Mehran Karimi Nasseri, réfugié politique iranien qui a vécu plus de dix-huit ans à l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et a inspiré le réalisateur Steven Spielberg pour son film Le Terminal, y est décédé ce samedi.
Retrouvé sans vie dans le Terminal 2F de l'aéroport, les causes de son décès sont naturelles. Après avoir dépensé l’argent perçu pour le film, il était revenu depuis quelques semaines à l’aéroport. Plusieurs milliers d’euros ont été retrouvés sur lui.
Né en 1945 à Masjed Soleiman, dans la province iranienne du Khouzistan, il était parti de Téhéran pour Londres en 1974 à la recherche de sa mère naturelle. Il ne put rentrer en territoire britannique après s'être fait voler son passeport et son certificat de réfugié des Nations Unies, et fut déchu de sa nationalité dans les années 80, lorsqu'il revint an Iran. Débuta alors pour lui un long et chaotique voyage en Europe, qui le vit se faire expulser de chaque nouveau pays dans lequel il pensait s'installer, faute de papiers en règle.
Depuis 1988, ce SDF pas comme les autres, surnommé "Sir Alfred", s'était donc installé, avec l'autorisation des autorités, dans l'enceinte de l'aéroport Charles-de-Gaulle. Toujours sans papiers, il envisageait peu avant la sortie du film de partir pour le Canada, après avoir sorti sa biographie "The Terminal man", et touché une belle somme d'argent pour avoir inspiré le film de Steven Spielberg dans lequel Tom Hanks incarnait un personnage inspiré de son vécu.
En 1999, il avait obtenu le statut de réfugié en France, et un titre de séjour, mais avait refusé de signer ses papiers. Devenu une figure très familière avec le personnel de l'aéroport, il fut l'objet de nombreux reportages de radios et chaînes TV du monde entier, avant de connaître la consécration grâce au film de Spielberg. "A un moment donné, il donnait jusqu'à six interview par jour" rappelle la BBC.
Il avait d’abord quitté Roissy en 2006 pour un séjour en hôpital, puis en pension dans un hôtel où il vivait grâce à l’argent rapporté par le film. “Le film de Spielberg suggère qu’il était coincé dans une zone de transit à Paris - Charles-de-Gaulle. En réalité, il est toujours resté dans la zone publique, libre de ses déplacements” précise un responsable de l'aéroport.
En septembre dernier, après un séjour en maison de repos, il avait décidé de s'installer à nouveau à Roissy. "Niché sur son banc, entouré de chariots contenant les quelques biens qu’il avait amassés, il passait ses journées à écrire sa vie dans un carnet et à lire.”