Avec Atlanta, série très personnelle et au ton presque inidentifiable, Donald Glover a fait bouger les lignes dans l’histoire de la série télé. Elle embrasse différents genres en partant de la simple dramédie au début pour donner dans la comédie surréaliste, puis la comédie noire et enfin virer carrément à la satire. C’est aussi une série éminemment politique qui parle en sous-texte de la vie des Afro-Américains, ceux qui appartiennent à la classe moyenne et qui peinent à s’en sortir et dont la vie est perpétuellement mise en danger par une politique et une société qui en font des déclassés.
A l’occasion de la sortie de la saison 4, AlloCiné a discuté avec Donald Glover, créateur et interprète principal de la série dans le rôle d'Earn, les scénaristes Stephen Glover et Stefani Robinson, et l’actrice Zazie Beetz qui joue Van.
AlloCiné : C’est la dernière saison d’Atlanta. Que voulez-vous que le public retienne de cette série ?
Donald Glover : Cette dernière saison est explosive et tellement fun. C’est un mélange sulfureux de drame et d’action. La vie est trop courte pour ne pas en profiter pleinement, c’est ce que l’on peut retenir de notre série. Dans cette saison, nous en avons donc profité pour nous amuser et faire tout ce que nous voulions. Dans la vie, il faut toujours faire ce qui vous plait et ce qui vous rend heureux.
Stefani Robinson : Je pense que la série montre que l’on peut faire les bons choix dans la vie pour passer de bons moments et tout en étant conscience du monde qui nous entoure. Cette saison est encore plus ambitieuse que les précédentes dans le sens où nous continuons de prendre des risques. C’est ce qui nous a permis de survivre.
Je me souviens de notre première réunion avec Donald, pour l’écriture de la saison 1. Il nous a, dès le début, encouragé à aller au bout de nous-même. Il était convaincu que la série allait être annulée après cette première saison et donc il s’est totalement libéré, artistiquement et créativement, en pensant qu’il n’y aurait pas de lendemain… et qu’il vaut mieux vivre dans le moment présent.
Stephen Glover : Ce qui va rester de notre série, je pensen c’est tout ce que nous avons expérimenté comme trucs nouveaux et déjantés. J’espère que cela incitera d’autres artistes à en faire autant. Je suis d’accord avec Stefani quand elle parle de libération artistique parce que nous pensions ne pas avoir de lendemain. L’état d’esprit était vraiment : "On va foutre la merde !" C’est ce qui nous a réussi.
Donald Glover : C’est aussi une saison vraiment ancrée dans le réel. Nous rentrons au cœur de chaque personnage, beaucoup plus en profondeur pour mieux comprendre leurs choix et leurs décisions.
On dirait que l’on va mieux comprendre Van cette saison ?
Zazie Beetz : Effectivement et c’est sans doute parce que les scénaristes me connaissent aussi mieux sur le plan personnel. Cela leur permet de rentrer plus en profondeur dans l’écriture, de comprendre l’âme de Van. Elle est une sorte de miroir fantôme de qui je suis dans la vraie vie. Dans cette saison, Van exprime vraiment tout ce qu’elle a sur le cœur et elle est la plus explosive possible. Mais c’est quelqu’un qui reste en quête personnelle pour toujours, elle se cherche sans vraiment se trouver totalement.
Certains fans afro-américains ont critiqué la série en disant qu’elle est anti Noirs et surtout anti femme noires, que répondez-vous à ces attaques ?
Stephen Glover : C’est ridicule car la série est avant tout pour les Noirs. Je n’aime pas ce genre de remarque qui nous accuse d’être anti Noirs. De plus, je peux vous dire que quand je me ballade dans les rues d’Atlanta ou de Los Angeles, je ne croise que des Noirs qui adorent notre show. De même sur TikTok avec nos légions de fans qui soutiennent notre série. Moi, j’écoute toujours ce qui vient de la "rue" et non d’une minorité négative.
Donald Glover : En tant que Noir, je ne comprends pas bien ces voix minoritaires qui nous accusent de misogynoir (forme de misogynie envers les femmes noires dans laquelle la race et le genre jouent un rôle concomitant, ndlr), c’est insensé. Il y a même un fan qui nous accuse de transphobie alors que l’un de mes voisins qui est un homme trans adore le show. Mais bon, je suppose que tout le monde tente d’exister et de se montrer sur l’internet.
C’est facile de nous attaquer mais ce n’est pas juste, surtout après tous les défis auxquels nous avons fait front pour que cette série existe et continue d’exister. Dans tous les cas je respecte l’opinion de tout le monde, j’écoute tout ce qui est dit sur notre série et je tente d'en tirer les leçons. Cette série c’est vraiment pour les Noirs que nous sommes. Et je suis fier que le public blanc l’aime aussi. Cela prouve que l’on est tous humain au-delà de nos différences, avec les mêmes peines et joies, les mêmes angoisses et espoirs.
La saison 4 d’Atlanta est diffusée sur OCS à partir du 2 décembre