A l'occasion du lancement de la saison 4 de "Breaking Bad" sur Orange cinémax, découvrez notre dossier spécial. Au programme: un bilan, une interview d'Aaron Paul et LA question polémique... - Dossier et interview réalisés par Philippe Guedj
Vince Gilligan le répète également : Breaking Bad est une série d’ambiance et son approche formelle est primordiale, parfois même plus que les dialogues. En bon adepte de Sergio Leone et d’Il était une fois dans l'Ouest (qu’il a fait visionner à tous les réalisateurs de Breaking Bad), Gilligan impose souvent de longues plages sans texte, où les sons orchestrent à eux seuls un crescendo, comme dans le mythique prologue d’Il était une fois… Dans certains pics de tension ou d’accès de folie des personnages de Breaking Bad, la musique se résume à un tapis sonore anxiogène, rumeur caverneuse indéfinissable et presque hypnotique. Les bidouillages sonores de Gilligan sur Breaking Bad s’accompagnent aussi de trouvailles graphiques à la limite de l’expérimental, de l’onirisme ou du cartoon.
Il était une fois dans l'Ouest dans l'Ouest
©Paramount Pictures
Dans la saison 2, certains épisodes débutent ainsi par une scène pré-générique récurrente mystérieuse, un puzzle pictural qui ne trouvera sa résolution que dans le dernier segment. Le procédé sera renouvelé, plus ponctuellement, dans les saisons 3 et 4. Tournée en 35 mm, la série use ainsi de plusieurs artifices visuels et joue en permanence avec les perspectives et les focales pour entériner l’absurde ou le comique de certaines situations. Beckett apprécierait certainement ces scènes d’attente dans la voiture de Mike (saison 4), ou toutes les séquences impliquant les deux tueurs mexicains aux trousses d’Heisenberg, anges de la mort mutiques et tirés à quatre épingles (saison 2).
La contre-plongée est souvent privilégiée sur les extérieurs, mettant au mieux en valeur, comme dans un western, la beauté sauvage du désert du Nouveau Mexique et son ciel bleu immaculé. L’ambiance subtilement étrange de Breaking Bad est soulignée par des cadrages toujours un peu bizarres, des gros plans frisant le psychédélique comme dans l’inoubliable "Fly" en saison 3. D’autres idées de mise en scène géniales alimentent un humour noir servant de soupape au spectateur, comme cet enchaînement cut, dans l’épisode 4.1, du plan d’un balais serpillière nettoyant une flaque de sang et celui d’une frite touillée dans du ketchup.
©AMC
Chaque épisode regorge ainsi d’idées de mise en scène qui placent sans conteste Breaking Bad dans le peloton de tête des séries les mieux réalisées en cours de diffusion.
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