"Je ne sais pas trop ce qui s’est passé avec cette série pour être honnête, ça n’a pas pris autant que la chaîne l’espérait. Mais je ne l'ai pas vécu comme une déception, j'ai joué ce que j'avais à jouer, c'était une chouette aventure. Je crois que, pour être honnête, j'aurais préféré qu’il y ait une saison 2 de L’homme de nos vies par exemple, quitte à me lancer dans quelque chose de récurrent. C'était un tournage formidable. Et avec Odile, Héléna et Elodie on a tissé un vrai lien. On s’est rencontrées et ça a été immédiat".
Une belle aventure qui, sauf surprise, ne devrait pas avoir de suite puisque l'intrigue est bouclée au terme du quatrième épisode diffusé ce soir sur M6. Ce qui est certain c'est que Flore Bonaventura ne manque pas de projets et que ce personnage d'Oriane - un vrai rôle de premier plan comme elle n'en avait plus eu depuis quelques années - semble marquer un nouveau tournant pour cette comédienne de 34 ans qui se dit ravie d'accéder enfin à des rôles plus matures.
"Je viens de tourner Meurtres sur la Côte fleurie, avec Nicolas Gob et Marie-Christine Barrault. Le scénario est vraiment intéressant et j'adore Nicolas Gob, avec qui j'avais joué dans La Promesse du feu, donc j'étais ravie de le retrouver. Et j’ai aussi tourné Le Village des endormis, pour France 3 toujours, avec Lola Dewaere et Aurélien Wiik".
Un téléfilm policier qui, pour la première fois, lui permet d'explorer un registre inédit : "Dans cet unitaire avec Aurélien Wiik, je joue une maman pour la première fois", nous confie Flore Bonaventura, qui peine à cacher la joie que lui procurent les récentes propositions qui lui ont été faites.
"Je sens que j’ai pris un peu d’âge, ce qui dans l’absolu pourrait me déprimer (rires). Mais ça m’apporte une nouvelle ouverture pour des rôles. Car j'ai été pendant longtemps entre deux âges, d'une certaine manière. Cantonnée à des rôles d'ados. Aujourd’hui je ne peux plus trop jouer des femmes de 25 ans. Donc je suis très contente de vieillir (rires). Je sens qu'on me propose des projets de plus en plus intéressants".
Son rêve désormais ? "Jouer dans une fiction en costumes. Ou faire un biopic d’une chanteuse, car j’adore chanter. Jouer une rockstar, j’adorerais. Devoir s’identifier totalement à quelqu’un, copier sa gestuelle, c’est quelque chose qui me fascine".